Dossier : le harle bièvre.
Par Nicolas39 le dimanche 3 novembre 2019, 19:42 - Gestion piscicole - Lien permanent
Voilà un article que je voulais faire depuis longtemps. Malheureusement, je n'avais pas les connaissances nécessaires. Mais j'ai dans mon entourage des personnes qui maitrisent le dossier parfaitement. Voici un point complet et précis sur cet oiseau que nous avons tous croisé un jour au bord de l'eau. Bonne lecture et n'hésitez pas à partager autour de vous. Merci.
Nicolas : Pour les personnes qui n’ont jamais croisé ce volatile, pouvez-vous nous le décrire ?
PPVA : De la taille d'un Colvert, les mâles sont blancs avec la tête noire, et les femelles grises avec la tête rousse. Les premiers sont très visibles, contrairement aux secondes qui passent souvent inaperçues.
Cette forte ressemblance (pour les non-initiés !) avec le Colvert combinée à l’extrême discrétion des femelles ont permis à cette espèce de coloniser nos rivières sans attirer l’attention.
Son impressionnante dentition et son bec crochu lui permettent de capturer entre 300 et 700 grammes par jour de poissons de 3 à 40cm, mais aussi reptiles et autres batraciens :
Nicolas : Est-ce que cet oiseau est une espèce autochtone ? Selon la réponse, comment le harle est-il arrivé dans nos régions ?
PPVA : Non, contrairement à une idée mensongère et fausse véhiculée par certains pseudos écolos, cette espèce n'est en rien autochtone, pour preuve cette étude menée par l’INRA, le CNRS et le muséum d’histoire naturelle :
«Les données paléontologiques et archéozoologiques permettent d'avancer que le Harle bièvre ne s'est pas reproduit en France pendant l'Holocène. Allochtone de France, il a colonisé une importante fraction de l'est du pays au cours de la seconde moitié du 20ème siècle. Piscivore, l'impact de ses populations sur ses nouveaux écosystèmes d'accueil n'a pas fait l'objet d'études en France.»
Etude citée à lire ICI.
On sait donc qu'elle ne s'est pas reproduite en France depuis au moins 11000 ans, a été clairement classée comme « allochtone d’apparition récente » par ces chercheurs, dont les travaux sont utilisés dans toutes les fiches descriptives des espèces animales de France. On nous dit également souvent qu’il serait un « migrateur », et ce depuis toujours : On se demande alors pourquoi aucun ancien dans le Jura ou dans l’Ain ne se souvient d’eux, et surtout pourquoi la LPO aurait « introduit » une espèce migratrice dans les lacs alpins (un migrateur ne s’introduit pas !), tout en leur créant des nichoirs, comme indiqué dans ce bulletin de l’association datant de 1985 :
« Sur les conseils de P. GÉROUDET, nous mettons à profit l'arrière-saison pour installer une dizaine de nichoirs et lâcher quelques jeunes issus de nids lémaniques. En 1975, un immature lâché l'année précédente est complètement domestiqué et fréquente les canaux du centre-ville. Le2 mai, deux couples sont présents sur le lac et le 6 juin j'observe une femelle avec deux poussins d'à peine 15 jours. C'est la première preuve de nidification sur le lac d'Annecy »
Bulletin cité à lire ICI.
D’ailleurs, la LPO continue aujourd'hui de leur créer des nichoirs, quand ce ne sont pas certaines communautés de commune, comme celle d’Alby-sur-Chéran, qui le font. Ces preuves factuelles et facilement vérifiables de leur caractère allochtone et des introductions dont il a bénéficié ont tendance à rendre fou de rage les défenseurs de cette espèce. Malheureusement pour eux, les faits sont les faits : le Harle n’est pas la Loutre, le Héron Cendré ou le Martin Pêcheur, que nous devons protéger, c’est une espèce allochtone qui, en plus de perturber des équilibres déjà fragiles, rentre directement en concurrence avec nos véritables espèces autochtones emblématiques citées précédemment.
Nicolas : Que peut-on dire sur ses populations actuelles et leurs évolutions ?
PPVA : Si l’on prend les derniers recensements de la LPO dans le département de l’Ain, il y aurait une 30aine d’oiseaux sur le bassin versant de l’Ain : J’espère que les gens qui habitent dans notre département et lisent ce chiffre ne sont pas en train de s’étouffer, car il y a de quoi… Il suffit pour cela de trainer sur notre secteur en février/mars, lorsque la végétation n’a pas trop démarré et que la visibilité est bonne: impossible de faire quelques dizaines de mètres de rivière ou de s’arrêter sur un pont sans en croiser plusieurs, des groupes souvent composés de 5 à 10 individus, et c’est comme ça sur les 50km de basse rivière d’Ain, mais aussi sur quasiment tous les affluents ... Dans la foulée, au début du printemps, les femelles donnent naissance à des couvées de 8 à 12 canetons, qui ont éclot dans un nid situé à plusieurs mètres de haut bien à l'abri de tout prédateur potentiel :
Vidéo d'un nid de harle à voir ICI.
Pour compléter le tableau de son incroyable capacité de prolifération, en cas de décès de leur mère, les canetons orphelins vont quasi systématiquement être adoptés par une autre femelle :
Les taux de survie sont donc énormes : 80-90% des juvéniles arrivent à l'age adulte. Une fois la rivière atteinte, ils n'ont une fois de plus aucun prédateur connu :
Ils sont également beaucoup moins farouches que les Cormorans, et n’hésiteront pas à fréquenter le centre des villages ou des villes.
Une autre grosse différence avec le Cormoran : ses capacités d’envol, pour un canard plongeur, sont remarquables : il n’a pas besoin de beaucoup de place pour atterrir ou décoller, et fréquente donc des secteurs plus petits et boisés que les Cormorans. Cerise sur le gâteau, son espérance de vie est de plus de 10 ans, l’une des plus importantes chez les canards. Ce sont tous ces facteurs cumulés qui en font un véritable désastre pour nos poissons, et encore plus pour les autres espèces piscivores autochtones, beaucoup moins prolifiques ou habiles.
Nicolas : A-t-on une idée de l’impact du Harle sur les populations piscicoles de nos rivières à truites et peut-être plus globalement sur la ressource en poisson en générale ?
PPVA : En théorie, c'est un canard qui préfère les lacs aux eaux claires, riches en cyprinidés. Enfin, ça, c'est la belle théorie des fiches descriptives de l'espèce. Dans les faits, ils sont bien plus présents sur les rivières salmonicoles que sur nos lacs, l'exemple le plus criant est leur absence quasi totale de l'ensemble des grandes gravières de l'Ain, pourtant riches en cyprinidés et aux eaux cristallines. Par contre, impossible de ne pas les croiser sur l’Ain et surtout sur nos plus petits affluents, où la seule espèce présente est souvent la truite Fario. Là, toutes les AAPPMA qui ont des Harles sur leurs baux connaissent la suite: un nettoyage en bonne et due forme de toutes les classes d'âge de poissons, de 3 à 40cm. Ce qui ne vous laisse, en pêche scientifique, que quelques truitelles de l'année et autres gros poissons de plus de 40cm pour constater les dégâts.
Idem d’un point de vue halieutique, où les parcours fréquentés par les Harles ont perdu presque tout intérêt pour nos pêcheurs : c’est un véritable désastre, aussi bien biologique qu’économique.
Les études disponibles sont limitées : La seule étude francophone a été commandée par le canton de Genève en 2016, mais n’a (étonnement !) jamais été publiée par les autorités suisses : On ne vexe pas un électorat d’écolo-citadins pro Harle et Cormoran.
Pour le reste, les britanniques ont quelques années d’avance, et estiment entre 50 et 98% de prélèvement par les Harles : plus la rivière est salmonicole, et plus les prélèvements semblent importants (98% des smolts consommés sur certaines rivières !). Ils commencent d’ailleurs à les réguler :
« Harle bièvre : Comme les cormorans, les harles bièvres sont des prédateurs opportunistes qui se regroupent souvent en grand nombre pour tirer parti des fortes densités de proies. La prédation sur les poissons par les harles a été moins étudiée que la prédation par les cormorans, ce qui pose des difficultés pour définir les impacts sur les populations de poissons. Les harles sont perçus comme un problème pour les parcours de pêche sportive, en particulier dans les rivières à salmonidés. Leur régime alimentaire a montré que les salmonidés juvéniles sont un élément important de ce régime dans certaines parties de l'aire de répartition de l'oiseau. Les smolts, par exemple, seraient les cibles privilégiées des harles. Sur certaines rivières, comme la Tweed en Écosse, la prédation par le harle lors de la dévalaison des saumoneaux est citée comme un facteur clé, facteur affectant la valeur économique de la pêche touristique du saumon. »
Articles dont sont issus ces textes à lire ICI et ICI.
« Il y a trente ans, il n'y avait aucun harle sur le Wye. Selon l'enquête du MAFF de 1999, jusqu'à 98% des tacons de saumon produits dans l'Upper Wye sont consommés par ces derniers »
Article à lire ICI.
Nicolas : Nous sommes d'accord pour dire que c'est la qualité de l'eau qui est à l'origine de la baisse des effectifs, mais de toutes évidences, on ne peut pas dire que les prélèvements des harles bièvres soient négligeables pour autant ?
PPVA : Nous ne sommes pas d’accord avec ce constat « globalisateur »: Il est trop facile de mettre toutes les rivières dans le même panier: Oui, bon nombre d’entre elles se dégradent, mais certaines, notamment dans l’Ain, passent (pour l’instant) les années et les différentes sécheresses sans aucun souci thermique ou oxymétrique : Le haut Veyron sur notre parcours, mais aussi la Valserine, le Furans, les contre-canaux du Rhône ou encore la moyenne Albarine (Torcieu) n’ont aucune raison de voir leurs populations de poissons s’effondrer de la sorte : Les eaux restent relativement abondantes, fraiches et oxygénées tout l’été, et la nourriture ne manque pas. Pour vous donner un ordre d’idée, l’état écologique de ces rivières est bien meilleure que celui de vos rivières jurassiennes. Mais sur ces différents parcours, les populations de poissons ont commencé à décliner proportionnellement à l’apparition et surtout la nidification du Harle Bièvre: Lorsqu’on a vu un groupe de Harle prendre toute la largeur d’un petit cours d’eau et nettoyer de façon systématique chaque cache ou galet de ses habitants, on ne peut pas s’étonner de se retrouver face à de véritables déserts piscicoles. Et ce n’est pas parce que la majorité des rivières se dégradent que nous devons accepter sa présence en nous disant simplement « ben de toute façon, c’est tout pollué ! ». Non, les dernières populations viables de poissons d’eau douce, et notamment les espèces en difficultés comme les salmonidés, doivent être préservées coute que coute, quitte à devoir dénoncer la présence d’un oiseau qui n’apporte aucune plus-value à la biodiversité de nos cours d’eau : le jour où toutes nos espèces piscivores autochtones seront en bonne santé, et notamment la Loutre, là , nous pourrons nous dire « il y a de la place pour un nouvel arrivant », d’ici là, nous devons combattre toutes les espèces invasives comme le Harle.
Nicolas : Pour mieux comprendre l’efficacité terrible de cet oiseau, quels sont ses modes de chasse, qu'est-il capable de faire ou de ne pas faire ?
PPVA : Il faut d’abord se rappeler d’une chose : c’est un oiseau originellement inféodé aux milieux marins et côtiers : Dès lors, sa morphologie est faite pour lutter contre les plus puissants courants, et pourchasser des poissons marins bien plus rapides et endurants que n’importe quel poisson d’eau douce. L’une de leurs techniques favorites pour chasser des poissons grégaires vivant en banc est de taper des ailes et nager très rapidement en zigzag en surface afin de séparer les poissons, puis plonger pour attraper les proies isolées. Une vidéo permet de visualiser cette chasse très particulière et surtout prendre conscience de leurs capacités physiques hors-norme : la taille du poisson engloutit en quelques instant est tout aussi impressionnante que leurs performances physiques :
En plongée, durant des chasses plus « classiques » en lac ou dans plusieurs mètres d’eau, il a les mêmes aptitudes qu’un Cormoran :
L’une de ses autres caractéristiques uniques est sa capacité à chasser dans quelques centimètres d’eau, uniquement la tête sous l’eau, en marchant ou nageant, comme un canard de surface qui cherche des végétaux :
Autre problème de taille, une femelle et sa dizaine de petits se mettent systématiquement en ligne pour chasser en cherchant dans toutes les caches et interstices. Leur efficacité , du plus petit ruisseau à la plus grande rivière n'a aucun équivalent chez les prédateurs piscivores.
Nicolas : Le fait que cet oiseau ne soit pas autochtone et qu’il n’ait pas de prédateur est donc un véritable problème : Quelles sont alors les solutions ?
PPVA : Il n’y a qu’une seule solution envisageable : obtenir des autorisations de tir, que ce soit avec certaines dérogations comme pour le Cormoran ou, dans l’idéal, obtenir son classement en tant que nuisible (car allochtone), au même titre que la Bernache du Canada par exemple. Pour rappel, cette dernière a longtemps été inscrite sur la liste des espèces protégées, bien qu’allochtone comme le Harle, et ce n’est qu’en 2009 qu’un arrêté ministériel a permis de la sortir de cette liste, puis, en avril 2012 de l’inscrire sur la liste des espèces classées nuisibles. Que ce soit de la régulation(Cormoran) ou de la destruction (Bernache du Canada), on peut faire bouger le ministère de l’environnement et la réglementation concernant les oiseaux, avec de la volonté et un argumentaire fort.
Pour en arriver là, nous devons être organisés, et jouer du poids de notre réseau. Pour les « simples » pêcheurs qui croisent régulièrement ces oiseaux : faites des photos ou vidéos, notamment lorsque vous les voyez sur de nouveaux secteurs. Remontez ces photos et informations à l’AAPPMA concernée, et n’hésitez pas à publier sur les réseaux sociaux :
Pour les AAPPMA, il y a un peu plus de boulot : Faire un maximum de photos et vidéos, essayez de communiquer dans la presse locale, où notre réseau est souvent très apprécié, comme l’a fait par exemple l’AAPPMA de Bellegarde sur Valserine : Article à lire ICI.
Sur les réseaux sociaux aussi, partager les articles et autres publications sur cet oiseau. Les AAPPMA doivent également remonter ce problème à leurs fédérations départementales respectives par mail ou courrier avec AR, mais aussi sous forme de vœux à leurs assemblées générales de la fédération. Les fédérations départementales de pêche doivent quant à elle prendre conscience de l’enjeu et, si possible :
Présenter l’espèce durant leur assemblée générale, ou de nombreux acteurs politiques ou institutionnels sont présents, afin de les sensibiliser sur le sujet. Nous souhaitons d’ailleurs rappeler que suite à l’AG de la fédération de pêche de l’Ain, le conseil départemental de l’Ain a officiellement écrit au ministère de l’environnement pour connaitre les modalités réglementaires envisageables afin de pouvoir réguler cette espèce. C’est à notre connaissance la 1iere demande officielle formulée par un département au ministère. Il est important de noter que dans l’Ain, notre conseil départemental a toujours soutenu ses pêcheurs, et nous les en remercions.
Contacter officiellement la FNPF pour lui demander sa position, et qu’elle intervienne également auprès du ministère pour discuter des mesures envisageables.
Nous devons tous ensemble lutter contre la méconnaissance des pêcheurs et plus généralement du grand public autour de cette espèce. Informer sur son caractère allochtone et sur les introductions et autres nichoirs dont il a bénéficié. Formuler par le biais de nos différentes structures des demandes officielles de régulation ou reclassifications de l'espèce.
Commentaires
Bonjour,
mon discours va être orienté car je n'ai pas la même conception de "nuisibilité" que l'interviewé mais mes remarques sont plutôt d'ordre général.
Qui est ppva? vous ne le précisez pas ou alors j'ai mal lu et dans ce cas je m'excuse.
Ensuite le lien avec l'étude cnrs/inra est intéressant mais il manque les annexes et je n'ai pas vu les données sur les harles citées dans l'interview.
De plus si on lis les définitions allochtone/autochtone et la liste des espèces classées invasives, on risque d'être surpris et j'espère que l'on ne la prendra pas au pied de la lettre pour "réguler" les effectifs des populations concernées!! pour exemple, le brochet, le vairon, le goujon, le lièvre d'europe...etc sont des espèces allochtones!!
Pour ce qui est de la migration des populations, il y a ce que l'on appelle des migrations partielles de distances très variables en fonction du climat notamment. Des espèces deviennent également plus ou moins sédentaires quand les hivers sont de plus en plus doux. Tout ça n'est pas figé! Des espèces sont en expansion et prennent les niches d'espèces en régression, sous l'influence de divers facteurs.
Je voudrai bien connaitre ce qui se préconise en termes de régulation, par ce que pour ce qui est du cormoran, ça soulage les tireurs mais c'est plutôt inefficace ( on tue la moitié des reproducteurs mais il en revient autant de scandinavie l'hiver!!)(chercher les études du cnrs de Mr Marion, études sur des dizaines d'années, les seules à cette échelle en europe).
Voilà, flinguer les piscivores n'empêchera pas les chutes de débits des cours d'eau, les hausses de températures, le gaspillage de l'eau et toutes les autres inepties que l'on génère.
Je comprends la problématique locale de l'augmentation d'effectifs de prédateurs sur des rivières en détresse mais je pense qu'il vaut mieux se focaliser sur l'eau ( pour info, des lois vont faciliter la mise en rétention de l'eau pour l'arrosage agricole, du coup moins d'eau pour les nappes, débits plus faibles en été, température de l'eau en augmentation et augmentation des pertes par évaporation sur les bassins de rétention...etc)
Ce n'est que moins point de vue et je n'ai pas de solutions miracles , je ne suis pas compétent pour ça...je ne suis qu'un petit moucheur.
@thomas21 : Bonjour,
PPVA est une AAPPMA du 01 qui subit de plein fouet la prédation du harle bièvre.
Pour ma part, la qualité de l'eau est et restera la priorité. C'est une évidence. Mais continuer à travailler sur la qualité de l'eau n'empêche en aucun cas de combattre en parallèle les autres maux qui touchent les populations de truites sauvages. Et si vous pensez que les effets du harles sont négligeables voir nuls au point de ne rien faire, c'est que vous n'avez jamais vu pêcher devant vous une compagnie...C'est juste hallucinant. Le grand cormoran est enfant de cœur à côté, sincèrement. Merci pour votre commentaire.
Bonjour Thomas et merci pour votre avis,
PPVA, c'est une AAPPMA de l'Ain qui souffre de tous les maux dont vous parlez déjà, sauf que le hasard fait que nous avions la chance d'avoir encore un affluent (le Veyron) qui nous permettait d'observer des quantités extraordinaires de truites, grâce à ce que nous expliquons dans l'article (eaux fraiche et abondantes) mais aussi à une qualité de l'eau en net progrès due au boulot des communes sur l'assainissement et celui de notre aappma sur l'habitat. Et puis, il y a 3-4 ans, d'une semaine à l'autre, nous avons commencé à voir regresser voire disparaître des bancs entiers de truites, puis de vairons. Pour ces derniers, l'état des leurs zones de reproductions ne laissaient aucun doute: quelqu'un était venu les braconner et piétiner les zones de frai. Puis, en discutant avec les riverains, nous avons vite compris qu'il ne s'agissait pas d'humains mais de Harles, qui brassaient comme vous pouvez le voir sur une des vidéos. Résultat : une espèce qui a été littéralement nettoyé(les vairons), et dont le frai a été balayé par le bordel foutu par les harles, d'où leur dispariation pure et simple du cours d'eau . Cela fait maintenant près de 10 ans que nous les observons les Harles remonter de plus en plus haut sur nos affluents, dans des milieux qui ne leur sont en théorie pas destinés... Et comme vous, les 1ieres années, nous n'avons pas fouillé plus que ça et n'acceptions même pas l'idée d'en faire un problème: on leur fait des nichoirs, ils sont mignons, ils sont protégés, ça doit être un "retour", c'est un migrateur, etc. puis, on a lentement mais sûrement compris qu'il y avait un souci: trop prolifique, trop rapide, trop efficace... pourquoi nos poissons morflaient autant si cet animal est autochtone et donc parti prenant de l'équilibre?
Donc on a commencé à fouiller, et on est tombé sur cette étude, à laquelle vous reprochez l'absence d'annexes: pour info, cette étude est le plus gros travail jamais réalisé en Europe sur les invasions/extinctions de vertébrés : l'équipe de chercheurs qui a bossé dessus était constitutée de ce qui se fait de mieux en france: Vigne, Pascal et Lorvelec: je vous invite d'ailleurs à commander l'ouvrage "Invasions biologiques et extinctions: 11000 ans d'histoire des vertébrés en France":
Il reprend et vulgarise l'ensemble des données sur les espèces qui ont été classées comme allochtones : la préface explique le sens de l'étude, pourquoi avoir travaillé sur l'Hallocene, les critères de l'étude, etc, et vous auriez vite compris pourquoi le brochet, le lièvre ou le vairon sont classés comme allochtone: ces espèces sont classées comme telles...sur les îles Françaises, dont la Corse. Le Harle quant à lui est classé comme tel partout en France.
Concernant les auteurs, se sont de réels pointures, grands amis et défenseurs de la biodiversité Francaises, notamment Michel Pascal, dont les travaux mais aussi l'investissement associatif ont étés salués par toutes le "milieu"lors de son décès : LPO, FNE, tout le monde lui a rendu un hommage unanime(je vous invite à lire ses travaux sur les espèces endémiques des domtom françaises): on ne peut donc pas reprocher à cette étude un manque de neutralité... d'ailleurs, vous verrez que le Cormoran n'est pas classé comme "pur" allochtone, car: "
Les statuts d'autochtone et d'allochtone de l'ensemble du territoire de la France qui sont conférés ici respectivement à la forme marine (P.c. carbo) et à la forme continentale (P.c. sinensis) du Grand Cormoran reposent donc sur la base de considérations biogéographiques et d'histoire récente". Si ces gens là ont donc classé le Harle en allochtone, contrairement au cormoran pour lequel un doute subsiste, c'est qu'il l'est bel et bien...
Concernant les données sources, je pense que vous n'avez pas bien compris l'immensité du travail qu'ils ont fourni: ils ont repris TOUTES LES DONNÉES PALEO DISPONIBLES, et n'en ont pas trouvé qui attestent de la nidification du Harle depuis 11000 ans, d'où l'absence d'annexes(contrairement par exemple aux cormorans où 2 sites ont été trouvés). Par contre, n'hésitez pas à recommencer ce travail et feuilleter les 100aines de milliers de données disponibles aux muséum d'histoire naturelle, ils sont peut être passés a côté de quelque chose...
Concernant vos extrapolations "si on se met à tirer sur tout" qui vont souvent de pairr chez les défenseurs du Harle avec "de toute façon vous voulez tuer tout ce qui mange du poisson" , c'est une réponse bateau et très légère, caractéristique d'une absence d'arguments et d'un refus idéologique de faits qui ne vous conviennent pas: les brochets ou le lièvre en Corse, ce n'est pas le sujet,si des gens veulent s'en occuper, qu'ils le fassent. Nous, on s'intéresse au Harle, point. Et nous n'avons rien, bien au contraire, contre les autres espèces piscivores purement autochtones: J'ai personnellement signalé 2 cadavres de poissons suspects aux assoc de protection de la Loutre, dont nous rêvons d'un retour. Hélas, avec un tel concurent alimentaire(le Harle), on peut se mettre un doigt dans l'oeil. Idem, je suis le premier à filmer et admirer nos cincles plongeurs se délectant de quelques truitelles a l'émergence : ils ont toujours fait partie de l'équation, comme le héron cendré ou le martin pêcheur, et doivent être protégés.
Le fait que les espèces dans leur espace originel fluctuent selon les modifications climatiques ou territoriales, c'est un fait, c'est bien de le rappeler, sauf qu'une fois de plus ce n'est pas un argument justifiant de tolérer le Harle bièvre, qui n'est pas venu seul puisqu'il a bénéficié d'introductions et de soutiens diverses et variés. Et même s'il était venu seul, ça ne serait pas une raison 1. De les tolérer 2. De ne pas se poser des questions quant à son intérêt ou sa régulation.
Concernant les modalités de régulation, nous verons en temps et en heure, mais avec un invasif comme le Harle, je suis personnellement pour sa destruction et élimination pure et simple. Pas de quotas, pas de cadeau. Je vois que cous aviez dans votre escarmouche l'argument "on voit le résultat avec le Cormorans". Oui, en effet, sur un migrateur les résultats sont immédiats mais il fait recommencer tous les ans: laissez nous nous occuper des harles sedentarisés et je vous garantis qu'on aura BEAUCOUP moins de problème et que ça ira TRÈS vite
Concernant le fait de nous focaliser surles autres problèmes : quand vous aurez fait le quart des réunions concernant l'assainissement, les éclusées, la gestion des prélèvements en eau que moi, cous comprendrez que tous ces VRAIS problèmes complexes ne sont pas une raison pour en laisser un TRÈS simple à régler (les oiseaux piscivores allochtones) de côté. D'ici là, je vous invite à venir voir les Harles en action: je ne connais personnellement PERSONNE qui les défend après 2 ou 3 ans sur les rivières qu'il fréquente
@Ppva :
Rebonjour,
merci d'avoir pris le temps de répondre. Je ne remets pas en doute l'étude du cnrs, mes allusions aux autres espèces l'étaient en connaissance de cause, j'ai bien lu l'étude , c'était une boutade, si on lisait l'étude de travers cela pourrait être dangereux pour de nombreuses espèces :))
J'ai regardé votre site internet et j'ai bien compris votre engagement sur la ressource en eau, et vous en avez fait beaucoup plus que moi , ça c'est sûr et certain!!
Il semble que les individus introduits viennent du Léman, avez vous des remontées d'individus de là-bas ou pensez vous que ce ne sont que des individus sédentaires dont les effectifs sont en expansion? Ou bien avez vous à la fois un noyau de sédentaires et des migrateurs saisonniers?
Concernant l'origine des Harles qui sevissent sur notre territoire, je ne m'aventurerai pas dans des explications, je n'accepte simplement pas le mensonge qui dit "ils sont venus seuls". Non, il y a eu des introductions, ce qui est très grave mais hélas était courant à l'époque, et PERSONNE ne doit le nier. Après, est ce que cela à marcher, à l heure actuelle une chose est sur, il se reproduit en pagaille et de partout...
Bonjour à tous,
Je pêche sur la Loue, et j'ai observé beaucoup de harles ces 2 dernières saisons sur la partie amont de la rivière, principalement sur Lods (mais pas uniquement).
Et effectivement quand ils se mettent à chasser en groupe, c'est impressionnant, une véritable armée organisée qui plonge et replonge sans cesse en ligne en travers de la rivière.
Alors voilà, je considère que nous les humains ne sommes pas les seuls à avoir le droit de prédater.
Par exemple je suis chasseur mais je suis pour le retour du loup et des ours tant que les populations sont "raisonnables", c'est-à-dire tant que l'équilibre entre les populations prédateurs/prédatés est respecté (le seul hic concerne les dégâts chez les éleveurs, c'est un autre débat). Car les populations de grand gibier se portent bien.
MAIS en ce qui concerne le harle, le problème est différent : les populations de salmonidés souffrent de maux déjà suffisants.
Alors certes, la qualité de l'eau, les pollutions, EDF, etc. c'est ça LE point essentiel sur lequel agir, c'est évident.
Mais pourquoi rajouter encore cette pression sur des salmonidés qui n'en ont pas besoin ! C'est pas parce qu'on a un cancer qu'il ne faut pas soigner une angine comme le dit le dicton.
Surtout qu'en l'occurrence, il ne s'agit pas d'un prédateur inféodé à nos campagnes (comme l'étaient en France le loup et l'ours), et ça c'est quand même un point essentiel.
L'argument qui consiste à dire que les populations évoluent dans le temps, que certaines espèces apparaissent en raison des évolutions météorologiques ou autres, est un bon argument et effectivement rien n'est figé dans la nature.
Mais l'Homme ayant par ses activités fragilisé certaines espèces d'animaux, comme la truite ou l'ombre (parmi tant d'autres), il se doit maintenant de veiller à la protection de ces espèces fragilisées en intervenant pour réguler certaines espèces qui mettraient davantage en danger ces espèces déjà fragilisées.
Je précise que je ne pense pas qu'il faille réguler le harle parce qu'il il fait de la concurrence aux pêcheurs, mais parce qu'il représente une menace pour des populations déjà mal en point.
@Romain : Merci Romain pour ton retour avec lequel je suis totalement en phase.
Remarquable travail sur tous les plans , du site et des contenus,
remarquable dossier sur le sujet qui nous fait tous avancer dans la connaissance et la prise de conscience.
Je partage pleinement la nécessité de protéger les 8 espéces de poissons classés en liste rouge de l'UICN sur l'arc Jurassien,dont les salmonidés au prise avec déjà tant de difficultés, cela parce qu'il font partie d'un patrimoine universel. Réguler strictement les harles sur nos rivières, voir leur rendre leur présence impossible, ( ratio couts / avantage pour lui) ne mettra pas en danger l'espéce dans son milieu originel marin. Ne rien faire c'est attendre qu'il s'en aille aprés avoir "vidé les réservoirs" et revenir plus tard prédater les espéces qui auront pris la place.
@Marc : Merci pour votre commentaire, complètement en phase avec vous.
Tout ce que je viens de lire sur ce site concernant le Harle bièvre est un énorme ramassis de connerie monumentales!
Ca fait peur de voir autant de connerie sur cette espèce migratrice d'originaire naturelle d'Europe du nord (il est aussi présent en Amérique du nord), où quelques dizaines d'individus viennent passer l'hiver en France. Je ne vois vraiment pas l'utilité d'écrire autant de conneries ???
Bonjour,
L'argument "ramassis de conneries" est tellement efficace et incontrable qu'il me paraît difficile de répondre, mais je vais essayer:
- tout ce qui est écrit dans ce document est tiré de publications scientifiques rédigées par des références françaises dans leur domaine;
- le harle bièvre n'est plus un simple hivernant mais passe 12 mois par an à piller nos rivières avec les milliers de canetons qu'il nous pond chaque année;
- La mauvaise foi peut mener à la constipation voire même à l'occlusion intestinal, alors pour vous aider niveau transit, je vous montre juste un lien avec "quelques dizaines" de canetons nés en bas de chez nous il y a deux ans: https://youtu.be/X_Fk0N06EYU
Que vous ne soyez pas contents que des pêcheurs n'acceptent plus la présence d'une espèce allochtone comme le harle n'est dans l'absolu pas un problème, mais arriver avec des insultes à l'encontre de FAITS SCIENTIFIQUES et des PÊCHEURS montre à quel point il est impossible de discuter avec les ornithologues.
Concernant l'intérêt du papier, le but des pêcheurs est très clair: arriver à la régulation de cette espèce qui n'a rien à foutre dans le massif jurassien
Bonjour
Quelle est la position de la fédération des chasseurs .
ne peut pas faire des battues administratives
pour réguler l'espèce n'en déplaise aux ressortissants de la LPO .
Cordialement
Hello,
Le nom anglais du Harle bièvre est Common Mergansen.
Sur le site ebird on voit les observations qui augmentent en France par bonds: 2015(2), 2016 (11), 2019 (38), 2021 (50)
La LPO Haute Savoie fabrique et installe des nichoirs pour l'espèce depuis 2004.
Il semble que l'espèce soit sensible à la présence de cavités dans les arbres pour en faire des nichoirs. Pour éloigner l'espèce des cours d'eau le plus simple n'est-il d'éliminer les nichoirs potentiels l'hiver?
@VAYA 31 : @ouioui : Il y a forcément des solutions pour réduire les populations dont celles que vous citez, mais on parle là d'une espèce protégée et très surveillée par la LPO. Bref, dossier compliqué.