Henri Persat étudie les ombres de la Haute rivière d'Ain.
Par Nicolas39 le mercredi 11 juin 2014, 11:00 - Gestion piscicole - Lien permanent
Une très bonne nouvelle...
C'est une très bonne nouvelle que celle-ci. Henry Persat du CNRS de Lyon est connu même au delà de nos frontières comme un des meilleurs spécialistes de l'ombre commun.
L'ombre est protégé par arrêté préfectoral sur la haute rivière d'Ain et d'autres rivières du Jura depuis pratiquement 20 ans. Ses effectifs ont chuté inexorablement. De nombreuses études ont été effectué depuis sans réels résultats au bout. Impossible de savoir pourquoi les populations malgré une interdiction complète des prélèvements n’augmentaient pas au fil des ans. La qualité de l'eau, les cormorans, magnifique bouc émissaire ou que sais-je encore étaient régulièrement avancé.
Henry Persat, par le biais de pêches électriques qui ont lieu en ce moment sur la rivière, va je l'espère, trouver la solution à ce mystère. Bien sur, ces pêches n'ont rien d'innocent. Il y a déjà de grosses suspicions et ces inventaires sont effectués dans le but d'apporter des preuves concrètes.
Les pêches ont lieu toute la semaine d'amont en aval, hier sur Syam, aujourd'hui sur Crotenay, demain plus en aval...J'ai assisté en partie à celle du jour. J'ai donc pu faire la connaissance de Mr Persat et ce fût un grand plaisir pour moi.
Pour être clair, et d'après tous les témoignages, les populations d'ombres sont plus importantes en aval de la rivière qu'en amont, ce qui était le contraire il y a quelques années encore. Plus d'ombres à Châtillon et à Mesnois qu'à Champagnole ou le Bourg de Sirod...Mais pourquoi ? Comment ? L’eau est nettement plus chaude, turbide, certainement encore plus polluée, les fonds plus colmatés, bref, d'apparence, c'est impossible et c'est pourtant bien réel.
Il y a une explication très simple en fait. L'ombre autochtone de notre rivière est de souche rhodanienne. Il se trouve que dans les années 80, il y a eu sur les linéaires des AAPPMA de la haute rivière d'Ain de très nombreux alevinages en ombrets. Quand je dis nombreux, je pèse mes mots. Malheureusement, les ombres réimplantés étaient eux de souche du Rhin. Il est fort à parier que cette souche a pris le dessus sur la souche autochtone du moins dans la partie haute de la rivière. Les témoignages concordes pour dire que l'aval de Pont du Navoy est encore peuplé d'ombres de souche, ces ombres gris bleutés avec de petits étendards. Rien à voir avec les ombres que l'on trouve sur Champagnole avec le ventre jaune et de gros étendards parfois rougeâtres.
Les pêches électriques et les prélèvements qui en suivront le prouveront certainement. On va mettre en lumière qu'une fois de plus, les alevinages peuvent êtres destructeurs, qu'un poisson de souche sait mieux s'adapter aux dysfonctionnements de sa rivière qu'un autre, bref, tout ce que l'on sait déjà en fait. L'homme croit bien faire alors qu'il multiplie les erreurs. Je ne blâme pas les pêcheurs de l'époque qui n’avaient pas de recul, ils croyaient bien faire, c'est évident. Mais quand j'entends l'AAPPMA de Morez cette année encore en A.G de fédération demander des alevinages sur ses parcours pourtant classés en réservoir biologique, je me dis qu'on marche sur la tête, que certains responsables de la pêche ont des œillères, qu'ils tentent de nous prouver que un plus un ne font plus deux...C'est hallucinant de continuer dans cette direction avec tous ces exemples qui tombent les uns après les autres !!!
Je vous tiendrais au courant s'il y a du nouveau sur ce sujet qui me tiens particulièrement à cœur comme à bon nombre d'amoureux de la haute rivière d'Ain et de ce poisson merveilleux qu'est l'ombre commun.
Henry Persat.
Premier passage en lançant au loin son immense électrode !
Merci à tout le personnel de la fédération de pêche du Jura également.
Commentaires
Il est impressionnant avec son lancer d'électrode ce Monsieur Persat. Et la passion qu'il voue à l'ombre…
Pour info, lors de ces pêches, la Saine à été mesuré à 18.4°C et l'Ain à Mesnois à 21°c !!
Salut Nico,
Je te lis régulièrement mais n'interviens pas généralement.
Je tenais à te remercier pour ton article sur l'ombre et Persat.
J'ai eu la chance de connaître l'Ain a une époque (pas si lointaine à mes yeux) où on pouvait pêcher l'ombre en aval de Blye.
Un peu plus "haut" (chez Yvonne) les coups du soirs étaient généreux...
A cette époque on pouvait bien voir que les poissons "d'en bas" (parcours cité) et "d'en haut" (Bourg de Sirod, la Saine) ne se ressemblaient que de loin.
En quelques années le bas fut dévasté, le haut tenait bon. Puis cela a été le revirement que tu expliques.
Lors de mes études d'hydrobiologie (et en génétique des populations) j'ai pu comprendre un peu mieux les impacts des modifications du milieu sur nos chers partenaires.
Si on rajoute à toutes les misères un soupçon de gestion pour le moins hasardeuse on arrive à la situation actuelle.
Je pense qu'un retour arrière - ou en tout cas une amélioration - est toujours possible mais au prix d'une volonté de tous les acteurs (en particulier ceux qui impactent le plus le milieu : monde agricole et industriel, communes et politique de l'eau...).
La gestion en matière halieutique doit également progresser mais je suis sur que tu portes la bonne parole !
Les retours d'études comme celles de Persat sont des mines d'informations pour ceux qui se donnent la peine de les consulter...
Encore merci pour tes articles.
Amicalement,