Un peu comme l’an passé, ce début de saison est régulièrement humide avec des variations constantes des niveaux d'eau. J’espère néanmoins que 2017 n’aura pas le même scénario cet été. Avec une canne à mouche, c’est bien compliqué de tirer son épingle du jeu sur la haute rivière d’Ain. Les truites étant très difficiles à repérer. Et pourtant, rien ne me fera changer de matériel, je préfère galérer canne en mouche en main. Nous avons avec Thibaut pris nos premières truites en nymphe à vue ces derniers jours. Entre deux petits coups d’eau, il était possible d’observer et donc de tenter des truites en bordure. Il faut malgré tout ne pas louper le coche, les occasions restent rares. Une fois de plus, une bonne connaissance des linéaires pêchés est un réel avantage. Cette connaissance issue des années passées sur la même rivière m’a permis de voir du poisson à chaque sortie. Au moins un en tous les cas. Mais souvent furtivement sans pouvoir le tenter. Après, j’avoue que j’ai été maladroit par moment. J’aurais pu prendre le double de truites que j’ai pris jusqu’à aujourd’hui. C’est ainsi, je vais tenter d’inverser la tendance dans les semaines à venir.

Samedi dernier, après un repas en famille le midi, j’ai voulu aller prendre l’air malgré la pluie glaciale qui tombait sur notre Jura. Un ciel gris, humide, une rivière d'Ain encore tendue et pas très claire, une journée de début de saison, tout cela me faisait espérer une éclosion sur les coups de 14-15h. Je me disais la même chose l’an passé sans que j’ai pu en être le témoin malheureusement. Mais comme je le dis souvent à mon fils, le meilleur moyen de prendre des truites reste d’être au bord de l’eau quoi qu’il arrive. Je suis donc parti plus dans l’idée de prendre l’air que de faire pêche finalement.

Une fois arrivé sur le linéaire choisi, je me suis rendu compte que la rivière est encore bien chargée en eau. Dans ces conditions, j’ai 4-5 coups très marqués que je connais parfaitement où j’ai toutes les chances de voir du poisson. Rien, absolument rien vu jusqu’au dernier. J’ai attendu 20 bonnes minutes sans bouger tout en observant ce qu'il se passait autour de moi, mais rien non plus ici. J’étais certain que ce n’était pas le bon jour. De plus, la pluie était vraiment très froide et je commençais à penser à mon fourneau bien au sec à la maison ! Je me suis donc décidé à partir non sans regarder le coup juste en aval. Là, un éclair derrière le buisson a trahi la présence d’un poisson qui venait de basculer en se nourrissant au fond. Ni une ni deux, je suis de suite retourné me mettre où j’étais sur le coup du haut. Bien m’en a pris puisque la truite remontait tranquillement en mangeant ce qu’elle trouvait sur les galets au fond de la rivière. A noter que le fond est encore très propre. Gammare dans la main gauche, j’étais plutôt serein. D’autant plus que cette truite se rapprochait de moi en même temps qu’elle remontait la berge. Le coup parfait. Facile, peut-être trop facile. Un petit coup d’arbalète, une petite dérive, une légère animation et la truite se soulève pour non pas ouvrir la gueule mais refuser ma bestiole et pour s’enfuir dans la foulée ! Moi qui la voyais déjà dans l’épuisette. La mauvaise série continuait. Aucune excuse, si elle n’a pas pris, c’est que j’ai mal pêché. On se reverra dans la saison, j’aurais une autre chance.

Le temps que tout cela se passe, des olives avaient commencé à sortir à la surface de l'eau pour dériver entre les gouttes de pluie. Hop ! Un gobage devant moi. La belle aubaine. Au premier bon passage, le poisson est venu prendre ma mouche sans sourciller. Ferrage ! La truite s’est de suite décrochée. Je dois vieillir, ce n’est pas possible de manquer autant de poisson ! Les mouches dérivaient de plus en plus. Je me suis donc rendu sur un endroit que je connais comme le plus sûr de la rivière pour voir des gobages. Effectivement, à mon arrivée, deux truites en activité. Une au ras d’un arbre mort. Mais vraiment tout près. Si près, que j’ai laissé ma mouche dans la branche. Un grand cru ce début de saison 2017, je vous le dis ! J’en rigole encore. Autant il y a encore quelques années j’aurais certainement sorti quelques noms d’oiseaux à mon encontre, autant maintenant, je m’en fou un peu voir complètement lorsque je foire un poisson.

Et puis, le destin ! Le Dieu de la pêche voyant que j’avais toutes les peines du monde à prendre une truite digne de ce nom, il a fait qu’une belle zébrée se mette à gober devant moi qui plus est en plein milieu de la rivière. Pas d’obstacle, rien. Si là je foirais le coup, fallait faire une pause, une grande pause pêche ! La truite gobait tout ce qui passait avec frénésie. Parfois même son dos sortait de l’eau pour encore mieux l’admirer. J’ai pris le temps d’apprécier ce spectacle qui s’offrait à moi. Je l’ai si peu vu l’an passé. Une petite passe-partout olive nouée au bout de ma pointe en 14 centièmes et au premier passage, la truite est venue engloutir mon imitation. Quel plaisir ! Quel bonheur ! J’étais à ce moment là sincèrement heureux. Seul sur la rivière, complètement trempé, frigorifié. Ce poisson m’a réchauffé le corps et l’esprit. Il n’en faut parfois pas plus à la pêche pour prendre du plaisir. Le temps d’une photo dans l’épuisette et j’ai regardé partir cette belle truite. Vivement les prochaines sorties…

36.JPG