L'histoire de deux truites plutôt...

Le week-end était tout proche, mais l'emploi du temps familiale n'allait pas me laisser le temps d'aller à la rivière comme je l'aurais souhaité. Du coup, en ce vendredi matin de début Juin, je me suis octroyé une grosse matinée de pêche du petit jour jusqu'au alentours de midi. En connaissant bien son affaire, cela laisse amplement le temps de faire pêche et de profiter du calme de la rivière histoire de penser à autre chose qu'au quotidien.

J'avais le choix d'un parcours bien particulier. Au petit jour, la luminosité était médiocre et après 500 mètres de rivière parcourue, je ne sens pas du tout le coup. Comme un coup de fusil, j'ai choisi de rejoindre ma voiture sans avoir aperçu un seul poisson et donc encore moins décroché ma nymphe de l'accroche mouche.Parfois, il faut se fier à ses intuitions. J'ai peut-être loupé un grand moment de pêche sur ce parcours, mais c'est ainsi.

Après quelques minutes de voiture, je me retrouve sur un autre linéaire. Je retrouve des zones de haut fonds entrecoupées de gravières bordées de grandes lignées de saules. Le genre de parcours qui respirent la truite ! Le début de la prospection de ce nouveau parcours est malheureusement égal au précédent. Pas ou peu de truite vues. C'est très compliqué, pourtant, tous les compteurs sont au vert. Bonne météo, très peu d'air, niveau d'eau au top, clarté de l'eau au poil. Mais rien n'y fait.

Après quarante-cinq minutes à chercher, je me retrouve sur un coup que je connais bien pour y avoir pris ma première truite de plus de cinquante centimètres cette année. Une berge très haute avec en décalé une magnifique racine qui abrite à coup sûr quelques beaux spécimen. C'est un nuage trouble qui va attirer mon attention. Effectivement, contre la berge, l'eau est toute salie. Je cherche à mieux voir et c'est là que je vois sortir de ce nuage une très belle truite. Pour moi, aucun doute possible, elle passe les soixante centimètres. Elle doit se nourrir au ras de la berge par à-coups pour ensuite venir tourner devant la racine et recommencer son manège régulièrement. La berge à cet endroit est à plus de deux mètres au-dessus du niveau de la rivière. Il faut sortir le bas de ligne et un peu de soie pour lui poser la nymphe correctement. Alors que j'allais commencer mon geste de lancer, j'aperçois au loin un pêcheur venant dans ma direction le long de la berge. Du coup, j'ai voulu faire vite pour tenter de piquer le poisson avant qu'il ne soit à mon niveau. C'est toujours flippant ce genre de situation, j'ai souvent peur de tomber sur un pêcheur maladroit qui pourrait me faire fuir le poisson. Juste un faux lancer suffira. Ma nymphe, une cuivre montée sur un hameçon TMC en taille seize avec cinq tours de plomb, crève en toute discrétion la surface de l'eau. Par chance, la nymphe est pile sur la trajectoire du poisson, la rencontre est inévitable. Je ne vois pas la gueule de la truite s'ouvrir, mais celle-ci fait un arrêt. Sans me poser de question, je ferre de façon très autoritaire. Le poisson est piqué ! Comme je l'avais imaginé, elle prend l'aval pour aller rejoindre la racine, mais à ma grande surprise, elle ne tente pas d'aller dessous, elle combat en restant à côté. C'est ma chance ! Je saute non sans appréhension pour me retrouver sur les fesses dans la rivière rivière. La truite est toujours très vaillante, elle est cette fois-ci en plein eau. Elle utilise son poids et sa puissance dantesque pour tenter de rompre mon quatorze centièmes qui nous lie tous les deux. Mais en pleine eau, elle n'a que peu de chance de réussir. Le combat dur assez longtemps. Elle est revenue deux fois vers sa racine en tenant d'aller dessous cette fois-ci. Mais ses forces commençaient à l'abandonner, j'ai donc pu la maitriser jusqu'au terme du combat.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas admiré un poisson comme celui là. J'en tremblais presque. Elle était très fatiguée, je suis resté un petit moment dans un radier avec le poisson bien tranquille dans l'épuisette pour qu'il reprenne des forces. Quelle truite ! Splendide !

Après ce temps de repos dans une eau vive, j'ai fais quelques photos sans trop l'embêter non plus. Elle est repartie bien comme il faut. Une truite autour des 2.5 kilos. Un poisson très puissant.

Cette histoire aurait pu se terminer là, mais il faut que je vous conte la suite malgré tout. Quelques minutes plus tard et sur la berge opposée, j'ai aperçu une autre belle truite, de dix-douze centimètres de moins. Elle mangeait elle carrément sous la berge. Un simple coup d'arbalète allait suffire. J'avais pris soin de refaire mon nœud pour ne pas perdre ma cuivre...Au prix où elles sont, faut pas gâcher ;-) .

La truite bien plus claire mais tout aussi large est venue cueillir mon imitation comme si elle n'avait jamais vu une seule nymphe de la saison. Comme pour la précédente, il a fallu que je saute à l'eau pour le combat. Malgré sa taille plus petite, elle m'a mis une misère pas possible, par deux fois, elle a tenté d'aller se réfugier sous le saule à ma gauche. J'ai pu la ressortir la première fois, mais pas la deuxième !! Le fil a cassé ! Juste au dessus de mon nœud de pointe. Certainement un accroc fait en progressant sur la berge. Du coup, la truite est partie avec ma nymphe et trois mètres cinquante de pointe. J'étais frustré. Je me suis rapproché du fameux saule et j'ai vu mon fil dépasser. Je l'ai ramassé dans l'idée de ne pas le laisser trainer dans l'eau.  

A ma grande surprise et alors que je tirais dessus, j'ai vu ma truite encore au bout et se remettre à gesticuler !!! J'ai lâché ma canne, pris mon épuisette tout en tirant doucement sur le fil, incroyable, j'ai eu la truite en la finissant à la main. Chose qui ne mettait jamais arrivé à ce jour, c'était génial comme sensation ! J'ai pu ainsi récupérer ma nymphe, non mais ! 

Même après toutes ces années au bord de l'eau, cette passion me réserve régulièrement de nouvelles surprises, j'adore !

La bosse derrière la tête, qu'est ce c'est beau !

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Très costaud la mémère.

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Après m'avoir cassé, j'ai réussi à la blouser ;-)

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