J’ai vraiment très envie de retrouver les berges de la haute rivière d’Ain avec ma canne à mouche entre les mains. La situation sanitaire que nous vivons depuis un an en est certainement responsable, mais je crois en avoir encore plus envie que toutes ces dernières années. Mes balades automnales et hivernales ne m’ont pas rassasié cette année comme cela pouvait être le cas auparavant. Je suis, en plus d’être un amoureux inconditionnel du monde rivière, un pêcheur. En tant que tel, je suis impatient de renouer avec toutes ces sensations qui renaissent en moi lorsque je foule mes linéaires préférés dans l'idée de capturer une truite. Tous ces moments d’observations, d’affûts, de rêveries et de lâcher-prise me manquent terriblement. Je sais que je vais retrouver une rivière pas au mieux de sa forme avec une densité de truites sauvages au plus bas, mais sincèrement, là, maintenant, tout de suite, je n’ai pas envie d’y penser. Non, j’ai avant tout vraiment très envie d’aller à la pêche sans penser à autre chose.

J’ai vraiment très envie de sentir de nouveau toutes ces odeurs printanières qui accompagnent les premières semaines de la saison de pêche. Être au plus près de la nature lorsqu’elle va se réveiller de toutes parts en profitant en tant que témoin privilégié de toutes ses richesses. Je suis déjà émerveillé à l’idée d’entendre comme tous les ans le coucou pour la première fois. Peut-être que cette année cela arrivera lorsque je serais en train de relâcher une belle truite ou bien lors d’une cueillette improvisée de morilles sur une berge de l’Ain. Retrouver les hirondelles venant s'alimenter d’une éclosion d’éphémères ou bien encore profiter de l’extraordinaire spectacle d’un frai de vairons. Cette période anxiogène que nous vivons me fait d’autant plus trépigner d’impatience. J’ai vraiment très envie d’aller à la pêche sans penser à autre chose.

J’ai vraiment très envie de sentir à travers ma peau la douceur du liège de ma poignée. De faire plier le carbone de ma canne à mouche pour renouer avec la joie de leurrer un poisson sauvage. Entendre les nœuds du bas ligne passer dans les anneaux…Ces truites zébrées que j’aime tant et qui deviennent si rares...Dans quelques jours, je pourrais enfin en profiter de nouveau. Je pourrais enfin me mesurer à ce qui se fait de mieux à mes yeux en termes de malice en eau douce. Repérer un poisson, se positionner, lancer sa nymphe dans le bon timing, voir ce poisson s’en saisir, ferrer et combattre. Cette fermeture m’a semblé la plus longue que j’ai jamais vécu. J’ai vraiment très envie d’aller à la pêche sans penser à autre chose.

J’ai vraiment très envie de prendre avant même un poisson du plaisir ! Il y a tellement de possibilités de prendre du plaisir à la pêche. Avec les yeux, avec les oreilles ou encore grâce à notre odorat. Et puis il y a les amis, les casse-croutes, les interminables histoires que l’on se raconte sur le parking en rangeant nos affaires. Il y a aussi parfois ces rencontres fortuites avec un animal sauvage qui restent gravées dans nos mémoires. Il y a pour moi, ces grands moments de solitude loin de tout dont j’ai besoin dans mon équilibre en tant qu’homme. Prendre à la pêche ne se résume pas qu’au poisson, non, il y a bien d’autres options dont on profite tous. J’ai vraiment très envie d’aller à la pêche sans penser à autre chose.

J’ai vraiment très envie d’aller à la pêche et je ne pense pas être le seul. Alors au moins pour quelques semaines, pour quelques jours ou même quelques heures, je vous souhaite de prendre énormément de plaisir. Pêcher et ne penser à rien d’autre, que pêcher !