Pendant ce temps là...
Par Nicolas39 le lundi 23 novembre 2020, 17:00 - Pensée personnelle - Lien permanent
Il y a des choses plus graves que d'autres dans la vie. Ceci est un fait. Si j'en crois la vague déferlante de mécontentements des pêcheurs sur les divers réseaux sociaux, c'est le fait de ne pas aller à la pêche durant ce deuxième confinement qui est tout en haut sur l'échelle de la gravité.
J'ai donné mon avis sur la question en étant surtout contrarié que l'on ne puisse pas pêcher dans les conditions du confinement (1 heure/1kilomètre). Après tout, on peut faire du vélo, se promener ou que sais-je encore en respectant ces règles, pourquoi ne pas pêcher si nous avons la chance d'avoir un lieu pour le faire ? Cela est restée un pensée personnelle, sans aller plus loin. En aucun cas je n'ai eu l'idée de faire des demandes particulières en tant que président d'AAPPMA pour que les pêcheurs aient des passe-droits. Il y a quand même une situation sanitaire inédite avec encore aujourd'hui de nombreuses inconnues quoi qu'on en dise. Par respect pour les personnes touchées et pour ceux qui donnent de leur temps pour les soigner, on pourrait pour une fois ne pas penser qu'à son petit confort. C'est mon avis.
Il faut croire qu'il n'est pas partagé. Nombre d'articles, de vidéos et autres supports dénoncent ce confinement pour les pêcheurs. Certains souhaitant même avoir le droit de pêcher au-delà des règles des 1 km/1heure. L'argument est que la pêche se pratique seule en plein air. Certains demandent des réductions de cartes pour 2021, d'autres appellent à ne pas en prendre du tout ! Et puis il y a ceux qui vomissent sur les actions des structures associatives avec en ligne de mire la fédération nationale.
Que d'énergie, que de volonté, que d'envie pour changer les choses. Les réseaux sociaux nous ont dévoilé en quelques jours des dizaines de leader voulant renverser des montagnes afin d'inverser la tendance actuelle. Quelle belle et bonne nouvelle ! Tout cela pour qu'on puisse pêcher en pleine pandémie. Quel beau combat à mener !
Sauf que pendant ce temps-là et ce depuis des décennies, les rivières et autres milieux aquatiques souffrent tellement qu'ils sont à l'agonie pour beaucoup. J'ai un doux rêve. Que toutes ces nouvelles énergies venues des leaders du Web viennent renforcer les rangs des quelques pêcheurs travaillant pour de vrai. Qui sont eux sur le terrain pour essayer de faire de bonnes choses dans la mesure de leurs moyens.
À vrai dire, je n'ai pas les compétences pour dire que notre système associatif national est bien ou pas. S'il est adapté ou pas. Non, je ne le sais pas. Je peux par contre faire le constat suivant : c'est un échec total dans presque tous les domaines ! Je sais aussi qu'il n'a pas du tout été exploité par les pêcheurs. Ignoré par ces mêmes personnes qui aujourd'hui se plaignent de tout. Qui se réveillent uniquement parce qu'elles n'ont plus le droit de pêcher. Quelle tragédie !
La vraie tragédie se répand depuis des années. La vraie tragédie c'est que confinement ou pas, nous ne pourront plus pêcher faute de rivières vivantes !
Les pêcheurs ont eu leur chance via le système en place. Je prends simplement l'exemple que je connais le mieux, ici, chez moi. Il est certainement duplicable ailleurs. Sur notre secteur de la haute rivière d'Ain, il y a 4 AAPPMA dont la nôtre où je suis président depuis 23 ans. Depuis tout ce temps et même avant, j'ai tenté de faire comprendre aux pêcheurs autour de moi qu'il fallait s'engager dans les AAPPMA pour ensuite aller en Fédération. Il n'y a rien de plus simple pour prendre "le pouvoir". En 23 ans, j'ai vu une légère amélioration des choses en termes d'idées et de volontés à Champagnole. Sur l'amont et l'aval, cela s'est empiré. Il y a toujours les mêmes personnes aux commandes, toujours les mêmes idées obsolètes. Si on veut avoir une chance de faire vaciller le sommet de la pyramide, soit notre président national si décrié, il faut au minimum que la base se bouge. Force est de constater que ce n'est pas le cas.
Je n'en veux même pas aux personnes qui crient leur colère aujourd'hui en demandant des remboursements de cartes ou autres, parce qu'au final, pas certain que les AAPPMA aient eu à y gagner avec de tels personnages. Non, j'en veux un peu à tous les pêcheurs et plus globalement à tous les acteurs du monde la pêche qui se taisent, qui se cachent. Ces personnes qui m'ont répondu un jour : "ce n'est pas pour moi une fonction d'élu" ou bien encore "je manque de temps pour m'investir", etc...Que des bonnes excuses. Le manque de temps par exemple, quelques réunions par an et personne ne peut se libérer. Par contre, pour faire des dizaines de sorties dans la saison, là, il y a du monde. Pour préparer ses voyages à l'étranger, il y a toujours foule aussi. J'ai tellement d'exemples à citer.
Je ne sais pas pour le système, mais je sais que je ne crois plus du tout à la bonne volonté des pêcheurs. Pour la plupart, ils aiment pêcher et critiquer, ça s'arrête là !
Pour chez nous, les choses sont claires, c'est trop tard. Nous pêchons les dernières truites sauvages. Alors ne nous plaignons plus, car nous avons pour la grande majorité été totalement passifs sur ce qui s'est passé ces dernières années. Aujourd'hui, j'ai surtout de la peine pour les pêcheurs débutants ou peu aguerris. Comment prendre du plaisir avec des populations si faibles.
Je vous joins une vidéo réalisée par mes soins en 2009. Je voyais des dizaines de truites rassemblées. 70 poissons adultes ce jour-là. C'était il y a 11 ans. Hier. Cet automne, j'ai fait également de nombreuses sorties. J'ai vu entre 1 et 6 poissons différents par sortie. Dites-moi ce que je verrais dans 11 ans ??
Vous avez vu le fond de la rivière sur la vidéo en 2009 ? Regardez-le maintenant sur cette photo prise hier. Il est noir comme du charbon. Cette rivière se meurent, comme des centaines d'autres en France, mais ce qui importe le plus, c'est que nous puissions pêcher !
Commentaires
Éh oui Nico la plupart des pêcheurs sont aujourd'hui de simples consommateurs qui ne voient que leur petits plaisirs personnels et pas l'envers du décor. C'est bien triste
C'est un peu pareil dans toutes les régions de France. Tout disparaît petit à petit, d'année en année. Quelque fois, Dame Nature nous donne un sursaut d'espoir, un petit coup de pouce comme si elle voulait retarder l'échéance, mais la lente agonie est bien réelle. L'activité pêche ne présente aucun intérêt ou si peu,dans le tissus économique. Les pêcheurs ne sont pas des guerriers, des belliqueux, des fous furieux. Ce sont en général des gens plutôt calmes,des passionnés, des rêveurs, souvent individualistes. Alors je crois qu'il ne faut pas compter sur la révolte des pêcheurs. Les gouvernants peuvent dormir tranquilles, ils ne verront pas de pêcheurs en gilet jaune. Dommage........
les rivieres et les poissons sont un petit element de l' immense edifice qui est en train de s' ecrouler inexorablement , a savoir notre environnement.Nous avons reussi a vider les oceans de leurs poissons , a faire disparaitre le tiers de nos oiseaux, a rechauffer notre climat ,a rendre nos terres steriles ,alors il me semble que les querelles entre pecheurs ne traduisent que leur impuissance vis a vis du dersastre annoncé .Bien sur c' est rassurant d'imaginer qu'un no kill general sauvera tel ou tel parcours , mais aucun no kill ne remettra de l'oxygene dans l' eau ,ni ne fera remonter le niveau de l' eau pendant les etiages de plus en plus destructeurs.Les pecheurs se battent pour pecher a tout prix comme les romains voulaient aussi avoir leurs jeux pendant que l' empire s' ecroulait .L' histoire n' est qu' un eternel recommencement .
@Hugo di raoul : Bien d'accord.
@Guy Correns : Que de vérités Guy !
@poncelet jean jacques : La mise en place d'un no kill général n'a rien de rassurant. C'est le devoir des gestionnaires de le mettre en place afin de pêcher quelques saisons de plus. De mon côté, j'ai toujours été très réaliste et l'ai fait comprendre aux membres venant aux A.G. Depuis 2015, nous avons pêché 5 saisons avec une population encore correcte sur le parcours. Cela parce que nous avons un no kill total. Cela permet juste de faire durer le plaisir en toutes connaissances de cause. Rien de plus. Et combien de personnes qui n'ont jamais rien tenté dans notre monde associatif sont venus sur notre parcours pour en profiter durant ces 5 années ? J'ai une grande liste de noms. Sans cet outil, il n'y aurait déjà plus de truites chez nous depuis 5 ans. Ce n'est peut-être pas grand chose, mais au moins, nous avons tout fait ce qui était possible. Ce n'est pas le cas de tout le monde.
Bonjour,
Je fais parti de la génération de pêcheur qui n'ont jamais connu des rivières en bonne santé. Avoir conscience et subir la mort annoncée des rivières marque une profonde frustration partagé entre le mépris des autorités en place et l'impuissance de pouvoir agir efficacement. Malgré tout je souhaite rester optimiste. Il y a des exemples concrets que les mentalités et les actes progressent, et je pense qu'il ne faut pas fermer les yeux dessus. Certes la prise de conscience des problèmes et tardive et les actions menées trop peu nombreuses et pas assez rapide face au changement brutal de l'état de nos rivières, mais elles existent ! Evidemment que nous ne sommes pas des guerriers, des belliqueux ou des fous furieux, mais beaucoup se sentent concerné. Il y a 11 ans à l'aube de la mise en lumière flagrante de l'état sanitaire des rivières de franche compté commençaient une campagne régionale de dénonciation de ce scandale pour nos rivières. On ne peut pas dire que les efforts investis sont restés sans réponse. Des études et des collectent d'informations d'un niveau sans précèdent sont réalisées. D'un niveau de dénonciation régional vous êtes parvenu à avoir une attention national, si bien qu'aujourd'hui c'est le conseil européen qui peut prendre des décisions pour intervenir en faveur de l'environnement. Oui je reste optimiste quand au mieux pour l'avenir de nos rivières. Les efforts investis ne sont pas vain et ils ne sont à mettre qu'au crédit de leaders. Nos rivières sont des modèles de régénérations, il est clair que je ne connaîtrai pas l'époque qui vous ont fait connaitre des moments magiques qui vous laissent des souvenirs de moments, d'images, de sentiments en vous et qui ne seront pour moi que fantasmes.
bonjour Nicolas,
tu oublies quand même les politiques (c'est aussi de notre faute si on les choisi mal). Un tribunal vient récemment de sommer l'Etat de justifier qu'il met bien en œuvre les moyens pour atteindre les objectifs environnementaux qu'il s'est lui-même fixé. La France repousse depuis des décennies l'objectif du bon état des cours d'eau. Pourtant le code de l'environnement semble contenir tout ce qu'il faut. Mais tu peux le constater à Crotenay, le projet de centrale photovoltaïque est situé dans une zone hautement sensible pour la biodiversité en regard du schéma régional de cohérence écologique Il est clair que le profit à court terme l'emporte sur la préservation de la nature, quand l'homme sera contraint de constater que l'argent ne se mange pas, il sera trop tard!.
@spent88 : Merci pour ces mots. Nos différentes expériences font que nous avons de sentiments contraires. Mais qu'il est bon de lire ces mots ! Merci !
@tolemann : Bien d'accord oui !
Bonjour,
la comparaison en effet est bien triste...Dans le Jura et le Doubs vous êtes particulièrement touchés..
Mais à quoi attribuer précisément cette dramatique baisse des effectifs de poissons sauvages?
Y a t il eu des études réelles et sérieuses? Sècheresses prononcées et récurrentes? augmentation de la t° de l'eau? Pollutions diverses? rejets de nitrates liés à l'agriculture? comment agir si on n'analyse pas avec précision les causes ?
cordialement
Tout à fait d'accord avec le précédent message. Si la Franche-Comté était mon domicile fixe, je n'hésiterais pas à m'investir dans une association. Je prends un sac en plastique car il m'arrive de ramasser des canettes de bière sur le bord des rivières. C'est la moindre des choses.
Je vois avec tristesse la lente agonie des rivières dans tout l'hexagone. Le no kill permet de freiner l'extinction de la truite, c'est déjà mieux que rien mais le réchauffement climatique est bien là et la truite n'aime pas du tout l'élévation des températures.
Depuis trois ans, je ne mange plus de Comté car sa production nuit aux rivières mais combien de Français sont sensibles aux incidences néfastes de l'achat du comté?...
Je ne vais quand même pas tuer chaque mémé au marché de Colombes le dimanche matin... Sinon ça serait un génocide. J'en ai parlé à ma fromagère mais c'est peine perdue, elle m'a dit que le Comté est aussi apprécié que le camembert. Elle a tout résumé.
Alors les pêcheurs peuvent se quereller entre eux, la raréfaction des truites entraîne également pour certains la frustration, la jalousie, mais cela n'empêchera pas l'agriculture à continuer de surproduire. Et monsento a encore malheureusement de beaux jours devant lui. Le Bio commence à faire son petit bonhomme de chemin, les mentalités changent aussi. Le bio reste encore trop chère pour une grande majorité de français mais il faudra bien que cela change. J'ai encore de l'espoir. Retrouver des rivières avec des truites en pagaille lorsque j'étais gamin alors que le no kill n'existait pas....
@flandin jean louis : Il y a de gros travaux effectués oui. Je vous invite à découvrir le site SOS Loue : https://www.soslrc.com/
Merci pour votre commentaire.
@Faurichon : Aucune idée de querelle dans mon article. J'ai simplement dit que j'en voulais "un peu" aux personnes qui ont profité sans réserve sans jamais avoir tenté quoi que ce soit. Sans doute que cela n'aurait rien changé, mais ça ne m'empêche pas de le penser. Au plaisir Rémi.