Il y a bien longtemps qu'un ouvrage sur la pêche à la mouche n'avait été aussi attendu. A peine la nouvelle parue dans le dernier Pêches Sportives qu'un grand nombre de pêcheurs ont passé commande.
Alors qui mieux que son auteur pouvait être à même d'en parler. Philippe Boisson a bien voulu répondre à mes questions à propos de son bouquin, de quoi vous faire saliver avant de découvrir vous même les premières lignes de cet ouvrage qui va faire un tabac dans notre petit monde de moucheur, c'est certain!

Nicolas : Salut Philippe ! « De la pêche à la nymphe » est le livre qui fait l’actualité du moment dans notre petit monde de pêcheurs. Il est toujours intéressant de connaître « l’histoire » d’un livre. Raconte-nous un peu comment est né ton ouvrage, de quelle manière il a pris forme.

Philippe : Au départ, l’idée vient de Vincent Lalu qui me l’avait proposé il y a au moins dix ans, mais je ne me sentais pas prêt à cette époque, car chaque année mon expérience s’enrichissait au fil des voyages de pêche et des rencontres. Il faut une grande maturité pour se lancer dans un livre comme celui-là. En écrivant un ouvrage, on se dévoile, on se rend “coupable”, on formalise les choses, alors il faut se sentir prêt. J’ai commencé de pêcher à la mouche à 16 ans et j’ai 43 ans, alors le moment est venu de faire un point sur toutes les techniques de pêche à la nymphe.

Nicolas : D’après le descriptif paru dans le Pêches sportives n° 85, ce livre parait très complet. On pouvait s’attendre de la part d’un spécialiste de la nymphe à vue franc-comtois à autre chose, mais non, tu abordes également la pêche en nymphe au fil, la nymphe dans le monde etc…C’était important pour toi d’aborder tous ces sujets ?

Philippe : C’est le problème avec les étiquettes ! Si tu es bon dans une technique, les gens s’imaginent que tu es forcément mauvais avec d’autres… J’ai toujours pêché au fil, car contrairement, là encore, à ce que l’on croit, les rivières de Franche-Comté n’ont pas toujours été claires comme de l’eau de roche, tu en sais quelque chose. Certaines années, les crues se sont succédé et il fallait bien continuer de pêcher. Mon métier de journaliste halieutique m’a amené à rencontrer beaucoup de pêcheurs français ou étrangers, parmi lesquels Jacques Boyko, Yann Caléri, Jean-Michel Radix, Marcel Roncari, Wladyslaw Trezbugna, Mel Krieger, etc, qui comptent parmi les meilleurs spécialistes mondiaux de la pêche au fil. J’ai beaucoup appris avec eux. J’ai pêché dans 25 pays et dans la plupart des cas, les eaux ne permettaient pas de pêcher à vue. J’ai toujours cherché à comprendre les choses et à les adapter au mieux. Avant de pêcher à la mouche, je pêchais au coup et faisait quelques concours dans ma région. Parallèlement, je pêchais la truite au toc sur la Loue avec un ami de mon père. Lorsque j’ai découvert la pêche à la nymphe au fil, j’ai mesuré tout ce que cette technique doit à la pêche au toc et à la pêche au coup ! C’est une évidence, même si certains pêcheurs au fil ont du mal à l’admettre. Il faut aussi comprendre que j’ai commencé d’écrire ce livre en mars de cette année et que cela a coïncidé avec le tragique épisode de cyanobactéries toxiques sur la Loue et le Doubs. Faire un livre sur la pêche à la nymphe limité à la Franche-Comté n’a malheureusement plus de sens aujourd’hui.

Nicolas : Tu as écrit ce livre uniquement par rapport à ton expérience personnelle ou il y a aussi un travail de recherche en complément ?

Philippe : J’ai surtout voulu faire en sorte que dans ce livre, l’ensemble du contenu (400 000 signes de texte et environ 200 photos, soit environ 350 pages) soit à 100 % assimilable et utile aux lecteurs. C’est tellement facile de montrer 75 cannes, 300 nymphes et 30 formules de bas de ligne… J’ai donc choisi la démarche inverse, qui consiste à montrer l’essentiel pour ne pas semer le doute dans l’esprit des pêcheurs. Il s’agit donc en grande partie de mon expérience mais aussi de celle de pêcheurs que j’ai croisés sur ma route.

Nicolas : On connaît Philippe Boisson le pêcheur, un peu moins l’artiste. Ce côté de ta personnalité fait que tu as des goûts bien précis en particulier en matière d’images. Peux-tu nous parler des photographies que l’on va découvrir dans ce livre, s’il te plaît ?

Philippe : Je ne me considère pas du tout comme un artiste. Mon livre comprend d’un côté des photos “académiques” montrant des modèles de nymphes, des décomposés des principaux nœuds à connaître, des raccords de soie/bas de ligne, des décomposés de lancers, du montage de nymphe, etc. Parallèlement, les photos d’illustration générale correspondent, c’est vrai, à un climat que j’ai voulu créer dans ce livre. Alors oui, il y a une sensibilité qui m’est propre, avec beaucoup de noir et blanc, des images parfois floues, parfois distantes, mais jamais mises en scène. Montrer la stricte réalité ne m’intéresse pas et je déteste par-dessus tout les mises en scène. On peut donc donner aux photos un côté artistique, mais dans le respect de la réalité des faits. Toute la difficulté fut de trouver un équilibre pour que tout cela se tienne et soit cohérent. En vingt-cinq ans, j’ai accumulé plus de 30 000 photos. Il y a de l’argentique dans différents formats, du polaroïd et du numérique. Avec le noir et blanc, cette cohérence est relativement facile. C’est plus dur d’être original avec la couleur, surtout avec des images numériques. Au final, un livre comme celui-là, très technique, doit aussi permettre au lecteur de s’évader, de rêver.

Nicolas : Il y a déjà quelques ouvrages sur le même sujet. Qu’est-ce que « De la pêche à la nymphe » va apporter de nouveaux aux lecteurs ? S’adresse-t-il aux débutants ou un pêcheur confirmé prendra lui aussi du plaisir à le lire ?





Philippe : La tradition des grands livres de pêche se perd en France depuis au moins trente ans. Les éditeurs misent tout sur des livres sans âme, faciles à faire qui, pour la plupart, sont pétris de généralités souvent contradictoires. Je ne pense pas que j’aurais pu faire le même livre sans la confiance, la prise de risque et la complicité de Vincent Lalu. Je n’ai jamais voulu faire ce livre à tout prix et je dois dire que c’est Vincent qui m’en a donné l’envie. Je me suis lancé parce que je savais qu’avec lui, l’occasion m’était donnée de faire un livre référence. « De la pêche à la nymphe » s’adresse autant aux débutants qu’aux pêcheurs confirmés. Au-delà de la technique, j’ai tenu à ce qu’il soit extrêmement précis tant au niveau de l’historique de la technique en France et dans le monde, que dans la définition des techniques de pêche à la nymphe ou dans la pratique de cette forme de pêche à la mouche. Ce livre doit servir de repère et de relais aux fondamentaux de la pêche à la mouche. Il est très important que les jeunes pêcheurs sachent comment est née et comment évolue cette technique. En discutant avec eux, je me suis aperçu que beaucoup ne savent même pas qui était Oliver Kite, Lee Wulff ou Skues !

Nicolas : La sortie du livre est prévue fin décembre, on a vu que l’on pouvait le commander via Pêches sportives. Y a-t-il d’autres moyens de se le procurer ?

Philippe : Le site Internet de Pêches sportives, qui était en roue libre depuis trop longtemps, subit actuellement une refonte totale, pour un résultat assez ambitieux. On pourra donc le trouver facilement sur le site. Je serai présent sur les salons en début d’année.



Nicolas : Merci Philippe d’avoir répondu à mes questions. Le succès de ce livre ne fait aucun doute. A très bientôt au bord de l’eau, ici ou ailleurs.

Philippe : Merci à toi, Nicolas et sans aucun doute à bientôt au bord de l’eau.

La couverture du livre
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