Et bien soit, bon appétit !
Par Nicolas39 le jeudi 5 janvier 2023, 06:01 - Pensée personnelle - Lien permanent
J'ai appris suite à la lecture de l'ARP réglementant la pêche en eau douce dans le Jura qu'en 2023 le Black-Bass sera en no-kill dans tout le département. Je ne connais pas du tout ce poisson et encore moins ses effectifs sur notre territoire, mais de toutes évidences, c'est une bonne nouvelle pour les amateurs de ce poisson. Content pour vous.
Nos instances montrent là qu'il est possible d'interdire les prélèvements sur une espèce de poisson. Merci à elles.
Par conséquent, dans le Jura, on stoppe les prélèvements pour tenter d'offrir une pêche de meilleure qualité sur une espèce allochtone réintroduite et dans le même temps, on continue d'autoriser les prélèvements sur une espèce sauvage autochtone en total danger : la truite. J'avoue être perdu. Je ne remets pas en cause la règlementation black-bass, bien entendu, mais je suis perdu malgré tout.
C'est sans doute la dernière fois que je parle de ce sujet ici. Je ne vais pas me faire mal au ventre plus que de raison non plus. Sur le linéaire de notre AAPPMA, nous avons fait ce qu'il faut depuis des années. Que les voisins assument leurs décisions puisqu'à travers celles-ci, ils estiment que les truites sont assez nombreuses pour en autoriser un prélèvement journalier. La situation me fait sourire car les parcours no-kill sont mis très souvent en avant à travers diverses communications, mais la vérité est tout autre. Les chiffres ne trompent pas et c'est assez flagrant. Sur ce que j'estime être le dernier bassin (Champagnole et son amont) où les densités de truites sauvages restent correctes (malgré une baisse impressionnante ces dernières années), la majorité des parcours donneront le droit de prélever 2 truites par jour et par pêcheur en 2023. Malgré un dernier été catastrophique et une prédation d'oiseaux piscivores omniprésente depuis octobre.
Je le fais court. La rivière d'Ain possède 4 affluents principaux sur la zone Sirod-Syam-Champagnole.
- J'ai nommé la Saine, la Lemme, la Serpentine et l'Angillon. Soit plus de 70 kilomètres de rivière où il est possible de prélever. Aucun parcours no-kill.
- Sur la rivière d'Ain en amont des pertes et jusqu'à la source c'est environ 7 kilomètres de parcours où il est possible de prélever. Aucun parcours no-kill.
- Sur la rivière d'Ain en aval des pertes et jusqu'à la limite aval de Champagnole c'est environ 13 kilomètres de parcours où il est possible de prélever sur environ 57% du linéaire. 5.6 kilomètres en no-kill.
Sur la totalité de ce bassin, c'est seulement 6% du linéaire qui est en no-kill. C'est à dire rien ou presque quand on connait l'état des populations de truites sauvages.
De mon côté, et c'est pourquoi je vais arrêter de communiquer sur ce sujet, je suis sincèrement usé d'essayer de convaincre. Je vais même aller plus loin car en plus de passer pour un con en rabâchant la même chose depuis des lustres, je me prive depuis beaucoup trop d'années d'un plaisir simple. Je vais donc aller cette saison pêcher ces linéaires où je n'allais plus pour conserver quelques truites de temps à autres. Pourquoi diable continuer à aller acheter son poisson en pisciculture (qui est source de pollution pour la rivière) ou sur l'étalage du marché (avec des poissons donc la ressource n'est pas enviable à celle des truites sauvages) alors que finalement, d'après la grande majorité des décisionnaires, il reste assez de truites sauvages pour tout le monde.
Commentaires
Certaines décisions sont décidément assez incompréhensibles !!! Et cela commence à fatiguer, je te comprends.
Ici, en Isère, la réglementation concernant les no kills est assez étrange cette année. En gros, cela équivaut plus ou moins à leur disparition. Moins de 1% du domaine isérois était en no kill (on pouvait donc prélever sur les 99 restant !). Ce sera bientôt 0 à moins d'un revirement de dernière minute.
Adieu les no kills de la Gère, du Guiers... Alors bien sûr, cela doit en réjouir certains qui rabâchent à longueur de posts que ces parcours ne servent à rien, si ce n'est à avoir des gros poissons. Mais comme toi, je vais aller à la pêche et arrêter de me mettre la rate au court bouillon puisque tout semble aller au mieux.
Tout est dit ... De plus si l'on regarde un peu plus même la capture du brochet est aujourd'hui mieux réglementée dans le Jura que celle de la truite qui depuis des années est en déclin ... On continu de s'enfoncer dans le n'importe quoi
Ce pays court à sa perte dans tous les sens du termes....
Salut Nico,
Comme je te comprends, quelle tristesse.
En même temps, les français restent bien français, et ce sont toujours des luttes de clochers interminables et c’est d’autant plus désolant dans le monde de la pêche de loisirs.
D’un côté ceux d’une autre époque qui souhaitent toujours « rentabiliser » leurs cartes, qui pleurent à chaque augmentation bien que la France soit probablement le pays où la pêche de loisirs est la plus économique « au monde », et beaucoup d’instances nationale et fédérales (pas toutes heureusement !) qui font du clientélisme et rien d’autre. Ceux là accompagnés d’érudits effrayés par l’antispecisme, qui défendent le prélèvement sous le prétexte fallacieux que l’argument de la subsistance sera valable devant ces fous, et ces mêmes érudits qui critiquent à longueur d’articles étayés et scientifiques que le no-kill est une hérésie.
De l’autre côté, il y a les pêcheurs de loisirs sensibles, qui sans être des érudits ou des scientifiques comprennent en utilisant le sens commun qu’une ressource quelconque n’est pas inépuisable, et qu’à défaut de pouvoir la régénérer, il est d’un devoir commun de la protéger. Qu’une souche sauvage et autochtone doit être protégée avec un prélèvement égal à zéro, et qu’en même temps il est nécessaire d’œuvrer pour une meilleure protection du milieu aquatique et cela part tous les moyens ; direct si l’on peut manifester, participer à des actions de nettoyage, a des actions de réparation, ou même à des poursuites juridiques et pénales si l’on est détenteur d’un pouvoir local. Ou bien indirect comme la communication autour de soin, les articles et posts, la prise de cartes, le support financier d’actions si l’on a les moyens suffisants.
Pour ma part c’est un devoir citoyen de protéger la nature et surtout l’eau au sens large, les insectes et toute la chaîne alimentaire.
Bonne Année à toi
Pour moi il n'y a plus de problème après plus de 65 ans de pratique
très active j'ai rangé mas cannes à mouche , je ne supporte plus l'état de nos rivières et le laxisme général.
Je dis stop mais totalement écoeuré de l'évolution de cette société.
Franchement , on a l'impression que "The truite" ne représente plus le poisson " Roi de nos rivières"
Alors à quoi sert l'achat d'une carte de pêche pour enrichir une AAAPPMA qui n'en profite pas et une fédération qui ne suit pas les AAPPMMA , alors à quoi sert cet argent ??
J'ai honte de financer un tel projet réduit à zéro objectif !
Pourquoi payer une carte de pêche quand il y a aucune issue iobjective .
Je vais peut-être devenir un délinquant de la pêche NO KILL
Le Black Bass est un poisson qui peut mieux encaisser les pollutions, le réchauffement climatique et qui devient un poisson apprécié des pêcheurs.
C'est plus simple de mettre no-kill sur une espèce en expansion et de se voir par la suite couvert de louange que de mettre en no kill une espèce qui diminue d'année en année et qui ne montre le mauvais état de nos rivières donc mauvaises pub.
Pourtant comme pour le Black Bass on l'avait déjà fait pour l'ombre...
Bonjour,
A la lecture de votre article je ne peux pas m'empêcher de penser que vous vous trompez de combat. Le no-kill ne sauvera pas les truites et je pense que vous le savez très bien.
En revanche, le no-kill peut permettre d'améliorer la qualité de la pêche et en particulier pour ceux qui recherchent de beaux poissons.
Pourquoi ne pas utiliser les bons mots ? Pourquoi ne pas dire qu'au vu de la situation dans le Jura, l'extension des no-kill peut permettre aux pêcheurs de continuer à se faire plaisir ?
Aujourd'hui, le consensus auprès des scientifiques est clair: la règlementation pêche ne permet pas de préserver les poissons, de garantir leur pérennité dans le temps. Ce n'est pas le bon levier. En revanche, la règlementation peut permettre d'améliorer la qualité de la pêche.
Je trouve donc dommage au vu de votre notoriété que vous continuez à transmettre ce type d'argumentaire.
Jérémy
@Pascalg :
Bonjour
Pour l'Isère, je les ai contactés par téléphone, il m'a été répondu que c'était le préfet qui sous la pression des "animalistes" avait décidé de supprimer les parcours no-kil. Bon, peut-être; Du coup je leur ai envoyé un mail récapitulant tous les combats gagnés par les pêcheurs depuis le début du siècle : la nouvelle loi sur l'eau qui n'a rien apporté, les 100 MC de Ségo, les cormorans, les harles et maintenant les NK de l'Isère. Oh, wait, ils tous été perdus ! ( et j'en oublie sans doute)
@Jérémy : En aucun je dis que le no kill sauvera les truites ou pire encore que c'est une solution. Vous avez mal lu.
Je sais pertinemment que le no kill n'apporte rien en milieu fonctionnel si ce n'est des poissons plus gros comme je sais aussi que c'est totalement aberrant de continuer à prélever dans un milieu autant dysfonctionnel que le nôtre tant les mortalités et prélèvements sont importants à cause des pollutions, températures d'eau trop élevées, présence toujours plus importante des piscivores et j'en passe.
Je sais aussi que le travail sur la qualité de l'eau est le plus important bien entendu, merci. Comme je sais que je me bat depuis plus de 25 ans pour cela, que nos instances malgré des tonnes d'études empilées n'agissent pas. Chez nous, et malgré toujours plus de monde qui gravite autour des milieux aquatiques, la situation ne fait qu'empirer. L'eau est toujours plus pourrie et toujours plus chaude. C'est un fait. Cela ne changera pas, c'est utopique que de le croire.
Donc on peut ne rien faire et bouffer les dernières avant qu'elles ne soient tuées par les pollutions et le réchauffement ou on peut aussi actionner le seul levier et j'insiste qui peut faire durer un peu le plaisir pour assouvir notre passion sans aucun autre but.
J'avais écrit cet article à l'époque : http://www.nicolas39-peche-mouche.c...
Pour finir, notoriété ou pas (on reste dans le domaine de la pêche hein, faut pas abuser non plus), ce blog est un espace personnel. J'écris encore ce que je veux et ce que je pense être vrai vis à vis de mon parcours et de mes observations de terrain. Merci.
Si il n'y aurait pas de No Kill nous aurions surement nettement moins de poissons sur ces linéaires.
C'est pas la faute au climat ni aux pollutions ni aux piscivores car malheureusement il n'y a que l'être humain qui sait lire les pancartes et encore quand il est de bonne fois...
C'est seulement l'absence de prélèvement humain qui fait perdurer un peu plus longtemps l'espérance de vie des poissons .
Si vous lâchez 10 Nicolas pendant une année de pêche sur un secteur et qu'ils mangent tous leurs poissons, ils seraient capables de supprimer tous les poissons de taille.
Donc les no kill ne font que ralentir l'agonie de nos poissons et non repeupler nos rivières!
Bonjour
eh bien à lire la fin de ton article tu donnes l'impression de t'être privé voir sacrifié depuis des années en pratiquant le no-kill.
Personnellement je préfère le terme catch and release .
Dans la pèche tel que je la ressent et la pratique il y a la joie de la capture mais aussi le plaisir d'admirer et relacher son poisson.
Comment peut tu envisager de tuer un poisson pour le voir quelques minutes après blanchir , les yeux vitreux ...
Le C&R ne sauvera pas les populations de poissons mais je suis persuadé qu'il rend respectueux de son environnement celui qui le pratique
Halieutiquement
Stéphane