La pêche à la mouche dans notre pays a-t-elle encore un avenir ? Difficile de répondre à cette question. Par contre, je peux vous dire qu’elle a bel et bien un présent, et pas des moindres ! On lit souvent ça et là, que cela soit sur papier ou sur la toile des reportages valorisant la pêche hors de nos frontières. Des vidéos par centaines circulent sur le Net sur ces lieux de pêche à l’étranger.

Je ne sais pas si tout cela est lié, mais il faut bien admettre que de plus en plus de pêcheurs français partent tous les ans, voir plusieurs fois par an pêcher loin de chez nous. C’est une attitude on ne peut plus logique et tout à fait compréhensible vis à vis de la pub réalisée par les divers médias.

Malgré tout, il est tout à fait possible de se faire plaisir en France et pour bien moins cher. Il reste dans notre pays des paysages, des parcours et des poissons hors du commun d’une variété extraordinaire. Il y a encore des linéaires situés sur le public qui recèlent des poissons dignes des plus grand rêves. On trouve dans nos cours d’eau de très nombreux poissons sauvages passionnant à pêcher avec des robes et des couleurs très différentes aux quatre coins de la France.

Je n’ai qu’une seule crainte lorsque je vois cette multiplication d’offres et de tentations pour partir pêcher dans d’autres cieux. J’ai le sentiment que nos cours d’eau ne trouveront pas à l’avenir les défenseurs qui leur sont pourtant vitaux. Dans ce domaine, les personnes volontaires et encore actives sont déjà très peu nombreuses. De plus, ces personnes sont souvent en place sur une grande durée, elles peuvent même finir par s’user. Il est donc important que la jeune génération s’implique sur nos parcours pour renouveler la flamme et continuer à combattre et dénoncer tous les maux qui atteignent nos rivières.

Je devine parmi les lecteurs de ce blog quelques septiques, voir un grand nombre. Vous ne trouvez plus de parcours pour pêcher à la mouche en France ? Les poissons que l’on y trouvent sont trop petits ? Pas assez sauvages ? (Ou peut-être trop LOL ). Vous avez donc mal cherché, ou tout simplement, vous êtes allez à la facilité. La preuve, vous allez l’avoir à travers les récits de passionné(e)s qui ont pris le temps de nous conter une anecdote qu’ils ont vécu sur notre territoire avec leur canne à mouche. Asseyez-vous confortablement et dévorer ces lignes, vous êtes bien en France ;-)

On commence ce tour de France par le Nord du pays ! Merci à Geoffrey de nous raconter cette belle histoire qu'il a vécu avec une truite de mer en France bien sur ;-)

On est au mois D’octobre 2011 et , se dimanche a.m, j'ai les doigts qui me démangent!! J'ai envie de retourner voir cette rivière mythique qui hante mon esprit sans cesse!! La saison de la truite de mer touche à sa fin et il faut en profiter un max!!  Ma femme me dit qu'elle a envie d'aller voir sa grand-mère et que si ça me dit, je n'ai cas aller à la pêche!!
Croyez moi que je ne me suis pas fais prier!! Il est déjà 15H30 et j'ai une heure de route!! Donc pas de temps à perdre!!

Arrivé vers 16H45, me voilà parti pécher au moins 3h!! Je ne sais pas pourquoi ou plutôt si, mais je suis vraiment détendu,heureux d’être là!!

Au bout d'une heure de pêche je n'ai toujours rien vue!! Mais je me rend compte que depuis 15 jours que je ne suis pas revenu ,la rivière a changé!! Cette ambiance d'automne me plait beaucoup!! C'est une autre saison, une autre pêche!!
Me voilà arrivé sur un poste que j'aime beaucoup où j'ai décroché 2 Truites de mer cette saison !! 

C'est un courant lent rapide dans un virage, je le pêche assez rapidement pour aller faire une petite ligne droite que j'aime bien. Soudain, après un poser délicat, la dérive de ma mouche est stoppée avec violence!! Le contact est pris!! Je sens de suite que c'est du lourd, du sérieux!! Le poisson me prend rapidement 10m de soie et me gratifie de belles chandelles. Je me rend compte de la taille de mon adversaire qui est à l'autre bout de ma ligne!!!! Une truite ENORME!!
Elle reprend de la soie et me force à courir sur la berge pour ne pas me faire distancer. Puis de nouveau une chandelle qui me permet de voir à nouveau se sublime poisson qui est, à n'en pas douté, de très belle taille. Je l'estime tous de suite à au moins 70cm!! 

Elle me fait une bagarre de tous les diables et je peux la perdre à tout instant!! Mais aussi bizarre que ça puisse paraître, je me sens bien et confiant. La belle a décidé de ne pas se laisser faire et part dans le courant en se mettant de travers pour mieux s'appuyer dessus!! Me voilà obligé à nouveau de la suivre en courant!!! Je ne peux, à ce moment là absolument rien faire, si ce n'est que subir!!!
Quel puissance elle a !!! La voilà qui fait demi-tour pour remonter le courant quel venait de descendre!! Puis se plante là, pour ne plus bouger pendant plusieurs secondes. Croyez-moi, cela semble interminable!! Elle était là, en plein dans le jus sans bouger!! j'avais beau tirer dessus, rien n'y faisait!! C'est elle qui a décidé de bouger au moment où elle l'a décidé!! Incroyable!!
Je n'avais jamais connu tel puissance chez un poisson au par avant!! elle remonte de nouveau la rivière en trombe!! puis la Redescend cette fois-ci, moins vite mais en donnant des coups de tête impressionnants. Redescend de nouveau vers un radier et la je l'ai senti faiblir!! C'est moi qui commandais à présent!! Enfin, j'y croyais!!
Au moment où je décide de descendre dans l'eau pour me rapprocher d'elle, la voilà qui repart vers l'amont de plus belle. Elle est puissante, lourde, je ressent sa puissance et son poids au moindre de ses mouvements. Cela fais un moment que nous dansons mais le problème c'est que je ne maîtrise toujours RIEN!! C'est toujours elle qui est aux commandes m'en faisant voir des vertes et des pas mures!! 

Puis je la sens de nouveau faiblir!! Cette fois-ci ça à l'air d’être bon?!! Comme je suis toujours dans l'eau, je décide de la faire passer entre moi et la berge pour pouvoir la coincer!! Mais pas facile d'obliger plus de 6KG de muscles à venir là où on l'a décidé surtout que le courant ne facilite pas les choses!! Je m'y prendrais à 3 fois pour réussir mon coup!!
Quand elle passe à ma portée, je lance ma canne sur la berge devant moi et saisie la belle qui était échouée sur un banc d'herbier!!

Et là, je vous dit pas comme je me suis rendu compte de la BIG TRUITE que je venais de faire!!! Une émotion toute particulière m'a envahie!!!
C'est un  bécard de toute beauté!! Depuis le temps que je rêvais d'en prendre un beau!! Je n'en croyais pas mes yeux, je vous passe tous les wouahs, les ouhhs qui raisonnent encore dans la vallée de la Touques!!

je contemple rapidement ce superbe Bécard, le mesure. Le mètre affiche 77 cm!!!! Je suis comme fou!!!

Après une séance photo rapide je lui rends la liberté avec beaucoup d'émotion!!!
Ce poisson j'y pense encore!! Quel magnifique Bécard!! Des poissons comme ça on en rêve toute une vie et quand ça arrive,  on y est pas préparé!! Jamais je n'aurais pensé faire un jour un aussi joli Bécard à la mouche!!

La FRANCE est un magnifique pays , qui nous offre des terrains de jeux extraordinaires,comme  ici , chez moi en Normandie  sur la TOUQUES, première rivière d'Europe à remontée de  Truite de mer!!
Inutile de faire des milliers de Klm pour se faire plaisir!! Nous avons tout ce qu'il faut chez nous!! Il faut juste ouvrir le yeux et prendre soin de nos joyaux qui perdent de leurs éclats de jours en jours!!!
Cette saison là, environ 7000 Truites de mer ont remonté la rivière!! C'était une année extraordinaire dans tous les sens du terme!!!
Je vous invite à y venir, voir les beautés de la vallée de la Touques , rivière mythique qui vous change un homme!!

Merci à toi Nico qui ma permis de faire partager ma passion pour cette rivière et ces truites de mer qui reste de merveilleux poissons aussi mystérieux que magnifiques.

77cm de muscles.

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On continu avec Hervé Aujon qui nous emmène avec son histoire incroyable sur une des plus belles rivières de notre pays, la Dordogne.

Dès la fermeture de la truite en première catégorie, j’adore pêcher l’ombre sur la Dordogne en deuxième catégorie. Cette rivière me permet de pêcher jusqu’au 15 novembre. Souvent il m’arrive de toucher des poissons exceptionnels sur un fil assez fin .Une année, je ferre un poisson, un combat qui va durer un bon quart d’heure, je l’aperçois mais il se décroche. Grosse truite? Je refais plusieurs passages et de nouveau j’accroche un beau poisson. Incroyable, je réalise le même combat et je perds encore ce poisson. Il faudra que j’attende une année pour réaliser que ce poisson était peut être un Saumon.

Un saumon français :-)

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Retour plus au Nord-Est sur la rivière Ornain avec une autre belle histoire écrite par Éric Charpin.

Pour répondre à la requête de Nicolas, je ne pouvais que choisir la rivière de mes débuts et que je n’ai jamais quitté d’une saison, même si d’autres rivières de l’Est m’ont charmé évidemment. L’Ornain,  qui traverse le département de la Meuse,  fut une des meilleures rivières à truites de Lorraine jusque dans les années 70. J’ai retrouvé son nom mentionné dans de nombreux ouvrages halieutiques, signés par Michel DUBORGEL, Henri LIMOUSIN, et d’autres qui n’étaient pas non plus des manchots !

Aujourd’hui la rivière a forcément changée, sa population s’est transformée au détriment des salmonidés, mais pour moi elle reste la rivière de mes débuts, des premiers vairons capturés derrière le jardin de mon grand-père, et que je revendais chaque soir pour aller m’acheter un peu de fil et quelques hameçons…et puis surtout c’est la rivière ou j’ai croisé un soir d’été mon premier Moucheur. J’ai posé mon vélo dans l’herbe et jusqu’à la nuit j’ai regardé cet homme pêcher en me disant « c’est ça que je veux faire ! » et la passion n’a fait que grandir …..

Une trentaine de saisons se sont écoulées depuis. Des histoires de pêches, autant de réussites que d’échecs, des aventures fameuses avec les potes,  il y en a eu des dizaines probablement. J’ai choisi une anecdote  qui a quelques années, mais dont je me souviens à double titre car elle ne concerne pas un poisson, mais un couple de truites, le fait est assez rare, qui ne se quittait jamais. Le deuxième critère qui fait que je garde cette histoire en tête, est qu’il m’a fallu presque 3 saisons pour comprendre leur manège et  les capturer…..

Le fameux couple de Fario avait élu domicile juste à l’amont d’un seuil d’environ 1 mètre de haut, ou une brusque accélération de courant faisait draguer n’importe quelle mouche. Deux très gros cailloux marquaient  le début de la chute d’eau. C’est presque à la fermeture que j’ai vu ces poissons pour la première fois, nous étions en Septembre et je n’ai pas été surpris de voir ce très gros mâle déjà suivi par une femelle noire charbon.

 Je ne pouvais les observer que depuis un talus assez haut, et de loin,  car au moindre soupçon elles  rejoignaient, selon moi,  l’abri de la couverture végétale toute proche. La berge opposée étant inaccessible, je n’avais pas d’autres chemins pour aller jusqu’à elles. Ma première tentative pour les approcher, ainsi que les suivantes, furent particulièrement frustrantes,  dans la mesure ou chaque approche se soldait par la disparition brutale des 2 poissons…Si encore je les avait vu fuir, je ne m’en serais pris qu’à moi-même, mais là elles s’évaporaient quasiment, et à aucun moment je ne les retrouvais sur l’amont du poste…

La saison s’est vite terminée et j’ai laissé de côté dans ma mémoire cette première déconvenue, persuadé que l’année suivante elles risquaient gros dès l’ouverture, et qu’un vairon ou une cuillère auraient probablement raison de leur méfiance.

L’ouverture fut rapidement là, et un peu plus tard au printemps, de retour sur ce poste pourtant fréquenté, j’assiste de nouveau depuis mon talus au spectacle des deux poissons, toujours inséparables,  avec cette fois la satisfaction de voir la plus grande des  deux venir gober de temps en temps…Canne en main, je prends tout mon temps pour aller me poster avec le maximum de précaution. Je reste attentif au moindre sillage, qui marquerait un départ précipité, mais non rien, elles ne peuvent pas avoir bougé. Une fois en poste, les poissons ont disparu. Il n’y a pas de caches particulières autour de nous, le fond est plat, les berges sont pleines et les abris très modestes pour deux poissons de cette taille. Je peste tout seul au bord de l’eau….

Elles m’ont refait le coup plusieurs fois jusqu’à la fermeture, et une nouvelle saison s’est bouclée sans que je comprenne ou elles pouvaient disparaître avec autant de discrétion…

L’année suivante, le scénario s’est reproduit très tôt dans la saison. Ces deux poissons commençaient un peu à m’obséder, et je passais très très souvent sur le poste pour au moins me rassurer quant à leur présence. J’ai voulu à nouveau les tenter mais même lorsqu’elles semblaient bien à table, le fait de les approcher, même avec des ruses de sioux, les faisaient disparaître.

En désespoir de cause j’ai fini par emmener avec moi un ami pêcheur, uniquement pour que ce soit lui qui descende a l’eau, et que je reste sur ma hauteur, puisqu’au moins de là je les voyais !  J’allais bien savoir comment elles disparaissaient !

Sitôt que mon pote (compréhensif  je l’admets) commença à dévaler la berge, je vis les deux poissons, se déplacer tout doucement vers le courant central et se stabiliser là... Au premier pas qu’il fit dans l’eau, je vis les truites se laisser descendre en « marche arrière » jusqu’à la limite de la cascade, et à un moment,  jugeant probablement le danger trop proche, se laisser tomber dans la chute d’eau, toujours en arrière, sans jamais détourner les yeux de l’amont, d’où venait le danger  potentiel…. !

Qu’une chute d’eau d’un mètre ne représente pas un obstacle pour une truite ne m’a pas surpris, mais qu’elles se laissent toutes deux chuter, en nageant à l’envers en quelque sorte, et avec autant de méfiance m’a laissé perplexe….

Le seul accès pour descendre à l’eau se faisait par ce talus que les farios devaient guetter en permanence.  Une fois résolu ce premier point, j’ai patienté quelques jours avant de retourner les voir. Je ne doutais pas que regagner leur poste devait être une rigolade pour ces deux spécimens. Il ne me restait plus qu’à descendre loin sur le parcours et à remonter la rivière pour arriver par l’aval de la chute, dans leur dos, et les attaquer,  en les voyant, pour la première fois depuis 3 saisons !

Une belle après-midi de printemps fut l’occasion d’essayer le mâle en premier, bien posté sous la couverture végétale, et nymphant tranquillement.

Le comportement du poisson, sa lenteur à aller saisir les proies qui passaient à sa portée, montrait bien sa sérénité et cette fois j’avais une carte à jouer. Une petite Alezane ( Oui Nicolas !) eut raison de ce mâle magnifique, tout gris avec une tête énorme d’un vert bleuté caractéristique des truites de l’Ornain. Bien entendu, il était illusoire d’espérer tenter la seconde le même jour, le combat ayant fait fuir tout ce qui nageait dans le coin.

Plusieurs mois se sont écoulés avant que je ne revoie le deuxième poisson. Je n’étais pas surpris que le mâle reste invisible pour le reste de la saison, du fait de sa mésaventure, mais que la femelle l’accompagne dans sa retraite alors qu’elle n’avait pas été embêtée, ajoutait encore un peu de charme a ce duo inséparable (cela dit d’autres pouvaient l’avoir pêché). Et une après-midi d’Août elle était là, toujours aussi sombre et pour la première fois toute seule. J’ai reproduis le même scénario, en approchant le poste par l’aval de la chute, et j’ai pu aller passer une petite pheasant tail devant ce poisson, qui bien qu’inactif du fait de la chaleur estivale, à bien voulu croquer ma petite nymphe.

Contrairement au mâle qu’elle accompagnait, celle-ci était vraiment d’un Noir étonnant, surtout pour un poisson posté sur du sable clair.

Après cette capture, j’ai délaissé probablement à tort, ce secteur ou j’avais passé tant de temps depuis deux saisons. Je n’y suis retourné que bien plus tard et n’ai jamais revu mon couple de truites. Toutes les hypothèses sont bien sur envisageables (certaines moins agréables que d’autres ) mais dans le doute et peut être un peu naïvement, je me plais à croire qu’elles ont trouvé une cachette encore plus sure et qu’elles continuent leur vie de truites, côte à côte, à l’écart des importuns.

Éric avec une très belle truite de l'Ornain.

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On repart de plus belle vers le Sud de la France avec l'excellent guide de pêche Yannick Rivière.

Alors que dans la journée les captures s'enchainent que ce soit en sèches ou en nymphes avec une grosse 15aine de captures par pêcheurs. Les coups du soir en cette fin de mois d'août ne donnaient pas grand chose. Très peu d'insectes, très peu de gobages, les occasions de captures en sèche étaient plus nombreuses en pêchant l'eau et nous n'attendions plus rien  du  fameux moment. Un score de 7 ou 8 poissons ( ombres et truites) relevé presque de l'exploit(pour le coup du soir). Aussi, c'est sans conviction que nous nous dirigeons vers le lieux que nous avons choisi pour faire le dernier coup du soir du stage et du mois.

Au bout d'une heure, rien ne démarre et seul de minis gobages viennent égayer ce début de soirée. Alors qu'un ombre récalcitrant nous fait toucher le fond de nos boites, un gobage claque à 1m de nos wadders. Sans y faire vraiment attention, nous nous reconcentrons sur l'ombre caractériel mais, à nouveau, un gobage claque. Celui là est encore plus marqué que le premier. Je pense immédiatement à un début d’éclosion de sedge et c'est avec une imitation h16 de couleur rousse que nous l'attaquons. 1 passage, 2 passages, 3, puis 4, les refus s'enchainent alors que nous apercevons le blanc de la gueule de la truite à chaque nouvelle furieuse montée. Je propose d'attendre avant une nouvelle tentative pour comprendre le pourquoi du comment.

Au bout de 5 mn ce n'est plus 1 mais 5 ou 6 gobages qui claquent autour de nous. Les poissons ont perdu toute méfiance et gobent dans de magnifiques gerbes d'eau des insectes que nous ne voyons pas!!!!

Malgré la frustration nous restons calme et  admiratif devant ce spectacle. Je cherche dans ma boite pendant que les amis tentent leurs chance quand je tombe nez a nez avec la série de « mane » que je monte sur des hameçons de 14 à 8 pour les éclosions d'oligo qui ont lieu fin juillet et début août. Cette année absentes aux dates conventionnelles, toute la série était là, flambant neuve prête à en découdre. Nous montons une pointe en 14cent et une de ces imitations H14. Premier passage, premier poisson!! Les gobages claquent, les prises s'enchainent et enfin les premières émergences ont lieu.  Alors qu'il ne reste plus que 45mn avant la nuit, l'activité baisse un peu. J'en profite pour rassembler les troupes, faire baisser l’adrénaline et refaire les pointes. Ce début d'activité était une mise en bouche, le gros de la troupe va éclore d'ici 1 quart d'heure et il faut être prêt. Nous montons une pointe en 18cent et une mouche en hameçon de 10.

A ce moment ,tout le monde est sur le pied de guerre, les manes sortent de l'eau et forment des nuages blancs qui crèvent le ciel et font du rase motte. Les poissons comme fous, sautent sur nos imitations, les rates, re sautent, se pendent parfois seul sur la violence de leurs attaques....la folie.

La nuit arrive, nous regagnons la berge. Personne ne parle mais les regards fusent. Nous avons tous pris et relâchés une 20aine de poissons en 45mn. Un moment fort que nous partagerons encore autour d'un bon repas et qui nous fera rêver toute l'arrière saison.

Après cet épisode, les éclosions d'oligo seront régulières jusqu'à la fermeture. Bien qu'en retard, elles ont été abondantes. Les boites seront à nouveau bien garnies l'été prochain en espérant revivre de tels moments.

Bel ombre de notre pays.

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Un petit tour en Franche-Comté, région bien connue des pêcheurs à la mouche en compagnie de Clément Lavaux.

Je me souviens étant gamin, de toutes ces soirées passées dans mes quelques livres de pêches à dévorer toutes ces histoires de pêche de la truite en rivière, j’étais fasciné par ces photos de pêcheurs à la mouche dans des vallées somptueuses. Cette pêche me paraissait tellement inaccessible ! Ma passion dévorante et le hasard de quelques rencontres fabuleuses telle que celle de Michel FLENET lorsque j’avais 12 ans m’ont fait accéder à cette merveilleuse technique qu’est la pêche à la mouche.

Je jette encore un œil de temps en temps dans ces livres de pêche qui m’ont tant fait rêver, aujourd’hui je reconnais ces vallées somptueuses, le Doubs à Goumois, la Loue et bien d’autres paradis où j’ai eu la chance de pêcher. Je sais que ces rivières sont fragiles et que les potentiels ont baissés, mais j’ai déjà tellement de souvenirs, tellement d’anecdotes, de bons moments passés au bord de ces rivières que je ne pourrais jamais les déserter. Chaque fois que je me retrouve dans ces « joyaux » je me sens tellement bien et tellement dans mon élément que j’en oublie tout le reste. Je sais très bien que je pourrais aussi partir à l’étranger, découvrir de très belles rivières si peuplées en poissons, mais mon plaisir et mon bonheur sont ailleurs. Pêcher seul ou partager ma passion avec un ami sur « mes » rivières, faire passer ma mouche le long du même caillou tous les ans sont des plaisirs simples dont je ne pourrais pas me passer.

Si je devais choisir une seule de mes journées de pêches je pense que je choisirais celle du 30 Juin 2008. Cette journée je l’ai passé sur les bords de la Loue avec mon pote David. Tous les deux nous faisions nos premiers pas sérieux dans le monde de la nymphe à vue. Nous avons eu la chance de tomber sur une de ces journées ou les truites sont toutes dehors. Chacun notre tour, nous attaquions un poisson, celui qui ne pêchait pas guidait l’autre depuis la berge. Cela nous a permis de prendre chacun de superbes truites, cela m’a même valu de prendre ma première zébrée de plus de 55cm.

Toute la journée s’est résumée sur le partage et la patience, les clefs de la réussite quoi !

Ce fût vraiment une réussite pour moi de faire de si beaux poissons sur cette rivière, où quelques années plutôt je ne faisais pas un poisson ! Ce jour là j’ai vraiment pris conscience du potentiel des rivières de Franche-Comté ! Il est vrai que depuis 2008, l’état des rivières à continuer à se dégrader et on connaît tous les conséquences désastreuses sur la population de truite et d’ombres. Je continue cependant à pêcher sur la Loue, le Doubs et les autres rivières Franc-Comtoises, et je prends toujours du plaisir, ne serait-ce qu’à passer dans ces endroits qui me sont désormais familier et qui font partie de ma vie.

Si on me demandait aujourd’hui quel serait mon rêve, je crois qu’au delà de prendre « la truite de ma vie », je souhaiterais vraiment que ces rivières fassent encore rêver les tout-jeunes pêcheurs d’aujourd’hui et ceux de demain.

Clément avec une belle zébrée

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Une histoire de pêche à la mouche en mer comme l'on peut en vivre en France avec l'incontournable Christophe Lecoq.

Chaque été, je remonte en Normandie voir ma famille. Au fil des ans, la côte sauvage du Nord Cotentin s’est révélée petit à petit au regard du moucheur que je suis. Et quand le soleil et un vent nul ou faible vous accompagnent, ce bord de côte devient un monde féerique peuplé de créatures halieutiques d’une beauté saisissante.

Malheureusement, en ce début de juillet 2012 la météo est carrément catastrophique pour ma 9.6 pieds soie 6. Pendant la première semaine, un vent fort et une pluie soutenue m’interdisent d’aller faire pisser le moindre corniaud dehors. Résigné, je fini par suivre avec assiduité le Tour de France à la télé avec mon beau-père. Dès les premiers kilomètres de l’étape, beau-papa crée la surprise en s’échappant dans les bras de Morphée, au fond du canapé. J’en profite pour sortir l’étau, tout en guettant l’espoir à travers la fenêtre…Ironie du sort, les Forças de la route traversent le pays avec le beau temps ! Ce n’est pas possible !!! Ils ont dopé Miss Météo avec de l’EPO ! Même les hélicos de France 2 filment le niveau impeccable des belles rivières de notre pays.

Finalement, la pluie cesse enfin après plus d’une semaine et demie interminable. Je m’échappe discrètement en fin d’après midi en direction de Cherbourg. Sur la route, je réfléchi sur le choix des zones portuaires qui m’épargneraient du vent encore présent mais acceptable. Je passe l’intermédiaire dans les anneaux et j’accroche une « moumouche » (un leurre souple spécial rockfishing que j’ai adapté pour la mouche, vraiment très efficace !).
Pendant une heure, je vais enchaîner quelques petits crénilabres mélops, cténolabres, gobies, et blennies. J’ai même vu un spectacle très sympa, en regardant un joli mulet lippu en train de se faire déparasiter par des cténolabres. Dommage, je n’ai pas vu de vieilles…

La soirée s’installe, il est temps pour moi d’abandonner cette pêche à vue passionnante pour une pêche à la mouche plus classique. Je rajoute une pointe plongeante et je change ma moumouche pour un petit clouser en taille 6. Je vise tacauds, lieux jaunes et chinchards.
Je suis très confiant car le vent est tombé et je suis sur marée montante. Au bout d’une demi- heure que je vois une belle chasse à ma gauche. Une petite dizaine de prédateurs sont en ébullition sur le bord. Visiblement, ces poissons acculent des bancs d’alevins contre les enrochements pour mieux s’en saisir. Le spectacle est grandiose !

Je m’approche de cette frénésie par un ponton parallèle de 20m à la berge. Je lance ma mouche dans le paquet et la ligne se tend aussitôt ! L’imprudent défend chèrement sa peau. D’un seul coup il se trouve sous 5mètres d’eau à l’aplomb d’où je suis ! J’ai peur que le fish passe de l’autre coté du ponton. Je plonge la pointe de ma canne, tout en gardant le contact…Puis le fil se détend …merde… J’ai pété mon 18% fluoro ? Non décroché !!! Fait chier ! Je sais que ce temps de prise de contact a été trop long. Fatal d’un ou deux dixièmes de seconde quand j’ai vu partir mon bas de ligne. Visiblement ce ne sont pas des carpes !! lol

La petite sauterie s’est évanouie. J’arrange ma soie dans le panier de lancer. Je vérifie la pointe de mon hameçon et en me retournant, un groupe de poisson plus important opère de la même manière à une quarantaine de mètres de moi ! J’avance fébrilement vers cette horde d’affamés. A 15 mètres de distance, je déroule ma soie. Deux strips et la ligne se tend de nouveau brutalement ! Là encore le poisson se défend vaillamment. Surprise ! Un maquereau ! J’étais certain d’avoir affaire à des chinchards. J’étais persuadé que le maquereau, poisson pélagique, ne s’approchait pas à moins de 5m du bord. Encore moins qu’il utiliseait les enrochements et la surface pour coincer sa proie. J’ai même vu des maquereaux, pris dans leur élan, parfois, se cogner contre les rochers dans leur quête de nourriture. Pendant deux soirées, j’ai profité pleinement de ses petits bancs de thonidés qui longeaient la roche. C’était vraiment très fun !

La pêche à la mouche en France est devenue une utopie pour certain. J’ai la chance d’habiter dans le Béarn. Mais croyez moi ou non, depuis que je varie mes sorties, je vis pleinement la pêche à la mouche. Je n’exclus aucune espèce à tenter avec mon fouet. Bien au contraire, je me fais plaisir avec toutes. Cela m’amène à avoir une meilleure connaissance de toutes sortes de milieux en France. Cette richesse que je qualifierais d’horizontale m’apporte un plaisir sans cesse renouvelé.
Il est toujours possible de se faire plaisir avec la truite exclusivement. Mais cette vision verticale d’appréhender la pêche à la mouche est bien trop restrictive à mon goût. Elle peut faire rêver ce que je comprends aisément. Les magasines mouche en usent et abusent mais quel avenir pour cette truite dont le biotope n’en finit pas de se réduire comme peau de chagrin ?
Les plus fortunés continueront de traverser la terre pour pêcher de magnifiques sanctuaires encore préservés. Ainsi, ils contribueront à accentuer un peu plus ce réchauffement climatique. Et les autres ? Ils pourront toujours se masturber sur la page centrale du dernier « mouche voyage » :
Kim, égérie de la marque « Mouches D.T.C » Une blonde pulpeuse, aux seins magnifiquement siliconés, exhibant une morue décongelée, élevée en Norvège, posant à demie nue, canne à mouche rose sur l’épaule et le tout dans le cadre d’une île déserte des caraïbes ! Les plus optimistes diront que la masturbation préserve du cancer de la prostate…

Nous sommes encore très loin de ce constat. Cependant, les ichtyologistes les plus en pointe, prédisent une réduction drastique de l’aire de répartition de la truite dans les prochaines décennies. Changement climatique, barrages, arrosage des cultures, urbanisation, disparition des glaciers…etc.…toutes ses agressions cumulées engendrées par l’homme ont et auront un impact majeur sur les salmonidés. Certains, écœurés, rangeront le fouet au fond du garage. Ce choix est compréhensible et respectable ! Mais si nous dépassons ce clivage culturel, les moucheurs les plus ouverts découvriront des poissons et des secteurs insoupçonnés.

Aujourd’hui je cède volontiers ma place sur une bordure du gave d’Oloron sur-fréquenté pour une partie de mouche en mer ou en seconde catégorie au fouet. Selon moi, la solitude, et l’inattendu font partie des ingrédients pour réussir une belle partie de pêche à la mouche. Bien des moucheurs français se sont appropriés des espèces alternatives pour s’éclater ! La noblesse du poisson pêché n’est que dans l’œil de celui qui le regarde. C’est aussi une autre manière de faire un geste généreux envers nos truites.


Magnifique poisson d'eau salée.

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Le brochet est aussi bien répandu dans notre pays, la preuve avec cette histoire d'Olivier Janin.

La brume estivale n’estompait déjà plus le bocage morvandiaux et la rivière qui le traversait m’apparaissait généreuse ce matin-là. Est-ce cela une part du sens de l’eau ? Accordons simplement qu’il me semblait que tous les facteurs d’une bonne journée de pêche étaient réunis. C’était il y a une vingtaine d’années et je m’escrimais déjà depuis quelques temps à propulser de gros hameçons recouverts de fibres diverses et colorées à l’aide d’une canne à mouche alors qu’il y avait encore peu je tentais d’allonger correctement 10 mètres de soie, les deux pieds dans la neige sur un quai de Saône à Lyon, devant mon instructeur désespéré par la lenteur de l’apprentissage.

L’évidence de la technique de la pêche à la mouche appliquée à mon carnassier préféré m’avais semblé au moins aussi claire que pour la truite. Quelques articles confidentiels sortis des revues halieutiques de l’époque avaient également orienté cette réflexion et suscité ma curiosité.

Canne en main, j’abordais la rivière par ce poste prometteur : en face de moi un courant peu profond s’ouvrait sur une large fosse ceinte sur ma rive d’un herbier, de quelques branchages et surtout d’un petit ru déversant ses eaux fraîches sur un lit sableux sur celle opposée.

Il ne me fallait point attendre. J’étais fébrile à l’idée de surprendre enfin le prédateur, celui qui ferait autant vibrer le carbone de ma canne que mes sens, c'est-à-dire enfin un poisson dont la taille n’aurait plus aucun rapport avec les deux ou trois fingerlings suicidaires qui avaient jusqu’alors daigné croquer à pleines dents l’improbable poissonnet poilu.

Par pitié, sans doute.

Avec l’assurance et la précision du dentiste parkinsonien, j’assemblais les quatre brins de ma canne mais ce fut quand je voulus sortir le bas de ligne en acier de la bobine du moulinet que les tremblements cessèrent : déconfit à la vue de la crinelle manquante, je m’insultais intérieurement copieusement.

Il est vrai qu’elle était inutilisable depuis qu’elle avait décidée quelques temps auparavant de s’amouracher d’une branche de saule qui lui avait fait perdre sa rectitude. Je m’étais séparé d’elle sans sentiment.

Et tout bien réfléchi, la bobine de crinelle devait siéger quelque part sur une boîte de matériel, chez moi…

La longue pointe de nylon de 22/100ème que je tenais dans la main était incompatible avec cette belle journée. Et soudain, l’idée !

En repliant plusieurs fois  le nylon sur lui-même et en y faisant un nœud, j’avais une solution précaire –mais solution quand-même- pour faire face à une éventuelle coupe franche.

Je nouais un streamer sur les 4 bouts de nylon d’une vingtaine de centimètres et allais enfin pouvoir débuter ma partie de pêche.

Je m’avançais dans l’eau de manière à pêcher le poste de l’embouchure du ru. Après quelques faux lancers, le streamer se posa au pied de l’arrivée d’eau et coula lentement en dérivant dans le courant léger. J’animais le leurre à le rendre le plus appétissant possible jusqu’à le voir à mes pieds.

C’est au troisième lancer, alors que j’allais reprendre contact avec ma soie que je la vis subitement transpercer l’eau en direction de l’amont. Je répondais à cette invitation à l’étrange par un ferrage quasi réflexe en bloquant la soie dans ma main gauche, relevant ma canne de la droite.

Le brochet, posté à l’aval du ru, s’était saisi de mon imitation à sa lente descente. Il tentait maintenant quelques rushes pour se débarrasser du fer qui était bien planté dans sa gueule. Une dernière chandelle d’honneur et il glissait contre mes doigts qui le saisirent derrière les opercules.

Cette jolie bestiole d’environ 65 centimètres me conforta dans les promesses du jour, d’autant qu’elle avait mordu dès le premier lancer. Elle faisait partie des plus grosses que j’avais touchées depuis que je persévérais dans la technique du brochet à la mouche.

Je la rendais délicatement à son élément.

Je pus constater que l’idée de quadrupler le nombre de bout de nylon du bas de ligne fonctionnait, puisque un seul avait été coupé durant la bataille et que les trois autres tenaient ferme et n’étaient pas éraillés.

Je supprimais le brin galeux et relançais parallèlement à l’herbier en dessous de ma position.

La pente sableuse douce sur laquelle il poussait était un drive-in à goujons, petits chevesnes et autres « queurcilles » (vandoises) comme disent les morvandiaux.

Un sillage en « V » se forma quasi immédiatement derrière le streamer. Le brochet le suivait de près, bec collé contre les fibres ondulantes. L’attaque fut aussi rapide que ma réaction de ferrage. Malheureusement pour moi, je constatais, streamer dans la paume de la main, qu’elle avait échoué. Le brochet avait refermé la gueule sur les fibres sans toucher à l’hameçon, déduction faite de la toute nouvelle coupe courte de mon oriflamme.

C’était une déception en mi-teinte car malgré ce deuxième brochet raté, il était évident que les carnassiers étaient de sortie ce jour et que j’avais encore toutes mes chances…

Je relançais donc à plusieurs reprises sur les lieux de l’attaque, sans succès. Le brochet devait avoir décidé que cette bestiole ondulante était peu goûteuse.

Je descendis alors le long de la rivière, 50 mètres plus aval et réitérais mes lancers et animations cadencés. Les eaux étaient basses en ce début d’été aussi ne fus-je pas surpris de l’arrêt brutal qui me bloqua la soie dans les mains. La rivière, parsemée de blocs granitiques immergés m’avait déjà offert quelques émotions rapidement transformées en désillusions…

Pourtant, cette fois-ci, après deux interminables secondes, le bloc sudète se mit en mouvement vers l’amont de la rivière, remontant le courant avec la détermination des Eduens rencontrant les Arvernes. Les violents coups de tête que me transmettait ma canne dans le poignet confirmèrent qu’il ne s’agissait pas de granit !

Je transpirais déjà à l’idée de mes trois bouts de nylon dans la gueule que j’imaginais immense.

Je fus rassuré lorsque je vis passer le brochet devant moi. Certes, je n’en avais jamais touché d’aussi gros, mais je pus apercevoir le streamer fiché à la commissure des deux mâchoires. J’avais encore toutes mes chances.

Les combats avec les gros poissons semblent toujours durer une éternité. Malgré ma gaucherie à échouer une aussi jolie bête, je crois me rappeler qu’il était couché sur l’herbe avant un quart d’heure de ballet aquatique.

Qu’il était beau ! Et gros ! Je le mesurais à 90 centimètres. Jamais n’en avais vu de pareil.  Ni pris, d’ailleurs. J’étais aux anges ou au même niveau, sur un petit nuage.

Ma béatitude évaporée, je le fis glisser dans l’eau. Il ne demanda pas son reste.

C’était une belle journée, je le savais.

Olivier avec un beau bec pris à la mouche

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Un passage dans le centre de la France en Auvergne avec un local bien connu, Stéphane Corre.

Lorsque Nicolas m’a parlé de sa volonté de faire un article pour mettre en valeur nos rivières et leurs poissons à travers une histoire de pêche, je n’ai pu m’empêcher de penser à ce jour exceptionnel que j’avais vécu avec Maurice sur notre Sioule.

Durant toute la semaine qui avait précédée cette journée de samedi, la Sioule avait gardé un débit conséquent malgré que nous soyons en juin. Nous avions le sentiment de passer à coté de la meilleur période pour la pêche en sèche. Satané coup du soir qui nous échappait.

Nous avions malgré tout décidé une partie de pêche sur l’un des secteurs propice à livrer quelques gobages par eaux hautes. En ce début de week end, EDF se décidai à couper les vannes, la rivière baissa lentement, inexorablement. Ce spot devenait un choix bien discutable.

Avant même notre arrivée, deux autres pêcheurs étaient déjà en action, nous laissant guère de possibilité et d’espoir. C’est avec une certaine désillusion que nous avions pourtant fait le choix de rester sur le secteur. Contre mauvaise fortune nous faisions bon cœur en se disant que demain serait probablement meilleur.

La partie de pêche tournant presque à la bérézina lorsque ce fut une pluie fine qui se déclencha. Rien ne semblait se dérouler comme prévue. Quelques éphémères virevoltaient bien de ci, de là. L’eau diminuant, un petit bief commençait à dessiner une veine d’eau plus marqué.

Là en quelques minutes l’inattendue se produisit, devant moi et nulle part ailleurs, regroupé sur une 50aine de mètre ou le courant s’intensifier, bon nombre de poissons se mettaient en poste. L’activité ne cessa de s’amplifier autour de moi. J’eus le sentiment d’être béni des dieux. L’impression de vivre l’un de ces moments qui se rapproche des histoires de nos anciens ou la Sioule écrivait sa légende. Des gobages partout,
Je ne savais plus ou donner de la tête, j’enchainais les prises avec une facilité déconcertante .Nos compères de l’aval accompagné de mon partenaire de jeu, incrédule et décontenancé avaient cessé depuis longtemps de pêcher, observateurs de ces instants magiques que j’étais en train de vivre. La Sioule s’offrait à moi, .J’allais en à peine 2 heures presque sans bouger mettre à l’épuisette un nombre de poisson jamais égalé dont deux magnifiques individus dépassant les 45 cm qui semblaient avoir perdu toutes meffiances. Des raretés que l’on ne touche pas tous les jours sur nos rivières d’Auvergne et surtout en sèche.

Bizarrement je n’ai jamais compris ce qui s’était produit ce jour. Je suis retourné des dizaines de fois à cet endroit sans jamais revivre une telle frénésie. Comment cela avait pu se produire et pourquoi juste à cet endroit. Aujourd’hui il me reste les souvenirs d’avoir vécu l’un des ces moments inoubliables que livre la Sioule parfois.

Magnifique truite de la Sioule.

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Attention, cet article n'est pas fini, cliquez sur ce lien pour lire la deuxième partie. Les récits de Damien, Marc,  Fabrice, Julien, Marc, Muriel et Bruno vous attendent !