Dans un de mes derniers articles, j’ai déjà évoqué la fermeture anticipée de la pêche en 1ère catégorie dans le département du Jura. À ce moment-là, j’étais partagé au point de ne pas me prononcer sur le fait que c’était une bonne décision ou pas.

Pour rappel sur l’historique de la situation, un arrêté préfectoral interdisant la pêche de façon temporaire dans les rivières de 1ère catégorie du Jura a été publié le 09 août. La semaine suivante, soit le 16 août, un nouvel arrêté préfectoral a été publié interdisant toutes activités aquatiques sur ces mêmes rivières du Jura. Voilà pour les textes.

Dans les faits, c’est un peu différent quand même. Pour parler de ce que je connais et dans l’idée d’éviter de dire des bêtises, je vais me focaliser sur la haute rivière d’Ain qui est totalement concernée par les deux arrêtés préfectoraux. Au réel, la pêche a été possible sur les parcours avals (à partir de Crotenay et en dessous jusqu’à Chatillon jusqu’au 20 juin par-là. La température de l’eau devenant beaucoup trop élevée par la suite (au-dessus de 19 degrés, la truite entre en stress hydrique). Les pêcheurs étant des gens de terrain pleinement conscients de la situation que subissaient les rivières, ils ont stoppé la pêche d’eux-mêmes à cette date sur ces linéaires. Il y a bien dû avoir un pêcheur ici ou là mais c’était négligeable tant la rivière était désertée en juillet (j’en suis le témoin par mes rondes régulières). L’amont restait praticable en particulier sur le haut du linéaire de Champagnole et sur Sirod. Ensuite, avec les semaines qui passaient et une météo inchangée, la situation s’est dégradée partout pour devenir intenable lors de la première semaine d’août. Mais une fois de plus, les pêcheurs, dans leur très grande majorité avaient conscience de la situation et ne pêchaient plus même sur les parcours amont de la rivière.

Finalement, un arrêté préfectoral est venu acter la fin de la pêche d’un point de vue de la loi au 9 août. Il a fallu attendre une semaine de plus pour stopper les activités de baignades et autre canoé. Arrêté publié durant un épisode de pluie qui a donné près de 72mm au cumulé. Autant dire que sur le terrain, il n’y a eu aucun effet puisque les conditions étaient totalement différentes (débit et température de l’eau). De plus, et cela est un fait réel de terrain, une fois l’épisode humide passé, les baigneurs étaient de nouveau présents aux mêmes endroits et il y avait régulièrement des canoés sur l’eau (propriétaire privé et non loueur). J’ai reçu des photos durant toute la fin du mois d’août et j’ai vu aussi de mes yeux des « contrevenants » à l’arrêté préfectoral. En revanche, je n’ai pas vu de pêcheur.

Tout ça pour dire qu’au final, la plupart des pêcheurs n’ont pas besoin d’un arrêté préfectoral leur interdisant la pêche lors de ces périodes sèches et caniculaires. Alors je suppose qu’il fallait néanmoins le mettre en place pour être crédible afin d’obtenir l’arrêté préfectoral sur les autres activités aquatiques. Mais comme je vous l’ai dit plus haut, les touristes encore là se sont baignés quand même et sincèrement, je pense que les gendarmes ont autre chose à faire que de venir verbaliser ou même faire de la pédagogie pour ce genre de situation. C’est très complexe finalement. D’autant plus que l’arrêté temporaire interdisant la pêche est devenu définitif (et ce sans concertation). C’est assez rageant car la pêche est tout à fait praticable depuis quelques jours sur la haute rivière d’Ain et ce même sur les parcours avals.

Après deux années de Covid où les débuts de saison ont été tronqués, voici une troisième année de pêche consécutive avec de nombreuses semaines de privation pour la plupart justifiées, certes, mais pas pour celles de septembre de mon point de vue. Pour résumer, et si je prends nos lots, la pêche n’était pas praticable du 20 juin jusqu’à l’épisode pluvieux du 14 au 19 août. L’arrêté couvre finalement 1 semaine sur cette période. C’est la réalité. Du coup, après le 20 août avec une rivière au débit 3 fois supérieur à celui de début août (où là la pêche était autorisée), nous n’avions pas le droit de pêcher. On voit là toutes les limites d’un arrêté préfectoral avec son temps de mise en application dans un tel contexte. Au final, il est à côté de la plaque.  

Personnellement, je suis plutôt agacé par la situation car je me suis abstenu de pêcher depuis le 20 juin sur nos lots et qu’avec les copains, on aurait bien ressorti les cannes pour passer quels bons moments ensemble à la pêche lors de ces derniers jours de la saison. On le fait d’ailleurs tous les ans chez nous…On stoppe bien souvent en plein été à cause des températures de l’eau trop chaudes et on recommence les dernières semaines…Sauf que là, c’est interdit par la loi. Je suis d’autant plus agacé quand je vois que dans le même temps des professionnels du canoé reprennent du service ou quand je vois que des pêches électriques d’inventaires sont organisées. Je me dis que le pêcheur de loisir est vraiment le dindon de la farce dans cette histoire.

Reprise de la navigation par les professionnels.

Pour la reprise de la navigation de loisir, cela ne me choque pas du tout puisque les conditions sont redevenues normales. Mais pourquoi les canoés et pas la pêche ? C’est nous les lanceurs d’alerte et on finit le cul tout rouge ! Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ne suis pas vraiment fan de l’auto-flagellation.

Pour les pêches électriques, je suis bien conscient que celles-ci ont un but scientifique mais cela reste une pêche avec de nombreuses manipulations du poisson. La pêche de loisir n’est pas plus nocive. Enfin, sauf si on casse la nuque des poissons bien entendu.

C’est aussi pour cette raison que Je suis encore plus agacé puisque notre AAPPMA a toujours fait les choses dans l’ordre. Cet arrêté d’interdiction de pêche a été mis en place pour protéger les milieux et leurs habitants, les truites sauvages en l’occurrence. Soit ! Quid de ces truites au mois de mars prochain où partout, sauf chez nous, les pêcheurs qui le souhaitent trouverons des linéaires pour casser des nuques de truites. C’est clair que ça valait le coup de ne pas pêcher en septembre afin de les protéger…Oui, parce qu’à ce jour, seule notre AAPPMA protège les truites sur 100% de son linéaire. De plus, notre AAPPMA communique depuis des années sur l’importance de la température de l’eau avec pour consigne écrite sur le livret fédéral de ne plus pêcher au-delà de 18 degrés. Nous tentons d’informer et d’éduquer sur ce nouveau paramètre à prendre en compte dans notre loisir afin d’avoir toujours un plus grand pourcentage de pêcheurs responsables. C’est pour toutes ces raisons que cela me fait mal d’être privé de pêche dès lors que les conditions redeviennent « normales » ou à minima « moins pires ».

Avant d’être acteur dans la protection de cette rivière si chère à mon cœur, je suis un pêcheur passionné et je l’assume. Mon envie de pêcher reste intacte et sincèrement, les conditions étaient réunies pour une reprise en septembre. Si j’étais partagé sur le bien-fondé de cet arrêté il y a encore quelques semaines, le fait que la pêche de loisir, au détriment du reste (exemple de la reprise des canoés) soit toujours impossible me fait penser que ce n’était pas une bonne décision d’autant plus que durant la période 1er juillet – 08 août (période où la pêche était autorisée), les conditions étaient bien pires que ce que l’on connait depuis mi-août (période où la pêche est interdite).

Je tiens à préciser que ces propos n’engagent que moi et non pas mon AAPPMA car je n’en ai pas parlé avec l’ensemble du bureau. Je suis également bien conscient que l’ensemble du personnel de la fédération et son C.A fait du mieux possible. Mais aujourd’hui, mon sentiment est que je suis en désaccord avec le déroulement des évènements. J’ai toujours pensé que la pêche n’était pas un problème lors de ces épisodes de sécheresse et j’en suis toujours convaincu.   

Il reste les souvenirs...