Pour cette nouvelle interview, je reçois aujourd'hui un monteur de mouches exceptionnel. Cyril est le monteur qui m’impressionne le plus en ce moment et de très loin. Ses mouches sont de vraies mouches de pêche réalisées avec des matériaux de qualité et un équilibre parfait, on est pas loin de la perfection. Je suis content qu'il ait accepté, vous pouvez ainsi faire mieux connaissance avec ce passionné.


Nicolas : Salut Cyril, avant toutes choses, peux-tu nous faire une petite présentation s’il te plait ?

Cyril : J’ai 36 ans et je suis originaire des Vosges, hé oui encore un !!! J’exerce la fonction de technicien qualité et métrologue. Marié à une femme merveilleuse qui me laisse assouvir cette passion et trois petits bouts à la maison.

Mon invité.

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Nicolas : La pêche à la mouche est une passion familiale dans ton cas, tu n’as pas trop eu le choix en fait non ?

Cyril : Non pas vraiment !!!Comme Obélix, je suis tombé dedans dès mon plus jeune âge et depuis, je n’ai jamais cessé cette passion extraordinaire.

Cyril avec son papa.

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Nicolas : Dans ta jeunesse, tu as eu la chance de pêcher avec ce grand monsieur qu’est Henri Bresson, parle nous un peu de lui à travers une anecdote dont tu te souviens ?

Cyril : J’ai rencontré Henri Bresson quand  j’étais tout gamin, c’était un pêcheur de légende avec un style parfait. Il n’était pas avare de conseil et j’ai beaucoup appris à ses côtés. C’est l’un des premiers à me dire que mes mouches étaient jolies ! Je n’ai pas d’anecdote bien précise mise à part quelques récits de ses fabuleuses parties de pêche racontées par le maître en personne. Il ne voulait pas entendre parler de l’oreille de lièvre !!! Je n’ai jamais su pourquoi, mais pour lui ce n’était pas une mouche. Je lui ai demandé à plusieurs reprises qu’il m’explique la pratique de la pêche en nymphe. Mais sa réponses était toujours la même : avant de savoir pêcher en nymphe, il faut déjà savoir pêche en sèche ! Il n’avait pas tort !!!  Alors j’ai pêché en sèche de toutes les manières possibles pendant une vingtaine d’années. Bien entendu, pendant ce laps de temps,  je m’essayais à la pêche en nymphe, mais cela fait cinq ans que je la pratique assidument !     

La peute par Cyril.

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Nicolas : Tu es basé dans le Nord-Est de notre pays, quelles sont tes rivières de prédilection et pour quelles raisons ?

Cyril : Toutes, dés qu’il y a des ombres !  J’ai un gros faible pour le Doubs. Mais actuellement, il souffre et je dois avouer  que cela me peine de voir une rivière de légende se dégrader de la sorte. Je profite de cette occasion pour féliciter tous les acteurs qui œuvrent chaque jour pour sauver ce cours d’eau et pour que renaissent à nouveau ces légendes merveilleuses qui en ont fait sa réputation halieutique.

Le Doubs à Goumois.

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Nicolas : Tu es avant tout un pêcheur de nymphe à vue. Que t’apporte cette technique par rapport aux autres ?

Cyril : Je ne pense pas être un nympheur exclusif mais plutôt un adepte de la pêche à vue en général. J’essaie depuis de nombreuses années de leurrer tous mes poissons à vue. C’est une sensation unique qui est difficilement explicable et que seuls  les convaincus de cette pratique peuvent comprendre.

Quel poisson ne craquerait pas pour de telles friandises.

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Nicolas : Sur les rivières que tu pratiques, il y a des ombres et des truites, mais je crois que tu as une préférence pour les ombres alors que c’est plus souvent le contraire chez les pêcheurs à vue, explique nous pourquoi ce poisson t'attire tant ?

 

Cyril : Pêcheur d’ombre un jour, pêcheur d’ombre toujours. Je ne sais pas vraiment ce qui m’attire chez ce poisson… Peut- être son côté fantasque ? Par moment il en devient fantastique.

Un ombre de la Moselle.

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Nicolas : Maintenant que l’on a fait connaissance avec Cyril le pêcheur, on va parler de celui qui est déjà très connu, Cyril le monteur de mouches. Depuis quand et comment t’es tu passionné pour le montage de mouche ?

Cyril : Depuis ma tendre enfance !!! Issue d’une famille de pêcheurs à la mouche, c’était facile de tomber dedans. J’ai tellement regardé  mes frangins monter des mouches que je savais pratiquement les réaliser quand j’ai commencé. C’est une drogue chez moi !!! Je monte pratiquement tous les jours. C’est un bon moyen d’évacuer le stress et ça me permet de  rêvasser à des pêches imaginaires.

Cyril fait parti des monteurs les plus doués du moment de mon point de vue.

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Nicolas : Tu as choisis de partager ta passion et ton savoir faire via un blog. Je crois que c’est important pour toi de partager et d’échanger sur le montage non ?

 

Cyril : Le partage, c’est l’essence même de la pêche à la mouche et je regrette le temps où chaque pêcheur croisé sur le bord de l’eau, n’hésitait pas à t’ouvrir sa boite et te montrer sa plus belle imitation. De nos jours, c’est de plus en plus rare.A quoi sert la richesse de l’expérience si elle n’est pas partagée ?

Une variante des célèbres ATE (André Terrier Émergentes)

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Nicolas : Ton blog présente tes mouches à travers des photos magnifiques, quel est ton matériel et comment pratiques-tu ?

Cyril : J’utilise un Nikon Coolpix S570 et un bridge Olympus SP-800UZ. Pour le reste, c’est de la bidouille : une feuille de papier blanc pour tamiser la lumière et une ampoule assez forte de couleur blanche. Mais j’aimerais passer au reflex car j’ai atteint les limites de mes deux appareils et je souhaiterais encore faire évoluer mes photos.

Cyril avec un ombre.

Nicolas : Tu es inspiré par d’autres monteurs  renommés ou tu fais abstraction de tout ça et tu essais de créer ton propre style ?

 

Cyril : Je m’en suis énormément inspiré.  Encore une fois, mes frangins y sont pour beaucoup et tout particulièrement Florent. Sinon j’ai une liste gigantesque… Je vais essayer de citer les principaux : Bresson, Sawyer, Jean-Paul Dessaigne, Michel Flénet, Jean-Marc Somaré, Lucian Vassie, Gérard Picard, Bernard Maillet, René Harrop, Ygor Stancev, Oliver Edwards, Walter Reisinger, Stéphan Florian et toi ! Car tu as de très bons montages.

Jean-Paul Dessaigne et Michel Flénet sur la Moselle.

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Nicolas : Ce que je trouve remarquable, c’est que tu ne fais pas du montage de salon, toutes tes imitations respirent la pêche, tu fais attention à cet aspect pêchant dans tes réalisations ?

 

Cyril : Je pense qu’il y a deux groupes bien distincts de monteurs de mouche. L’un est réaliste et le second est figuratif. Je fais partie du second. Le montage réaliste demande une grande maitrise de chaque technique et beaucoup de temps. C’est un art que j’admire et il est bien utile, car c’est souvent grâce aux monteurs réalistes que l’on doit certaines techniques bien précises et l’utilisation de matériaux inédits.  Le montage figuratif n’est, quant à lui,  pas des plus simples non plus. Il faut une bonne dose d’observation sur le terrain et penser suggérer avant d’imiter.Les modèles suggérés sont la plupart du temps des montages d’ensembles, ils sont créés pour leurrer nos hôtes des rivières, ils doivent êtres simples à monter, solides, efficaces avant toute autre chose. En gros, ils sont à l’inverse des montages réalistes, qui sont destinés à leurrer le pêcheur et les monteurs passionnés comme moi.  

Des vraies belles mouches de pêche.

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Nicolas : Pour en avoir parlé ensemble, on sait qu’il est très difficile de créer de nos jours dans le montage tant tout a déjà été inventé…Je suppose néanmoins que tu ne désespères pas de trouver un jour une innovation importante ?

 

Cyril : Trop tard !!! La Pheasant Tail existe déjà !!!  C’est pour moi la Mouche du siècle ! Je ne pense pas faire mieux un jour.

Une mouche sèche magnifique qui respire la pêche !

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Nicolas : Rassure nous, tu ne pêches pas avec tout le panel de mouches que l’on peut voir sur ton blog, tu dois bien avoir tes préférences aussi bien en sèche qu’en nymphe non ? 

Cyril : Je vous rassure et pour preuve, voilà mes quatre bêtes de concours.

Petite nymphe avec bille noire Ø1.5mm

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Sa mouche passe-partout.

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Son imitation de fourmi.

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Une aussi célèbre tête cuivre sur hameçon de 20.

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Nicolas : Lorsque l’on monte beaucoup en essayant de créer, on a quelques fois la très bonne surprise de faire du poisson avec un essai sorti tout droit de notre imagination. As-tu un tel souvenir à la pêche Cyril ?

 

Cyril : Cela devient dur de créer une mouche de nos jours ! Il y tellement de monteurs et d’imitation différentes  et je dois avouer que j’y songe  rarement quand  je monte. Actuellement j’essaie de faire évoluer des modèles éprouvés en utilisant des nouveaux matériaux.Mais je ne désespère et je suis toujours à la recherche du Graal, même si je sais que la mouche parfaite n’existe pas. Cependant, j’aime bien y croire et c’est peut-être bien là que réside la magie de notre passion.

Cyril recherchant le graal dans ses boites.

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Nicolas : J’ai été très heureux de te recevoir sur ce blog Cyril. Merci de ta participation, je te souhaite réussite et bonheur pour la suite de tes aventures que je ne manquerai pas. Si tu souhaites, avec Florent, revenir visiter la haute rivière d’Ain, je me ferai un plaisir de vous accompagner.

 

Cyril : J’étais très honoré de répondre à ton interview et je dois admettre que l’exercice est difficile pour  un grand timide comme moi !  J’espère que nous arriverons à nous caler une date et c’est avec grand plaisir que nous acceptons l’invitation.

Bien sur, et pour vous qui suivez mes interviews, vous le savez maintenant, ce n'est pas fini ;-) . J'ai demandé à un proche de Cyril de m'écrire quelques lignes. C'est son frère Florent qui s'est prêté à ce jeu ma foi pas facile. Je laisse la parole à Florent...

Le grand frère de Cyril, Florent.

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Florent : Je te remercie Nicolas de me donner la parole pour parler de" Cyclette "et de la pêche à la mouche. Ce n'est pas évident de parler de son frère. J'vais faire simple...Dès l'âge de 9 ans ,Cyclette est tombé dans la pêche ,le papa pêchant ainsi que notre grand frère et moi même , c'était quasi évident pour Cyril.
Très vite, il est devenu dingue de notre passion et amoureux de notre rivière .Tous les instants de liberté, il les passa au bord de l'eau ou devant l'étau. Nous avons eu la chance d'avoir de très bons conseils de Mr Bresson ,cela aide pas mal !!!! Les instants dans son magasin de Vesoul  (V'soul pour les comtois). H.Bresson devant l'étau nous contant ses parties de pêches et ses montages de mouches sèches....la Sauvage...la Peute... ,Cyril  était émerveillé, il buvait  toutes ces paroles ,c'était magique !!!! 
Cyclette est un passionné du montage ,méticuleux , il faut le voir confectionner une mouche ,son blog en est la preuve ,c'est du grand art !! Son blog est vite devenu une référence, en plus, il aime faire partager cette passion qui l'envoute. C'est marrant car sur le bord de l'eau, Cyril est très discret ,parle pas beaucoup...C'est un Vosgien quoi !!!

C'est mon p'tit frangin, j'suis fier de lui.

Merci à tous les deux, que cette passion soit ancrée en vous encore longtemps, et merci de partager votre savoir. Je vous attends de pied ferme les frères Bailly pour une soirée montage et un lendemain pêche :-) A très bientôt.

Et si jamais vous ne connaissez pas le blog de Cyril, c'est par là => Cyril Bailly.