Automne 1997, le président de la société de pêche de Crotenay décède. Il était en place depuis 1949 ! Un nouveau bureau au complet devait être élu afin de continuer à faire vivre cette AAPPMA née le 5 mai 1930. Je vous joins une copie de ce document issu d'un autre monde bien loin des SMS modernes !

Déjà à l'époque, personne ne voulait du poste. Même si le bénévolat n'avait pas autant de plomb dans l'aile qu'aujourd'hui, il était déjà difficile de trouver des personnes motivées. L'ensemble des membres présents m'ont proposé, malgré mon jeune âge, de prendre cette responsabilité. J'ai naturellement accepté.

André Terrier, en plus de m'avoir transmis son savoir en terme de techniques de pêche et de montage de mouches, en plus de m'avoir ouvert les yeux sur tous les aspects incroyables qu'une rivière pouvait m'apporter en tant qu'homme, André m'a surtout fait comprendre qu'être pêcheur ne pouvait pas se faire sans être acteur au sein de nos AAPPMA. Dès mes 12 ans, il m'amenait avec lui aux différentes assemblées générales de la région ou encore participer à des manifestations en faveurs des rivières. Ils nous arrivaient de stopper une partie de pêche pour filer au poste de gendarmerie (en waders ! ) afin d’informer sur une pollution dont on venait d'être témoins. J'ai baigné avec cet esprit d'investissement personnel depuis toujours. Merci André !

Cela fait donc 26 ans que je suis président d'AAPPMA. Même si je conserve encore aujourd'hui une très grande motivation, j'aimerais sincèrement qu'un jeune passionné vienne à prendre ma place dans les prochaines années. Je serais prêt à l'accompagner bien entendu. Je serais toujours présent au quotidien car je suis comme vous le savez immensément attaché à notre linéaire. J'ai été bénévole actif avant d'être président, je le serais après. On ne se refait pas.

Article de presse automne 1997.

L'engagement personnel est primordial. Vous ne pouvez pas être que pêcheur. La distance, l'âge, le temps libre restreint, la vie de famille et j'en passe ne peuvent être toujours des excuses. Je suis reconnu le plus souvent comme un pêcheur en nymphe à vue ou encore un vendeur de mouches artificielles, mais je suis avant tout ça un simple bénévole depuis toujours qui œuvre du mieux qu'il peut pour sa rivière et les pêcheurs.

Pas tous les pêcheurs en fait. Parce que si je me suis engagé, c'est par passion mais aussi, et sans langue de bois, pour appliquer mes idées sur le terrain. Et c'est cela qui est important. Il faut le pouvoir pour agir. Quand on voit aujourd'hui les actions que que mène par exemple le président de l'AAPPMA de Clairvaux, on peut se rendre compte que ces postes à responsabilités ont une grande importance. Il faut les prendre pour qu'une personne comme le président de Clairvaux, qui n'est plus actif en tant que pêcheur depuis des lustres, puisse ne plus prendre des décisions à contre-courant des réalités de terrain. Je vous rappelle que cet homme a demandé le retrait de tous les no kill du linéaire en aval de Pont-du-Navoy sur la rivière d'Ain. Il a été assez fourbe pour écrire directement à la DDT en ce sens tout en utilisant des documents qui ne lui appartenait pas (sans accord des propriétaires bien entendu). Dans un autre domaine, sur le sujet des cormorans par exemple, son discours est plus proche de celui de la LPO que de la majorité des pêcheurs de terrain.

Si à l'époque j'avais laissé notre AAPPMA dans les mains d'un personnage du même acabit, je n'ose imaginer le résultat aujourd'hui. Sans dire qu'avec le bureau actuel nous avons fait des miracles, mais je pense que nous avons mis en place ce qui devait être. À Crotenay, nous sommes convaincus qu'en l'état actuel de la rivière et des populations de poissons sauvages, le no-kill est indispensable. À cette réglementation que nous avons mis en place et pour laquelle nous motivons nos voisins, on nous oppose certaines vérités comme le fait que la qualité de l'eau est plus importante. Quand le raisonnement consiste à opposer préservation des milieux et no-kill, le dialogue est déjà rompu. Comme si les deux approches étaient antinomiques et que les pro no-kill se complaisaient à voir les rivières crever. J'ai encore en tête une réponse de la fédération de pêche de l'Ariège à un internaute sur le sujet des prélèvements sur des milieux dégradés comme les nôtres. Je vous joins le document :

C'est exactement ce que l'on fait, nous essayons de sauver les meubles en empêchant les dernières truites de la rivière d'Ain jurassienne de terminer dans l'huile d'olive tout en continuant activement à défendre le milieu. Rien de plus. Comment peut-on œuvrer pour faire disparaitre des linéaires où ces dernières truites sont protégées ?

Alors engagez-vous et prenez les places importantes. C'est essentiel. Ce qu'il se passe en ce moment chez nous ne doit plus jamais arriver.