Pour préserver ce qui peut l'être encore, un nouveau fond de conservation des rivières sauvages a été créé. J'ai posé trois questions à Pascal, un de ces membres actifs, pour qu'il nous donne plus d'explications.

Comment et pourquoi avoir créé ce réseau rivières sauvages ?



L’idée de départ de la création du réseau a émergé en 2006 au sein du programme “Rivières vivantes” du WWF avec l’idée de renforcer la compréhension collective de l’intérêt de maintenir en très bon état écologique, les rivières et les portions de rivières les plus patrimoniales de France, sur des indicateurs compréhensibles par le grand public:

  • Continuité écologique
  • Paysages remarquables
  • Biodiversité/espèces rares
  • Qualité de l’eau

Beaucoup de scientifiques, d’ONG, d’institutions, d’associations environnementales et de gestionnaires comme les pêcheurs sont d’accord sur le fait que la culture nationale de protection/conservation des rivières est insuffisante en France. L’objectif est d’aider à construire comme cela s’est fait dans d’autres pays (Autriche, États-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande, Suisse, Irlande...) une forme d’appropriation populaire de ce capital naturel qu’est la “rivière sauvage”.
D’autres grands pays industriels avec une culture de la nature plus féconde, ont déjà prit une avance importante dans le domaine de la gestion et la protection renforcée des rivières à forte valeur patrimoniale, comme aux États-Unis le « Wild and Scénic river Act », les «Réserves Aquatiques» au Québec, «les Scientifics Areas for conservation» en Irlande.
En France, on peut trouver un modèle avec le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres créé en 1975 qui est le « pendant » pour la frange maritime de ce que pourrait devenir le « Réseau de rivières Sauvages » pour les rivières!

Parallèlement aujourd’hui, nous sommes de plus en plus à être conscients que les dispositifs réglementaires et contractuels existants sont incomplets, insuffisants, peu lisibles, quelquefois mal adaptés ou peu fonctionnels. Il subsiste des incohérences liées à des manques de connaissances, des pratiques simplistes de l’aménagement des fleuves, et des dysfonctionnements administratifs et globaux.
Les politiques d’aide sont principalement organisées autour de la restauration des cours d’eaux, mais il n’existe pas de politique efficace de préservation des dernières rivières naturelles!

Aujourd’hui, une première marche vient d’être franchie avec la création du “Fonds de conservation des rivières sauvages” qui est effective depuis la fin 2010(parution au JO).
Ce fond de dotation est le fruit de la rencontre de différents acteurs qui gravitent au bord des rivières et des milieux, tous passionnés, ayant chacun des compétences propres et un vécu dans des domaines différents et complémentaires. Cet amalgame de naturalistes, hydrobiologistes, scientifiques de haut-niveau, de militants et de gestionnaires de terrain dont je fais partie, est source de diversité et de richesses des échanges, avec une volonté affichée de travailler ensemble sur des choses concrètes au plus près du terrain et surtout hors du cadre habituel de la DCE, avec un niveau d’exigence beaucoup plus ambitieux.

Plusieurs personnes sont à l’origine de ces rencontres, mais il faut d’abord en citer deux Martin Arnould chargé du programme eaux et rivières au WWF et Denis Caudron vice-président d’une AAPPMA en Bretagne, qui sont les moteurs de la création du fond de conservation.



Quels sont les axes de travail principaux et les objectifs à atteindre ?

L’objectif avoué du « Fonds de conservation » est de construire « le réseau rivières sauvages » avec pour mission de fédérer des organisations ou des individus autour des objectifs suivants :

  • Développer l’appropriation collective sur la nécessité de préserver et valoriser les rivières à très haute valeur patrimoniale en France.
  • Attribuer un label « Rivière Sauvage » à ces rivières pour protéger et valoriser ces territoires, « réservoirs de biodiversité ».
  • Aider les acteurs locaux et les structures gestionnaires impliquées dans la gestion de la rivière à obtenir le label « Rivière Sauvage », par le développement de nouveaux outils de gestion et de protection plus exigeant, avec des financements adaptés.
  • Regrouper les acteurs publics et privés autour des objectifs de préservation des rivières labellisées.

Concrètement, dès aujourd’hui, des bassins versant pilotes ont été identifiés, avec des acteurs locaux dynamiques naturellement sensibles à notre démarche. Ces bassins versant pilotes vont servir d’ateliers de travaux pratiques pour entre autres valider la robustesse des critères d’attribution du label rivières sauvages/rivières vivantes/rivières naturelles et inciter les gestionnaires à élever le niveau d’exigence actuel fixé par la DCE (le fameux « bon état écologique »), dont on sait qu’il ne garantit en rien un fonctionnement « naturel » du cours d’eau et encore moins une qualité du milieu satisfaisante entre autres pour la biologie ! C’est à ce prix là qu’ils pourront se voir attribuer un des niveaux du label « rivières sauvages » et valoriser ainsi le travail effectué pour se rapprocher de la rivière naturelle, sauvage….

Un colloque est prévu le 20 mai, qu’elles sont vos attentes ?

Ce colloque fondateur est organisé pour présenter et préciser la démarche du « Fonds de Conservation des Rivières Sauvages », donner des exemples français et étrangers, annoncer les premiers critères d’éligibilité, présenter les axes de travail et les objectifs.
Ce colloque sera aussi l’occasion de poursuivre le questionnement, apporter des commencements de réponse et comparer l’état des connaissances sur la préservation des derniers joyaux de nos cours d’eau.
Ce sera l’occasion de débattre du devenir de nos cours d’eaux, de ce que nous voulons laisser à nos descendants pour qu’ils puissent continuer à profiter de rivières naturelles et sauvages….
D’ores et déjà, je peux dire que l’initiative intéresse beaucoup d’acteurs de terrain qui trouvent dans le « fonds de conservation des rivières sauvages » un nouvelle motivation pour s’engager à la préservation des derniers écosystèmes aquatiques d’eau courante et c’est tant mieux ! Voilà j’ai essayer de synthétiser au mieux et je vous invite à consulter le site du Fonds de Conservation des Rivières Sauvages qui devrait répondre à la plupart des interrogations sur le devenir de notre action….

Accueil du site.
RS

Merci Pascal pour toutes ces précisions et bon courage pour la suite ;-)