La première truite en sèche.
Par Nicolas39 le dimanche 16 mars 2025, 19:14 - Sortie de pêche - Lien permanent
On pourrait être amener à penser que le temps érode les émotions, que la répétition des actions identiques efface petit à petit l’envie. Pourtant, après bientôt 40 années à courir après les truites sauvages, il n’en est rien pour moi. C’est même tout le contraire.
Avec mon fils, nous avons pour habitude, que cela soit à la pêche ou à la chasse de prévenir l’autre immédiatement dès que le poisson a été capturé ou le gibier prélevé. Il faut bien trouver des avantages à ces maudits téléphones portables. Alors bien entendu, il y a l’envoie de photo mais aussi celui de vocaux dans notre cas. Plus qu’un message écrit, le son révèle sans artifice l’émotion dans la voix de son auteur qui plus est si le message arrive de suite après l’action à conter. On peut y ressentir à travers les tremblements, les pauses ou encore les hausses de ton l’intensité de l’action que l’un et l’autre venons de vivre sans être ensemble pour autant.
Si pour mon fils je sens bien que depuis 2 ans il y a beaucoup plus d’émotion dans sa voix lors de ses parties de chasse que ses coups de pêche, cela reste tout l’inverse pour moi. Bientôt 40 ans et ces poissons devenus aujourd’hui bien trop rares me donnent des émotions que je pouvais avoir lors de mes premières saisons. J’en suis le premier surpris.
J’ai eu le privilège de pouvoir aller à la pêche un peu tous les jours ces temps-ci. Pas de longues sessions, pas aux meilleurs horaires mais dès qu’une heure se libérait, j’étais au bord de l’eau. Il a fallu passer tout ce temps pour voir un unique gobage. Pas deux ou trois, non, un seul. Mais déjà, à la vision de ce museau qui perçait la surface de l’eau, après toutes ces heures de recherche, les appuis ne sont plus aussi sûrs et le palpitant s’accélère. C’est fou.
Quand je pense que lorsque j’étais adolescent, je pouvais faire 8 truites le samedi en sèche sous la neige de mars, et en refaire 8 le dimanche en prélevant la totalité. On stoppait à 8 car après on ne pouvait plus garder, donc aucun intérêt. Il y a encore dix ans, des conditions comme ce week-end avec une eau un poil tendue et une météo hivernale, c’était 5 à 6 poissons par sortie sur les olives qui sortaient en masse. Aujourd’hui, 1 gobage depuis l’ouverture me rend encore plus heureux. Certes, la rareté entretient ces émotions qui me prennent les tripes au bord de l’eau mais c’est avant tout la passion du sauvage.
Dans l’esprit de la plupart des gens du coin, le sauvage est représenté pas le lièvre, le chevreuil ou encore le lynx. Pour moi il l’est par ces truites farios. Je suis bien entendu rempli d’admiration pour ces mammifères qui vivent dans nos forêts jurassiennes mais ces truites, que nous seuls pêcheurs voyons, survivent dans des conditions tellement difficiles, avec des atteintes à leur milieu toujours plus importantes et létales que je suis à chaque fois totalement émerveillé lorsque qu’un tel être vivant vient visiter mon filet.
Ce fut le cas avec ce gobage repéré. Une passe-partout crème en hameçon de 14 nouée au bout de ma pointe en 0.165mm, un premier passage un peu court histoire d’éprouver la distance sans couvrir le poisson, un deuxième passage où mon artificielle a disparu dans un petit remous au milieu des gouttes de pluie. Le combat fut facile finalement avec ce fil de gros diamètre. Mais quel régal de voir cette truite magnifique dans mon épuisette. Dès la remise à l’eau effectuée, comme de tradition, j’ai sorti mon portable et envoyé mon vocal à Thibaut : « Je sais bien fils que toi maintenant c’est plutôt les bécasses et les sangliers, mais tu vois, ce poisson, la première en sèche de la saison, putain j’en tremble encore, c’est merveilleux…Tu as vu ces couleurs ? Cette tête ? Quel beau poisson. Je suis aux anges mon fils ! Tellement heureux !»
En 40 ans, j’en ai pris quelques-unes de truites. Mais sincèrement, et j’en suis le plus heureux, cette passion reste intacte dans mon intérieur. C’était une fois de plus comme une première fois !
Matériel utilisé :
➡️ Canne JMC Pure NGX 9' soie 5
➡️ Moulinet JMC Astral 46
➡️ Soie Orvis Pro Trout Smooth WF5
➡️ Bas de ligne réf BDLP-4-5 du Shop
➡️ Mouche Passe-Partout crème en H14
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