De retour avec ma catégorie préférée de ce blog, l'interview ! Je reçois aujourd'hui un jeune pêcheur passionné de pêche à la mouche autant que des milieux aquatiques. Alexis Dupuis est parti il y a peu en Nouvelle-Zélande, le pays des rêves. Suite à ce voyage, j'ai eu des discussions avec lui sur ce que l'on pourrait nommer "l'envers du décor". J'ai souhaité mettre tout cela par écrit à l'aide d'une interview que vous allez découvrir ci-dessous. Merci à Alexis pour ce retour d'expérience qui apporte un peu plus que les nombreuses vidéos sur le net où ce pays représente uniquement le paradis du moucheur. Pour les photos, n'hésitez pas à cliquer dessus pour les mettre plein écran, ceci est d'ailleurs valable pour tous les articles.

 

Nicolas : Bonjour Alexis. Très heureux de te recevoir sur mon blog. Peux-tu s’il te plait te présenter ?

Alexis : Bonjour Nicolas. Très heureux également de répondre à tes questions. En bref, j’ai 23 ans, j’habite le plus beau département de France à savoir la Drôme (petit clin d’œil aux animaux qui vivent de l’autre côté du Rhône…) et j’ai réalisé mes études dans le monde passionnant de l’hydrobiologie. Pêchant à la mouche depuis 7 ans, je suis passé il y a peu du côté que je pensais « obscur » de la pêche en m’initiant à la pêche aux appâts naturels et aux leurres. Cela me permet ainsi de pêcher toute l’année par n’importe quel temps, ce n’est pas plus mal au final ! :-)

Nicolas : Si je te reçois ici, c’est pour parler de ton dernier voyage à l’étranger. Tu as choisi la Nouvelle-Zélande. Pourquoi ce choix ?

Alexis : En effet, j’ai choisi le pays du grand nuage blanc comme dirait le vendeur de crevettes de Tenay. Par le biais de mes études et de mes jobs précédents, j’ai pu me rendre compte que le monde de la pêche fait beaucoup parler sans vivre pour autant d’agissements concrets, les belles paroles que l’on connaît tant quoi… Alors j’avais besoin de temps et de solitude pour réfléchir à une branche qui serait plus prometteuse dans le futur, ou en tout cas, plus impactante sur les politiques. Toujours en lien direct avec le monde de la pêche, je pense que l’agriculture va vivre prochainement de grands changements, mais ça c’est un autre débat. Ni une ni deux, à force de regarder en boucle ces vidéos de grosses truites gober dans des eaux limpides, le choix du lieu d’évasion fut vite fait, la date du retour était quant à elle incertaine !

De quoi réfléchir sereinement...

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Nicolas : Au départ, tu n’avais pas réellement en tête une date de retour. En fait, pour être précis, quand es-tu parti et qu’avais-tu en à l’esprit au niveau « timing » du voyage ?

Alexis : Je n’avais pas vraiment de date de retour en tête car je ne savais pas du tout combien de temps cette sorte de remise en question allait me prendre. J’ai donc pris mon billet aller pour le 10 janvier 2016 et j’ai payé le billet retour sans pour autant fixer de date. Au final, j’avais carte blanche pour le timing du séjour, c’était plutôt cool.

Nicolas : Une telle aventure se prépare minutieusement ou es-tu  parti totalement à l’aventure en pensant au jour le jour ?

Alexis : J’en rigole encore quand je lis ta question, je me suis attiré les foudres de mes parents à ce sujet ! J’ai mis de côté un petit pactole d’étudiant (donc de quoi bouffer des pâtes et du riz pendant un moment, la base !), prévu d’acheter un van me permettant de naviguer au gré du vent, pris mon visa jeune voyage/travail et une assurance en cas de besoin. Mon organisation pouvait se résumer à cela… :-)  On prévoit tellement de choses dans la vie pour avoir des déconvenues au final, que j’ai préféré m’offrir cette liberté, et bien m’en a pris.

Liberté en effet

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Nicolas : Sur la durée, tu as pu te rendre compte de pas mal de choses. Comment sont les néozélandais de manière générale ?

Alexis : On m’avait parlé de l’accueil magique des néozed, j’ai écouté et pris note de ce fait, mais au final on se prend une grande baffe dans la figure quand on le vit, je pense que ça sera un de mes plus beaux souvenirs. Un exemple qui résume un peu tout : je vois une rivière sympa en bord de route avec de jolies fario qui rôdent. Pour ne pas gêner à l’entrée d’un chemin je vais demander à la ferme voisine la permission de me garer à cet endroit. La fermière me salue, on papote un peu, elle me dit d’amener mon van dans la cour pour ne pas se le faire abimer en bord de route. Elle m’a demandé si je relâchais mes poissons, j’ai bien sûr acquiescé. Trois heures après je reviens avec des photos de poissons entre 1 et 2.5kg remis à l’eau, un sourire de sa part me fait comprendre que je suis le bienvenu sur leurs terres. La suite de la conversation c’est celle-là : « C’est très plaisant de voir votre respect des poissons. Ici la source descend de la montagne tu peux te servir comme tu veux. Tu peux rentrer par cette porte de la maison, il y a le WC et la douche dont tu peux te servir sans gènes. Ce soir mon mari n’est pas là mais demain tu viendras boire l’apéro et manger avec nous ». Je vais préciser une chose connaissant certains loustics lisant tes interviews, non je ne me suis pas tapé cette gentille fermière ! :-)  En gros, on est loin de l’accueil au fusil de nos chers paysous français !

La rivière de la ferme

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Nicolas : Et les pêcheurs du pays, sympathiques aussi ? Tu t’es lié d’amitié avec un moucheur célèbre de l'île du Sud avec qui tu as travaillé et donc pêché. Parles-nous de Stu ? De sa vision de la pêche ?  

Alexis : Les pêcheurs en NZ sont en grande majorité des moucheurs, il y a bien plus de femmes pêcheuses qu’en France, et je n’ai rencontrés que des personnes avenantes, de bons conseils, et toutes aussi humbles les unes que les autres, le top !

Stu, maître Stu, je ne sais pas par où commencer. J’ai eu la chance de bosser dans son flyshop contre l’hébergement qu’il m’offrait. Son magasin est petit par la taille mais grand par sa renommée et sa philosophie. On pourrait se demander comment cet écossais tatoué et un peu déjanté a réussi à se hisser parmi les plus grands ; en tout cas pour moi il fait partie des plus grands. Sa vision de la vie, son humilité et sa gentillesse n’ont d’équivalents que son sourire omniprésent et sa chienne Trigger aussi folle que lui. En plus d’avoir mis au point une sacrée collection de mouches, d’être un guide très qualifié notamment en casting, il a une vision de la pêche bien différente des autres pêcheurs. Il va plus être flatté de prendre une mini truite dans un tout petit lac aux States qu’un monstre de chez lui. Je vous invite à liker ses pages Facebook « Stu’s Fly Shop » et « Stu’s Superior Flies » et à vous abonner à sa newletter, c’est juste un régal à lire ! Je ne le remercierais jamais assez pour le mois d’avril que j’ai passé chez lui, un mois qui restera gravé dans ma mémoire de Vimp (ce n’est pas trop un compliment si on le traduit mais c’était mon surnom)…

Le maître à l'oeuvre

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Nicolas : Le tourisme pêche est très développé là-bas. On le ressent vraiment ou c’est une idée reçue ?

Alexis : Le tourisme en général est déjà vraiment massif en NZ, c’est assez impressionnant. Mais j’ai trouvé que la pêche prend une grande part dans le mode de vie des locaux. J’y ai rencontré des pêcheurs essentiellement néozed, mais aussi australiens, américains, anglais, espagnols, et pas mal de frenchies. Cocorico ! La communication faite à propos de la pêche est massive, et surtout mondiale. Les vidéos de grosses truites péchées à vue en eaux limpides sont dans le podium des recherches halieutiques sur Youtube ou Vimeo, ce n’est pas anodin je pense.

Comment ne pas vouloir pêcher ici ?

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Nicolas : Comment résumerais-tu ton expérience côté pêche dans ce pays ?

Alexis : Côté pêche c’est juste un autre monde par rapport à la France. J’y suis allé pour pêcher à vue donc j’ai seulement pratiqué des rivières claires. Voir ces poissons, d’une taille moyenne bien supérieure qu’en France, qui évoluent dans un environnement si vaste mais parfois encombré, si calme mais souvent perturbé (le vent c’est la bête noire du flyfisherman), est une récompense. Ils se méritent, oubliez les vidéos de poissons qui font 10m latéralement pour ramasser une cigale de 10cm, ça se sont les vidéos de guides, je dis ça… Il y a toujours des poissons faciles comme de partout, mais les beaux spécimens ne sont pas simples à prendre. C’est un paradis de la pêche à vue sur cette planète, c’est indéniable !

Des eaux claires à souhait

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Nicolas : Est-ce que tout est merveilleux comme on peut le voir dans les nombreuses vidéos qui poussent sur le net chaque jour.  J’aimerais un retour objectif sur ton expérience et l’ensemble des cours d’eau que tu as pu visiter. J’entends par-là population de truites mais aussi qualité des rivières.

Alexis : On va dire qu’il y a du bon et du moins bon, comme de partout. On peut pêcher des rivières à poissons trophées pour voir un individu tous les 500m comme trouver les zones de reproduction où des poissons de 40cm maxi abondent. Chacun peut y trouver son compte. Il n’y a pas vraiment de génétique propre à la NZ car toutes les truites sont issues des anciens alevinages, en gros on ne va pas trouver un phénotype particulier de poisson par bassin versant comme chez nous (Ain, Pyrénées…). En ce qui concerne la qualité des rivières, c’est là le plus gros point noir de mon séjour je pense. On peut passer d’une rivière idyllique avec un cadre envoutant (souvent montagneux donc épargné par les activités anthropiques) à un cours d’eau complètement pourri en peu de distance à vol d’oiseau.

Nicolas : A quoi est dû d’après toi le mauvais état de certaines rivières ? Comment cela se matérialise sur « l’aspect » des rivières touchées ?

Alexis : Il est clair que l’agriculture a une part importante dans la dégradation des milieux aquatiques du pays (cours d’eau et zones humides), ce n’est pas un scoop c’est sûr, chez nous c’est pareil. Mais là-bas c’est façon USA, on emploie les grands moyens… Tout ce que je vais citer n’a pas pu échapper aux pêcheurs qui sont allés dans ce pays. En premier lieu je dirais les arrosages massifs ; les rivières au débit extrêmement bas voire nul sont de plus en plus nombreuses tout comme les canaux d’irrigations qui voient le jour pour palier à la demande croissante en eau. Ensuite les développements algaux sont parfois massifs, surtout en présence de leur « Didymo », Didymosphenia geminata, qui engendre un vrai désastre écologique.

On observe un début de développement de Didymo en dessus du poisson

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Nicolas : La Nouvelle-Zélande est un très gros exportateur de viande d’agneau, voir le numéro un mondial. Cela a forcément un prix sur l’environnement. Quel est ton sentiment et ta vision des choses sur ce fait ? Je suppose qu’il faut de très grands pâturages pour nourrir tout ça et donc de l’herbe en quantité.

Alexis : J’ai parlé dernièrement avec un proche de cela, qui m’a annoncé que l’agneau d’une grande enseigne française provenait de NZ et était deux fois moins cher que l’agneau français. Quand on a une politique de vente tournée vers l’international, je ne pense pas qu’il soit question d’élevages à petite échelle. Et intensif ne rime pas très souvent avec respect de l’environnement et des populations… C’est le cas de la production de viande ovine en NZ. Lorsque l’on est aux endroits propices à l’élevage ovin, il y a des taches blanches de partout à l’horizon !

Nicolas : S’il n’y avait que les agneaux. Tu m’as parlé d’immenses exploitations de vaches laitières également.  Peux-tu nous faire un retour sur ce sujet s’il te plait ?

Alexis : Oui, la production laitière est vraiment considérable. Ils ont un slogan, « Dairy for life », qui équivaut à notre cher « Les produits laitiers sont nos amis pour la vie » ; qui fait partie de leur grosse campagne de consommation de leurs produits laitiers. Les exploitations de 1500 vaches ne sont pas anodines d’après une discussion que j’ai partagée avec un fermier. Vous l’aurez compris, là aussi, pas de place pour l’extensif…

Exemple typique d'un arrosage de pâturages

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Nicolas : On devine aisément que tous ces élevages ont un impact non négligeable sur l’environnement et donc la qualité de l’eau des rivières. Traitement de l’herbe, arrosages intensifs, etc…Tu confirmes ?

Alexis : Yes ! Ce qui va suivre n’engage que ma réflexion pour laquelle je me suis basé sur des faits observés, et je ne demande à personne d’y croire, chacun fait comme bon lui semble. Comme je l’ai dit plus haut, les élevages ovins ou bovins sont d’une telle envergure qu’il faut d’énormes parcelles pour que les bêtes puissent pâturer. Les prairies naturelles ne supportant pas cette pression, un gentil petit herbicide permet de tout raser à blanc pour repartir sur une bonne base… On vient ensuite y planter un petit OGM, qui, résistant à ce produit phyto, poussera. Ces nouvelles prairies ont sans doute dues être étudiées pour pousser et être vertes si elles sont arrosées donc les canaux d’irrigation et les arrosages massifs ne sont pas anodins. J’ai noté que lorsque ce schéma se situait en bordure de cours d’eau, le bon état visuel de ces derniers était altéré. Est-ce que ces pratiques sont à l’origine des dégradations observées ? Rien de sûr, c’est un peu rapide à dire, mais ça ne m’étonnerait guère !

Les jeunes pousses au milieu de l'ancienne prairie naturelle

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Nicolas : Si l’on ajoute à cela les campagnes d’empoisonnement parfois en hélicoptère pour tenter d’anéantir les rats et autres opossums, le tableau n’est pas si joli que ça au final.

Alexis : Le pesticide le plus utilisé pour tenter d’éradiquer les opossums est le 1080, ou fluoroacétate de sodium. Il est épandu localement par hélicoptère ou manuellement. Sauf que si un pesticide était sélectif, ça se saurait… Alors les rats et autres souris y passent aussi sans grande surprise ; ce qui donne des idées pour la suite de la chaîne alimentaire, qui ne s’arrête pas aux rongeurs ! J’ai lu ça et là que certains cas de décès de cerfs ont été observés suite à cette utilisation, à vérifier. Toujours est-il que ça doit refroidir les touristes qui peuvent voir ces hommes en combinaison blanche…

Nicolas : Est-ce que tu t’es senti seul à voir le côté noir du tableau ou as-tu ressenti chez les néozélandais ou d’autres personnes le même sentiment ?

Alexis : Au début je me suis dit : « Nom de dieu tu es vraiment un punk à chiens écolo ! » (parait que c’est à la mode cette expression à l’approche des élections !), je voyais un peu l’envers du décor dès que je posais les yeux sur des actes qui peuvent sembler anodins au premier abord. Et puis à force de discuter, je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul à voir ces choses-là, y compris des gens non-initiés à la préservation de l’environnement étaient outrés. Un peu rassuré j’ai fait des recherches, et là j’ai réalisé que de nombreuses personnes s’opposaient à la gestion un peu bancale en place en NZ. Plusieurs collectifs tentent de se faire entendre pour interdire le 1080, comme il l’a été dans bien d’autres pays suite à sa nocivité démontrée… Je suis plusieurs pages Facebook à ce sujet et c’est franchement intéressant, tout en étant instructif. Lieux différents, combats similaires.

Nicolas : Quand on pense que la réputation des grosses truites de Nouvelle-Zélande est basée en autres sur le fait qu’elles mangent des souris pour prendre des kilos. Si ces souris sont empoissonnées…   

Alexis : Il est vrai que certaines années sont propices aux migrations de souris qui colonisent de nouvelles contrées en traversant les rivières. Les grosses truites de NZ en raffolent et prennent très rapidement du poids. C’est souvent sur ces rivières que l’on trouve des truites trophées, qui, en somme, ont bien profité du festin. La détection du 1080 dans leurs chairs a été faite. D’après les autorités ce n’est problématique qu’à partir d’un certain seuil, qui n’est atteint qu’en laboratoire expérimental. En entendant cela, j’avoue que mon sourire commence à se deviner et je pars personnellement du principe que je suis déjà bien assez atteint pour ne pas vouloir me prendre une dose de plus, même infime soit elle… :-)

Visiblement, je ne suis pas le seul à être atteint !

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Nicolas : Penses-tu qu’il y aura une prise conscience qui plus est dans un pays où le tourisme pêche est à plein régime. On peut pêcher la truite toute l’année avec une gestion cohérente. Bref, tout est fait pour la pêche, mais si on dégrade de l’autre côté du miroir, ça risque de ne pas durer longtemps.

Alexis : La NZ a un potentiel halieutique qui est juste énorme ! Je n’ose pas imaginer la qualité de pêche il y a 20 ans, date à laquelle toutes ces atteintes aux milieux aquatiques n’étaient pas encore présentes. Les instances de la pêche de ce pays sont vraiment avant-gardistes par rapport à nous avec des mailles et quotas adaptés au fonctionnement de leurs rivières. Ils ont compris qu’en protégeant les géniteurs ils s’offraient un potentiel génétique considérable pour les années futures ; nous on est loin d’en arriver là ! Depuis l’arrivée du « Dairy Farming » les rivières souffrent, énormément par endroit, les scientifiques tirent les sonnettes d’alarme mais rien n’est en cours d’amélioration de ce côté, c’est vraiment navrant. Ça fait bizarre d’arriver sur des rivières sèches alors que tu es venu pour balancer quelques mouches…

Une rivière que je comptais pêcher...

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Nicolas : On a bien compris que tout n’était pas rose. Mais malgré tout, tu as forcément de nombreux très bons souvenirs au bord de l’eau. Pour une note plus joyeuse, racontes-nous un de tes plus beaux moments avec une truite néozélandaise.

Alexis : La réussite de la pêche est pour moi un fait à voir dans sa globalité, donc j’ai été profondément choqué par moments. Mais bien entendu il n’y avait pas que ça, fort heureusement. Je reviens avec plein de souvenirs personnels, mais les plaisirs partagés entre amis restent pour moi primordiaux. Alors je vais plutôt parler d’une certaine rivière à grosses truites que j’ai péchée avec mon pote Thomas (lui aussi est bien atteint, c’est sans doute pour cela qu’on péchait ensemble !). On a passé 3 jours à attaquer des poissons qui connaissaient toutes les marques de cannes. On s’est pris des refus d’anthologie. Pas moyen de ferrer un seul de ces maudits poissons, notamment parce qu’ils étaient sur un stade d’évolution de la nymphe de trichoptère bien particulier. Nous étions littéralement harcelés par les sanflies (petite mouche mordeuse qui peut potentiellement faire perdre la raison à n’importe quel être humain) du matin jusqu’au soir, à l’intérieur et hors du van. Au bout de 2 jours de traque infructueuse nous étions un tantinet dépités, mais la vision de ces monstres nous forçait à marcher et retenter notre chance avec le poisson suivant. Le troisième et dernier jour, après d’autres refus sataniques pour l’esprit, on est tombé sur un poisson de l’espace. Ce poisson tournait autour des 90cm sans exagérer et il était actif à proximité de la surface, on savait ce qu’il croquait. Thomas a tenté plusieurs fois sa chance sans réel résultat avant de changer de mouche. Il a fait un ultime passage qui était bon, pas de réaction du poisson. Ah si en fait ! Le monstre se tourne et vient engloutir sa nymphe pas loin de 2m derrière sa position initiale. Dois-je vous décrire le choc émotionnel qui nous envahit tous à ce moment précis ? Je pense que nous vivons tous ça. Et là…je ne sais par où commencer...cet abruti de Thomas (il n’y a pas d’autre mot, honnêtement !), je disais donc…cet abruti de Thomas qui bricole je ne sais quoi au ferrage. Comme un débutant, ce mec a arraché les 10m de sa ligne posés sur l’eau comme s’il en avait 40. Même s’il avait été bon, il était en 14/100 pour attaquer un poisson qui avoisinait les 10kg. Non mais allô quoi ! Thomas !! Heureusement qu’il n’y avait que des pierres de 20cm à portée de mains car je me suis juré que j’allais lui balancer des cailloux sur la tête. On s’est assis, on a gueulé autant que l’on pouvait et ensuite on l’a mise en sourdine un moment comme pour essayer de faire redescendre cette horrible frustration. Ce moment…cet instant précis, je sais qu’il sera gravé dans ma mémoire à jamais, pas besoin de vidéo pour cela.

Voilà l'engin !

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Nicolas : Tu n’es donc pas resté aussi longtemps que ça. La nourriture t’as fait fuir ou bien ? ;-)  

Alexis : Après mon trip pêche et mon super séjour chez Stu, j’ai eu une proposition de travail en France. L’hiver approchant en NZ et ne savant pas trop quoi faire à part compter les frayères, j’ai décidé de rentrer en France au moins de mai. Je pensais déjà aux gueuletons que j’allais faire en rentrant, ma famille était prévenue que la semaine de mon retour serait gastronomique. J’ai mangé correctement seulement chez Stu car c’est un excellent chef cuisto. En dehors de ça j’ai vraiment été en manque de bonne bouffe et de traditions culinaires. Là non plus je n’étais pas le seul à penser cela ! Connaissant tes attirances musclées pour la nourriture je pense que tu aurais beaucoup de mal là-bas également Nico… :-)

Vin, fromage et chocolat, histoire de tenir le coup

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Nicolas : Penses-tu malgré une expérience globale mitigée que tu retourneras là-bas et pour quelles raisons ?

Alexis : C’est sûr même ! Peut-être pas tout de suite, mais j’y retournerais. Pour me mesurer aux poissons qui m’ont tenu en échec, voir si la situation a évolué (positivement je l’espère), revoir les personnes extraordinaires que j’ai pu rencontrer, et voyager. Voyager tout simplement, car c’est tellement enrichissant et prenant. Une fois qu’on y a gouté je ne pense pas que l’on puisse s’arrêter…

Un poisson "presque trophée" qui m'a tenu en échec, à qui je rendrais visite à nouveau à la ferme

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Nicolas : Merci Alexis pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. Certains que tes réponses intéresseront un grand nombre de mes lecteurs.

Alexis : Merci à toi ! Ce fut un plaisir d’apporter un petit retour, qui, je l’espère, donnera des idées à tes lecteurs pour un futur voyage à l’autre bout du monde. Je devrais me mettre au montage des vidéos du voyage cet hiver, on verra bien ce que ça va donner ! J Etant très bavard, j’ose penser que certaines personnes sont arrivées au bout de ces lignes ! A bientôt au bord de ta rivière Nicolas.

Ma rivière coup de coeur

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