Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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Mot-clé - No-Kill

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mercredi 4 décembre 2019

Manipulation du poisson.

Je suis tombé par hasard il y a quelques jours sur un article fort intéressant. C'est une interview de Mr Henri Persat au sujet de l'ombre. Mr Persat est connu dans "notre monde" comme le plus éminent spécialiste de l'ombre, poisson passionnant pour les pêcheurs à la mouche que nous sommes. Mr Persat travaille comme chercheur à l'université de Lyon 1. Ses connaissances sur ce poisson sont inimaginables. Il est d'ailleurs à l'origine de la découverte très récemment d'une troisième espèce d'ombre européenne. J'ai eu la chance d'avoir plusieurs fois au téléphone cet homme plein de savoir mais également de le croiser sur la rivière d'Ain pour des pêches d'études de l'espèce ombre.

Mr Persat en pêche sur la haute rivière d'Ain (2014).

Au sujet de la 3ème espèce d'ombre découverte par Mr Persat (cliquez sur l'image).

Dans l'article en question, qui en vient au but de ce billet, Mr Persat passe en revu (en répondant à des questions) quelques spécificités de ce poisson. On y apprend bien des choses selon ses propres connaissances avec des données chiffrées. Je vous joins ci-dessous l'article en question. C'est surtout le tout dernier thème qui aura retenu mon attention.

Article Mr Persat (cliquez sur l'image pour une meilleure lecture).

"Le mieux est de le laisser dans l'eau ou dans l'épuisette" peut-on lire... Alors peut-être que si cela vient d'un scientifique, ces écrits auront plus d'écho. On peut toujours y croire. Aujourd'hui encore, que cela soit dans les émissions TV, dans les magazines spécialisés, dans le monde de la compétition, chez les guides de pêche et autres pêcheurs dit médiatiques mais aussi, et c'est un comble, chez les techniciens/pêcheurs, on peut voir de trop nombreuses images/photos de poissons tenus à bout de bras, hors de l'eau, en serrant le poisson. Toutes ces catégories doivent pour moi être exemplaires dans leur manière de pratiquer notre passion. Avoir l'intention de remettre un poisson à l'eau sans tout mettre en oeuvre pour sa survie est contre productif. Mr Persat affirme qu'un ombre manipulé de la sorte peut déclencher une hémorragie interne qui sera fatale au poisson dans l'heure qui suit sa remise à l'eau. 

C'est bien là le problème, le poisson repart quand même. Mais maintenant, après avoir lu les recommandations de Mr Persat, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. Il n'est jamais trop tard pour évoluer dans ses manières de faire. Je l'ai fait moi-même depuis peu. Alors laissez vos poissons dans l'eau.

Merci de m'avoir lu, merci pour les poissons.

Ombre capturé par mes soins en 2017 sur le Doubs.

vendredi 14 juin 2019

Pourquoi je relâche mes truites…

Voilà une question que l’on me pose régulièrement. C’est d’ailleurs le plus souvent des personnes de mon entourage qui n’ont que faire de la pêche qui s’interrogent sur les raisons me poussant à relâcher une truite après l’avoir capturée. L’occasion pour moi de mettre tout cela sur le papier en allant au bout de ma pensée.

Tout d’abord, et avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de savoir que ma réflexion est celle d’un pêcheur ayant bientôt 35 ans d’expérience derrière lui sur la rivière d’Ain. Il est tout à fait possible qu’avec un autre âge, un autre vécu, qu’avec un cheminement sur une autre rivière dans un autre contexte ma réflexion aurait été bien différente…Ou pas.

Ensuite, il faut être très clair sur nos agissements. En aucun cas parler de respect quand on laisse la vie à un poisson n’est correct. En aucun cas faire passer des truites sauvages comme des partenaires de jeu n’a de sens. Non, si je voulais réellement respecter les truites sauvages, je ne tenterais pas de leur planter un hameçon dans la gueule. J’arrêterais la pêche tout simplement, mais je n’en ai aucune envie !

Je suis un pêcheur. J’aime chercher et trouver les ruses qui vont me permettre de tromper la vigilance d’un poisson sauvage. Le combat qui s’en suit avec celui-ci me procure des émotions incroyables que je ne trouve nulle part ailleurs. C’est ma passion depuis toujours, j’en ai besoin. C’est mon équilibre.

Je suis un pêcheur. Je connais donc pertinemment mon impact sur la vie d’une truite. Quand celle-ci se met en place au début de l’éclosion alors qu’elle a attendu des heures pour que cette nourriture arrive à la rassasier, je suis là moi aussi et parfois, si j’ai de la réussite, je la capture et donc l’empêche de profiter d’un repas facile. Occasion pour la truite qui ne se représente pas tous les jours…Quand dame fario se met au cul d’un banc de vairons en train de frayer, je suis là moi aussi parce que je sais qu’il ne faut pas manquer ces évènements. J’ai dans ces occasions souvent la réussite de prendre plusieurs poissons et ainsi je prive les truites d’une orgie pleine de protéines. Orgie qui se présente bien souvent une seule fois dans l’année…Ces deux petits exemples parmi tant autres pour bien comprendre que le pêcheur perturbe la vie des truites, c’est ainsi, il faut en être conscient. C’est pourquoi j’ai banni de mon vocabulaire pour ce sujet bien précis le mot respect. Je suis conscient d’embêter les truites, mais je suis un pêcheur et je le revendique, c’est ma passion, je l’assume sans problème. C’est sans doute aussi pour cela que je suis venu assez vite au bénévolat dans le domaine de la protection des milieux aquatiques. Une façon pour moi de me faire pardonner de toutes les misères que je fais aux poissons.  

Truite régurgitant ses vairons après capture.

Oui, la truite elle ne joue pas, elle survit dans un monde sauvage. Pour nous, c’est un divertissement, une échappatoire ou encore une passion qui peut être parfois dévorante (c'est mon cas !). Pourquoi ? Je n’en sais rien finalement. C’est tout un ensemble. L’environnement dans lequel on pratique cette passion, la rivière, ces lieux magiques et sauvages. Mais aussi comprendre ces poissons et finir par les capturer est un plaisir inégalable pour moi ! Un peu contradictoire finalement avec l’amour que l’on porte à ces truites sauvages, avec l’énergie folle que l’on donne sans compter pour les protéger. C’est, si l'on veut faire un parallèle, le même paradoxe chez un chasseur de bécasse qui voue un culte sans limite à cet oiseau emblématique pour le tuer au final. C’est ainsi. Il y a des choses qui sont difficilement explicables.

À la pêche, nous avons cette opportunité. Relâcher nos truites au lieu de les tuer, mais pourquoi agir ainsi ? Je vous avoue que dans une assiette, j’adore le poisson. Que j’aimerais pourvoir manger une bonne truite de ma rivière toutes les semaines en famille. Ce n’est pas faute de ne plus en prendre, non, il m’arrive encore de tromper quelques zébrées, mais au fil du temps, je me suis bien rendu compte que la rivière n’était plus apte à produire assez de poissons pour une consommation régulière, voire même épisodique lorsque celle-ci est multipliée par le nombre de pêcheurs actifs. Je ne relâche pas mes truites par philosophie ou encore par mode, non, pas du tout. Si je le fais, c’est parce que j’estime que je dois le faire pour tenter à mon humble niveau de maintenir la population actuelle. Que nous devons le faire ensemble car la rivière d’Ain ne sait plus produire autant de truites que par le passé. Une époque où j’ai tué sans scrupule des centaines de poissons pour les manger et même pour les vendre à une période assez sombre de ma vie. Si la rivière était encore aussi poissonneuse, je suis certain que je conserverais toujours régulièrement des truites pour le plaisir de les déguster. Oui mais voilà…

Ce n’est plus le cas. La population de truites baisse petit à petit et ce tous les ans. Seul le fait de relâcher ses prises ne suffit pas. Mais toutes nos instances départementales ont prouvés depuis bien trop longtemps leur incompétence mêlée à leur impuissance face aux diverses pollutions, face au réchauffement de l’eau. À ce jour, on ne sait faire qu’une chose sur la rivière d’Ain pour contrer l’hémorragie des effectifs, remettre les poissons à l’eau. Cela n'empêche pas la baisse des effectifs malheureusement mais la freine un peu quand même. La visite des mêmes frayères tous les hivers le prouve. Les truites sauvages sont toujours là aux endroits où on ne les tue plus. C’est simple finalement comme constat.

Par contre, il ne faut pas être hypocrite, si je remets mes poissons à l’eau, c’est avant tout pour les reprendre, pour qu’ils se reproduisent, pour que je puisse capturer leur descendance et pêcher encore et toujours dans les années à venir… En aucun cas pour leurs beaux yeux. J’adore ces poissons, j’adore ma rivière, mais si je n’étais pas avant tout passionné de pêche, qu’en serait-il ? Ne jamais oublier cela. J’aime les truites et la rivière d’Ain d’un amour véritable mais parce que je suis un pêcheur ! Cela me fait dire également que les pêcheurs sont à ce jour les seuls lanceurs d’alerte des maux qui touchent nos rivières au grand dam de nos politiques d’ailleurs. Eux n’attendent qu’une chose, qu’il n’y ait plus de poisson, donc plus de pêcheur et par le fait plus personne pour rendre publiques au grand jour certaines vérités.

Ancienne image réalisée il y a bien longtemps sur la Loue.

Une fois tout cela pris en compte, une fois la triste réalité des populations en baisse, oui, logiquement, on en vient à relâcher toutes ses prises si l'on souhaite continuer à pêcher. C’est logique. Certains pêcheurs veulent l’ignorer, soit par bêtise (on ne peut plus rien pour eux à part attendre qu’ils trépassent !), soit par méconnaissance du sujet (Là, on peut informer et tenter de convaincre encore). Ces pêcheurs veulent continuer à prélever en disant qu’eux ne s’amusent pas avec les poissons, qu’ils pêchent pour les manger. Soit ! C’est la vérité. Pêcher un poisson pour le manger est moins « tordu » que de le pêcher pour se divertir, c’est un fait, je l’ai évoqué sur plusieurs exemples un peu plus haut. Sauf que si ces pêcheurs peuvent encore conserver les quelques poissons qu’ils prennent, c’est aussi parce de plus en plus les relâchent. Cela aussi est un fait ! J’ai dans mon entourage proche quelques pêcheurs très talentueux, suffit que l’on décide un jour tous ensemble de tuer tous nos poissons, je pense sans prétention aucune qu’ils nous seraient aisés de vider des linéaires importants de la rivière d’Ain. À méditer, vous, messieurs, qui conserver encore vos truites sauvages sur cette rivière fabuleuse.

Ensuite vient la réflexion de comment relâcher ses poissons. Elle a été lente chez moi. À vrai dire, au début de mon cheminement, je me posais peu de questions. Je relâchais mes truites sans forcément prendre de précautions particulières. Je faisais des photos souvenirs. Bref, j’avais l’impression de bien faire. J’avais tout faux. Si l’on fait le choix de remettre à l’eau ses poissons, autant bien le faire ne pensez-vous pas ? Autant réduire le pourcentage de perte au minimum non ? Oui, car quoi que l’on fasse, tous les poissons ne vivront pas une fois relâchés. Cela aussi est un fait. Mais il est possible de s’approcher du minimum en prenant de bonnes habitudes. J’ai évolué avec les années sur ma façon de remettre le poisson à l’eau. Pourquoi, parce que j’aime conserver un souvenir photographique. Mais de toutes évidences, il ne faut pas faire n’importe quoi. J’ai fait des erreurs, j’ai tué des poissons sans le vouloir. J’en ai eu la preuve plusieurs fois en retrouvant des truites mortes un ou deux jours après les avoir relâchées. J’ai donc corrigé tout ça. Depuis 3 saisons, je n’ai pas retrouvé de poisson mort que j’ai laissé repartir. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu, mais cela m’encourage à continuer en ce sens. Le plus simple bien entendu serait de libérer ses truites au plus vite sans photo. J’y arrive avec le temps. Je fais de moins en moins de photos de truites. Mais pour un beau poisson, il m’est encore très difficile même impossible de ne pas le faire. Ainsi, je peux écrire ce genre d’article pour prouver qu’un poisson peut très bien vivre et donc se reproduire tous les ans si on le relâche correctement (Exemple1, exemple2, exemple3).

Quels sont les phénomènes qui font que le pourcentage de perte va augmenter après relâche d’une truite ? Les manipulations, le stress et le temps d’exposition hors de l’eau. Le stress est d’ailleurs engendré par l’ensemble des autres points. Le plus simple pour réduire tout cela reste de laisser son poisson dans l’eau en le relâchant rapidement. C’est très facile qui plus est. Cela évite d’y mettre ses deux grosses mains tout autour. Les mentalités évoluent doucement, même des AAPPMA ont demandé à leurs pêcheurs de le faire sans malheureusement être écoutées. La Biennoise par exemple a lancé un communiqué en début de saison pour ne pas manipuler et laisser en permanence dans l’eau les truites déjà extrêmement fragiles sur cette rivière. Nombre de pêcheurs ne s’en préoccupent pas. C’est hallucinant quand même. Tout cela dans le but de faire une photo avec sa petite tête à côté pour s’exhiber sur les réseaux sociaux. Vous pourriez au moins respecter les demandes des bénévoles qui passent leur temps à défendre cette rivière pour votre petit plaisir non ? Je ne sais pas, la moindre des choses lorsque l’on pêche un linéaire, c'est de prendre connaissance des doléances de l’AAPPMA et les appliquer !

Relâcher dans les meilleures conditions un poisson et donc optimiser sa survie pour s’approcher des 100% de réussite est très simple finalement, il faut le laisser dans l’eau en permanence ! Si vous faites l'inverse, alors vous augmentez délibérément votre pourcentage de perte après relâche, tout le contraire de ce qui est recherché, c'est ridicule non ?

Mon fils laissant la vie à une belle truite.

mercredi 29 mai 2019

À tous les sceptiques du No Kill.

Je vous invite aujourd'hui à découvrir une nouvelle histoire de pêche, qui donnera, je l'espère, à réfléchir pour les quelques indécis qui me liront.

Cela faisait plusieurs fois que je voyais ce poisson. Une truite d’ailleurs plutôt portée sur la nourriture se trouvant à la surface de l’eau. Une ombre plutôt qu'une belle image de zébrée, collée à la berge, laissait entrevoir un très joli poisson. Le poste était idéal pour une belle truite. Une grosse souche d’arbre avec des racines de partout. Une profondeur d’eau importante et quelques blocs au fond le tout le plus souvent protégé du soleil. Le courant était quasiment inexistant sur deux bons mètres depuis la berge, puis plus important en revenant vers l’intérieur du lit de la rivière. Au coin amont de l’imposante souche, la rivière formait un petit renfoncement pour venir mourir contre le sable. C’est précisément à cet endroit que je voyais gober le poisson à chacune de mes visites en ces lieux. Depuis plusieurs semaines, je voyais au loin cette truite manger régulièrement. Je ne l’ai jamais tenté. Beaucoup trop compliqué d’envoyer une mouche là où elle était. Les branches de l’arbre en berge qui retombaient sur l’eau n’offraient guère d’espace et d’espoir !  La truite avait sans aucun doute choisit le bon endroit. Elle pouvait aller et venir sans qu’on l’embête.

Et puis à force d'accumuler les jours sans eau ou presque, le niveau de la rivière a vraiment baissé. Il est devenu si bas que cela faisait déjà peur d’ailleurs. Mais bon, comme dirait un jeune homme que j’apprécie au plus haut point, ne nous inquiétons pas avant l’heure…

La rivière étant donc beaucoup plus basse, j’ai pu voir un passage possible pour ma soie et mon bas de ligne entre et sous les branches de mon arbre. Une mince fenêtre pour enfin tenter la belle fario qui se cachait là en me narguant avec ses gobages à répétition. Un niveau bas engendre bien entendu un faible débit, donc une approche sans faute en étant dans l’eau. Ce que je suis parvenu à faire. Ma truite réalisait un court circuit alors que je pensais qu’elle gobait là en poste fixe. Elle montait un peu plus haut que l’endroit où elle gobait, faisait demi-tour avant une grosse branche morte immergée, prenait parfois une mouche dans le petit renfoncement contre le sable puis redescendait dans la zone profonde sur deux à trois mètres en aval. Cela, je ne l’avais jamais vu en fait. C’est l’erreur qu’elle n’aurait pas du commettre et que je n’aurais pas du voir pour sa tranquillité. Car c’est essentiellement sur ces deux mètres que je pouvais éventuellement lancer une mouche ou une nymphe entre les branches. L’espace entre deux était d’un bon mètre. J’étais moi à environ dix bons mètres de la truite. Je ne pouvais approcher plus de peur de la faire fuir à cause des  mouvements d’eau (n’est pas Simon qui veut, l’homme qui avance dans l’eau sans faire une seule ride !). Le poisson, dont je ne voyais qu’une ombre noire à cause des jeux de lumière, allait et venait sans cesse. J’ai d’abord tenté ma chance en sèche avec un sedge. Problème, je ne pouvais le poser exactement là où elle gobait, de plus, il n’y avait pas de courant. Comme je le pensais, la truite est passée dessous sans même regarder ma mouche. J’ai très légèrement fait draguer mon imitation pour provoquer un intérêt. Bingo, la truite s’est retournée pour monter à la surface, coller son nez contre le sedge et redescendre dans le profond. Refus !

Est-ce que ce refus était lié à la mouche ou au fait qu’elle ne gobait jamais à cet endroit ? Je pense sincèrement à la deuxième option. J’ai souvent vu des poissons avoir ce comportement. Manger toujours du même côté de la berge, ou toujours au même endroit sur un circuit, etc…Cela ne m’étonne pas et j’irais jusqu’à dire que je l’avais prévu. Mais j'avais tellement envie de prendre ce poisson en sèche qu’il fallait que j’essaie malgré mon pessimisme. A noter que je n’ai pas insisté de cette façon, j’allais finir par l’alerter et donc saboter ma tentative pour l'admirer de plus près. Changement de tactique, lui proposer une nymphe. J’ai retiré mon sedge pour mettre un gammare JFD en taille 16. Avec la hauteur d’eau et la faible longueur de dérive qu'offrait le coup, il fallait que ça coule assez vite. De plus, en taille 16, le JFD se lance facilement et précisément, ce dont j’avais besoin. Je suis loin d’être une bête de technique au niveau du lancer, donc jamais vraiment sûr de mon coup quand il faut glisser une nymphe de cette façon. Je parie volontiers plus souvent que je vais mettre ma bestiole dans une branche plus qu’autre chose. Je me suis mis à fouetter en réglant la distance et en attendant que la truite revienne dans le profond après son passage dans le renfoncement. Ce fut le cas assez vite car le circuit était court. J’ai posé sur l’eau mon gammare à ce moment là pour que le poisson tourne le dos lors de l’impact. La nymphe descendait au fond pendant que la truite faisait son demi-tour à l'extrémité aval de son circuit. Le gammare allait atteindre le fond au moment où le poisson était 30-40 centimètres de lui. Le plus dur était fait, tout était parfait. Il suffisait d’animer légèrement ma bestiole. Ce que j’ai fait. La truite s’est jetée littéralement dessus. Là non plus je n’étais pas surpris. Le ferrage a pu être de cette façon effectué dans le bon tempo pour provoquer ensuite la furie de dame fario !

Pour ce genre de combat, c’est les dix premières secondes qui importent, il faut obligatoirement sortir le poisson de sa berge, des racines qui forment cette berge. Tellement d’éléments contraires où une truite peut aller s’aider pour casser le fil. J’ai bridé comme un fou, à la limite de mon fil. La truite n’a eu d’autre choix que de sortir de sa berge pour me rejoindre en milieu de rivière. La fête était finie ! Après quelques gros coups de tête et une belle défense, la belle était à moi, bien au chaud dans le filet de l’épuisette. J’étais dans l’eau au niveau du nombril environ, impossible pour moi d’admirer ma nouvelle amie comme il se doit. J’ai rejoint la berge d’où je venais et j’ai déposé mon épuisette sur le fond de la rivière dans quelques centimètres d’eau afin que le poisson reste en permanence dedans. Là, j’ai découvert ce poisson. De suite j’ai pensé à une truite que j’avais prise deux fois la saison précédente. Mais si c’était vraiment elle, sa taille me laissait un doute. Il y avait bien dix centimètres de plus. Le poste pouvait convenir puisque j’ai pris le poisson que j’avais en tête 10-12 mètres en aval sur un profil similaire mais avec moins de profondeur. Seul le retour à la maison et le visionnage des photos pouvait m’enlever ce doute. J’ai avant tout continué ma partie de pêche durant quelques heures.

Une fois rentré à la maison et après avoir rangé mon matériel, je suis allé sur mon ordinateur. Le doute fut lever en quelques secondes, les points correspondaient, c’était bien le même poisson ! Un poisson pris deux fois l’an passé, et donc une fois cette année, soit 3 fois en 11 mois. Pour une fois, j’avais le regret de ne pas mesurer mes truites, parce que là, franchement, elle avait bien profité. A l’œil, au minimum dix centimètres de plus en onze mois, incroyable. Un poisson pris une première fois avec une blessure vraiment pas jolie sur le haut de la tête, une deuxième fois avec cette même blessure cicatrisée et une troisième fois sans aucun signe de plaie. Que la nature est bien faite, le tout sans toubib ou autres médicaments.

En haut à gauche, notre première rencontre (juin 2018). Déjà une très belle truite. En bas à droite, 11 mois après (mai 2019).

Lors de notre deuxième rencontre en juin 2018 toujours, la cicatrisation était en cours.

Encore une fois une belle leçon de vie. Il fut un temps pas si lointain finalement où j’aurais sacrifié sans remord ce poisson dès la première prise en me disant que je pouvais le garder, qu’il allait crever. Une façon de se donner bonne conscience en continuant à garder les poissons jugés par le pêcheur déficients à cause de blessures ou autres maux. Voir cette truite continuer sa croissance, soigner ses blessures aujourd'hui me rempli de joie. Je pense souvent à tous ces imbéciles (oui, j’ai arrêté le dialogue social) qui pensent le contraire quand on parle « no kill ». Certes il faut le faire dans les règles (poisson toujours dans l'eau sans manipulations), mais remettre ses poissons à l’eau sur un linéaire en mauvaise santé reste la seule et unique action qu’un pêcheur peut mettre en application à son niveau pour le maintien des populations.

Une dernière photo de Madame, elle a bien grandit depuis juin l'année dernière !

dimanche 14 avril 2019

La rivière d'Ain pas épargnée par les algues brunes.

C'est un peu la tradition maintenant...Comme un jour férié ou une date anniversaire...Mais en beaucoup moins joyeux pour le coup. Les algues brunes sont de retour sur la rivière d'Ain. Les épandages de lisier ayant débutés il y a quelques semaines un peu partout dans le département, la fonte du dernier manteau neigeux nous a offert sa dose de lisier pour l'année. La rivière d'Ain était encore magnifique il y a moins d'une semaine. Des fonds vraiment nickel. Comme d'ailleurs à chaque fois à la sortie de l'hiver. Avec donc la dernière fonte massive de neige, la rivière est montée, elle s'est chargée de cette eau glaciale venue du haut Jura et du plateau de Nozeroy. Mais attention, elle n'était pas seule cette neige fondue...En quelques jours, cela a fait son petit effet sur le fond de la rivière...Les gravières sont passées d'une couleur blanche/sable immaculé à marron/noire gluant. Incroyable cette efficacité dans la crasse et le poison !

Avant le coup d'eau, un fond de rivière comme il devrait être tout le temps !

C'était beau non ?

A partir de vendredi dernier, la transformation...radicale !

Mais pas surpris puisque c'est tous les ans. Puisque rien n'est fait pour que ça change. Bien au contraire, l'intensité augmente d'années en années. Maintenant, il suffit d'attendre les conséquences...Ha ben justement, dès le lendemain, soit samedi matin 11heures, j'ai filmé ma première truite mycosée sur Pont-du-Navoy. Quelle coïncidence non ??? Dingue quand même ! Moi, ça me rends fou furieux, j'ai le ventre qui se tord dans tous les sens bordel. Mais que font nos instances ? Celles de la pêche, des services de l'état, nos élus ??? Ho, on ne va pas laisser faire ça encore des lustres non ? En fait, vous attendez peinard que tout crève et comme ça, plus personne ne vous embêtera, c'est ça ? Mais il n'y a pas d'agriculteurs qui soient aussi amoureux de nos rivières et qui se rendent compte du massacre ? Ce n'est pas possible de laisser perdurer une telle situation...Il doit y avoir forcément des solutions pour faire autrement non ?

Pensez à mettre en HD pour apprécier ce triste spectacle.

Le constat de tout ça, c'est quoi dans le département du Jura ?

  • Échec total sur les pollutions domestiques avec des défaites récurrentes dans les tribunaux et une incapacité évidente à faire entendre raison aux instances dirigeantes.
  • Échec total sur les pollutions agricoles avec des poussées d'algues brunes de plus en plus virulentes tous les ans.
  • Chouette, zéro pointé sur toute la ligne. Il y en a qui doivent trouver le temps long durant leur journée de travail avec de tels résultats.

Par contre, on sait nous dire encore avec un sourire en coin que le No Kill ne sert à rien...On nous prends toujours pour des barjots nous qui nous battons pour que cela soit obligatoire sur toute la rivière d'Ain...On nous accuse même ici et là de créer des clivages entre pêcheurs à force d'être comme ça. Ben voyons, c'est qui les barjots dans cette histoire vous croyez ? Ceux qui pensent cela ou ceux qui prélèvent toujours dans cette ressource à la limite de l'extinction ? Il n'y a que ce paramètre sur lequel on peut influer aujourd'hui, tous les autres sont des échecs à répétitions, pire, ces nuisances augmentent et ne cesseront pas demain, on le sait tous ! Alors ce n'est pas compliqué, actionnez le seul bouton qui peut l'être ! Et vite !

mardi 26 mars 2019

L'histoire d'une truite (43)

Que d’eau en ce début de saison, quel plaisir de voir la rivière pleine de vie. Un réel contraste avec cet été puis cet automne où elle était quasiment sans courant, sans mouvement. Triste et muette. Là, depuis début mars, c’est tout le contraire. Des niveaux d’eau importants, un débit soutenu et bruyant, une rivière qui fait plaisir à voir.

Côté pêche, c'est beaucoup moins simple. Si Thibaut s’est lui adapté très facilement à ces fluctuations de débits avec différentes techniques de pêche en prenant du poisson à chaque sortie, pour ma part, j’ai pris mon mal en patience en attendant que la nymphe à vue soit praticable. C’est un choix tout à fait volontaire. Seule la vision du poisson prenant mon imitation me donne du plaisir depuis maintenant quelques années. Mais comme le dit si bien le proverbe, tout vient à point à qui sait attendre. Et puis en attendant, je me régale des anecdotes de mon fils, c'est tout aussi plaisant que de pêcher.

Mais même pour la pêche à vue, Thibaut m’a devancé cette année. Avec ses horaires d’étudiant, il a pas mal de temps de libre en semaine ce qui lui a permis de prendre ses deux premières truites en nymphe à vue avant même que j’aille trainer mes guêtres sur les berges de la rivière avec ma canne à mouche. Qu’à cela ne tienne, c’était mon tour cette fois. Une journée que j’avais déjà imaginé dans ma tête depuis quelques nuits. Tous les matins, je voyais les courbes de niveaux baisser et mes simulations à plusieurs jours me donnaient un niveau limite mais jouable pour espérer voir quelques poissons. Même après toutes ces années de pratique, même après ces trois dernières saisons où l'Ain a énormément souffert, j’ai toujours cette envie de retrouver la rivière et ses dernières truites avec ma canne à mouche. Une envie des plus tenaces !

Au mois de Mars, peu importe finalement le matériel et la technique, ce qui compte le plus, de mon point de vue, c’est la parfaite connaissance de la rivière que l'on pêche et le fait d’être capable d’anticiper les comportements des poissons selon les conditions du moment en sachant que ceux-ci restent très spécifiques avec ces eaux très froides. Si j’ai fais le choix de pêcher à 95% de mon temps le même cours d’eau, d’y passer également un maximum de temps lors de la fermeture, c’est pour plusieurs raisons comme celle d’être d’une grande précision dans mes décisions lors de ces périodes compliquées. Le choix des berges à prospecter selon les horaires fera toute la différence, loin, très loin devant votre choix de mouche ou de diamètre de fil ou encore de puissance de canne. Une truite à cette époque sort peu de temps durant la journée et elle est active encore moins que ça. Il faut prendre les bonnes décisions au bon moment. C’est primordial pour avoir un minimum de réussite. Après plus de 33 ans à pratiquer la rivière d’Ain, à la chérir, à l'observer à toutes saisons et à toutes heures de la journée, j’ai, je pense, ce petit plus sous ma casquette. Je tente de m’en servir pour le mieux, bien évidemment.

Pour ma première journée de pêche, j’étais certain de trouver du poisson avant même d’être arrivé sur les lieux. Cela peut vous paraitre prétentieux, mais c’est la stricte vérité. Après, prendre ces poissons vus est une autre paire de manche qui plus est avec les années qui passent. Je me pose toujours quelques questions en début de saison surtout par rapport à ma vue. Je me rends bien compte que les yeux de mon fils sont bien plus performants, que les miens fatiguent saisons après saisons. Et puis est-ce que je vais conserver cette réussite au ferrage qui a toujours été mon point fort. L’an passé, j’ai eu l’impression de baisser un peu avec quelques loupés grossiers, ce qui ne m’arrivait quasiment jamais. Est-ce que cela allait empirer cette année ? Il fallait que j’ai des prémices de réponses assez vite.

Ce jour-là, le débit de la rivière était encore élevé mais surtout, la clarté de l’eau laissait à désirer. La rivière avait une couleur laiteuse dès que la profondeur se faisait sentir. Certainement une présence d’eau de neige.  Mais la bordure était lisible. On pouvait voir assez bien jusqu’à 1.20m environ. Largement suffisant pour capter les zébrures d’une belle en maraude. J’ai débuté ma partie de pêche assez tôt vers 7h15. Le soleil était encore planqué et ma tenue légère me le rappelait à chaque seconde d'autant plus qu'il a fallu gratter le pare-brise de la voiture pour partir. Hostile le Jura ! Comme je m’en doutais, très peu de poissons dehors. Il faut dire que les trois derniers étés en ont laissé sur le flanc et pas qu'un peu malheureusement. Malgré cela, comme prévu, comme un plan qui se déroule sans accroc, j’ai vu mes deux premières truites aux postes habituels par ces niveaux à cette époque. Pour la première, j’étais limite en arbalète et trop à découvert pour tenter un rouler. Le poisson m’aurait capté de suite, c’est certain. J’ai donc tenté une arbalète sans trop y croire. Le poisson a bien vu le gammare dériver, mais justement, cette dérive était tout sauf naturelle car en bout de course, et même sur un poisson qui n’avait rien vu depuis l’ouverture, il n’y avait pas d’autre alternative que le refus. Cela reste des truites de la rivière d’Ain, elles ont de la mémoire ! Je vous dis cela car j’en ai parlé avec un client (qui se reconnaitra ;-) ) qui est passé ce week-end à la maison prendre ses mouches. Il revenait de 15 mois en Nouvelle-Zélande où il a fait des pêches fantastiques. Il était venu découvrir la rivière d’Ain et ses truites. Le challenge n’était pas simple et son retour tout à fait réaliste sur la difficulté de ces zébrées. Les truites de l’Ain restent de farouches adversaires qui se méritent. Hormis quelques jours dans l'année où tout va bien, où les poissons semblent coopératifs, ces truites demandent au pêcheur d'être complet pour pouvoir les leurrer. C'est d'autant plus gratifiant lorsque l'on réussi ce challenge.

Pour le deuxième poisson vu de la matinée, la simple vision des 20 centimètres de mon bout de scion a suffit pour le faire fuir ! Ce n’est plus de la mémoire là, c’est un truc de fou. Le soleil était bien monté dans le ciel pour mon plus grand bonheur. Il était temps de reprendre la voiture pour aller sur une autre berge. Je vous le dis sincèrement, j’ai horreur de faire ça, reprendre la voiture…Une fois posé, je reste en général au même endroit. Mais là, au tout début de l'année, c’est compliqué car il faut suivre le soleil heure par heure, c’est la clé du succès. J’arrive donc sur une nouvelle berge. Pointe de 3 mètres en 14°, gammare JFD -14 noué au bout. Toujours entre le pouce et l’index de la main gauche le gammare, près à être propulsé à la moindre vision d’une truite en bordure. C’est ma nymphe de base pour les prospections depuis la berge. C’est une imitation qui pêche vite et bien. Une valeur sûre. Sur cette berge, j’avais 3 endroits différents où je pensais voir au moins une truite. Le premier ? Rien, aucun poisson (et pourtant je suis resté longtemps à attendre). Le deuxième, une truite de 30-35 qui est partie de suite. Je ne sais pas encore pourquoi. C’est truites sont déroutantes parfois, je ne pense pas avoir fait d'erreur dans mon approche. Les réponses aux questions ne viennent pas. Le troisième endroit ? Haaaa, le troisième endroit !

Pas mécontent de voir le soleil pointer le bout du nez !

C’est un endroit où la profondeur de l'eau est de 70-80 centimètres à la berge pour aller jusqu’à presque 1.50m au plus profond. Avec les niveaux du jour où j’ai pêché bien entendu. Il y a près du bord vers une trouée un très gros chêne. Idéal pour coller son épaule contre le tronc massif de l’arbre et rester là à observer. Oui, je voulais rester, car c’est souvent que je ne vois rien en arrivant sur poste, mais qu’en regardant de partout, je finis par apercevoir un poisson en maraude. Souvent, la truite passe sous les saules qui garnissent la berge et je la vois se nourrir au fond. J’ai en souvent pris de cette façon à l’arbalète, presque dans mes pieds. 5 minutes, 10 minutes, 15 minutes, toujours rien. Mon moral n’était pas atteint. Je vois tous les débuts de saison à ce niveau d’eau des poissons à cet endroit. De plus, j'étais certain d'être au bon endroit dans la bonne plage horaire.

En bout de coup à pêcher, et à environ 10-12 mètres de ma position, il y a un petit banc de sable en léger dévers. Je connais ce coup par cœur. J’y ai passé des dizaines d’heures. Oui, dès mon arrivée, j’avais vu cette forme plus sombre que le sable et qui pour moi n’était pas là l’an passé. Mais voilà, dans mon esprit, après les crues hivernales, n’importe quel morceau de bois ou autre pouvait s’être déposé à cet endroit précis. Bref, je n’avais pas bloqué dessus. Puis, après ce petit quart d’heure à attendre, mes yeux sont revenus dessus pour je ne sais quelle raison. Je me suis mis à fixé comme un fou cette forme sombre qui faisait légèrement contraste avec le sable. Mais rien d’évident avec cette eau laiteuse. A force de fixer, je voyais bouger la forme. Mais bon, je ne suis pas non plus un « gamin du mois d’août » comme on dit au village. Je sais très bien qu’à force de vouloir voir quelque chose, je peux me faire des films, et je m'en fais régulièrement ! Il fallait être sur de soi. Merci mon Dieu, la truite, car oui c’était bien une truite a décidé de m’aider. Elle a bougé franchement. Le doute n’était plus permis ! Je savais que j’allais en trouver une par là ! Rien que pour ça j’étais heureux. C’est vraiment gratifiant de genre de moment où l'on se rend compte que la bonne décision a été prise. C'est aussi bon que la prise du poisson en elle-même.

Il fallait maintenant analyser la situation pour mettre toutes les chances de mon côté. Je n’étais pas pressé, cela faisait au minimum un quart d’heure qu’elle était devant moi déjà. Pour la nymphe, pas de souci, le gammare allait passer crème, c'était certain. Par contre, la question était comment lui amener. J’ai pris la décision de renter légèrement dans l’eau pour m’ouvrir un angle afin de pouvoir fouetter. Première dérive de l‘année sur un poisson à 8-9 mètres, fallait pas trembler. En tenant mon gammare, j’ai sorti tranquillement mon bas de ligne entièrement. Puis, dès que la soie eut passé mon anneau de pointe, j’ai commencé à fouetter afin de sortir la longueur de soie nécessaire à ce coup de ligne. J’étais dos à la truite. J’ai posé avec une précision moyenne mais presque normale pour ce premier jet sur la droite de la truite. Un JFD en 14 coule assez vite et avant qu’il ne touche le fond, j’ai réalisé une animation assez vive. Bien visible quoi !

J’ai alors vu ma truite ce mouvoir lentement dans sa direction. Je la distinguais plus que je ne la voyais, mais son déplacement ne faisait aucun doute sur ses intentions. Arrêt du poisson, ferrage ! Et pas un petit ! La truite était à moi. J’ai eu bien du mal à la contrarier au premier départ, mais j’ai réussi malgré tout. Une chandelle, puis deux !  Un combat court mais puissant. Une canne en vrac, un nylon qui siffle, le bruit des noeuds dans les anneaux, le pied ! Après, mon diamètre de fil m’autorisait un bridage autoritaire. La mise à l’épuisette me donna l’occasion d’admirer ce trésor de plus près. Et même si je ne pouvais pas le voir, je devais avoir une sacrée banane sur le visage. Un poisson sauvage de sa rivière bien aimée possède une valeur que jamais un autre poisson ne pourra approcher ni même effleurer. Cette truite m’a donné un bonheur réel et sincère. Non pas par ses mensurations, mais par son esthétisme parfait. Quelle robe, quelles couleurs. Je ne pouvais rêver mieux pour un premier poisson en nymphe à vue. En fait si, cela aurait pu être encore mieux si mon fils avait été avec moi pour partager cet instant de vie tous les deux. Mais le connaissant, il n'aurait pas eu la patience de rester un quart d'heure à mes côtés. Il y aura d'autres occasions de vivre de tels moments...

J’ai pris un peu de temps avec le poisson dans l’épuisette tout en le laissant dans l’eau pour le regarder, pour l’admirer. Je voulais que cette truite reste dans ma mémoire à une place bien précise. J’ai fait quelques photos également. Le poisson était tranquille dans l’eau, calme. Comme s’il savait…Et puis je l’ai relâché, tout aussi tranquillement. De mon expérience, je ne la reverrai pas, en tous les cas pas sur ce poste. C’est certain. Par contre, on se croisera peut-être de nouveau dans quelques semaines sur un autre poste pas très loin, et à un autre horaire, ça, c’est fort probable.

Magnifico ! Pensez-y, même pour la photo, un poisson est toujours mieux dans l'eau.

Il fut une époque, où après un joli coup de ligne, je me posais sur la berge, j'allumais une cigarette en repensant seconde par seconde à ce que je venais de vivre. J'avoue que si une cigarette me manque aujourd'hui, c'est sans aucun doute celle-ci ! Je prenais conscience de la chance que je venais d'avoir. Capturer un poisson sauvage de l'Ain est une chance oui, un privilège même, d'autant plus à notre époque avec des effectifs en chute libre. J'ai fait la même chose pour cette truite, mais sans la cigarette. Juste en regardant les quelques photos que je venais de faire. Je ne pouvais quitter des yeux ce trésor que la rivière venait de m'offrir...A bientôt pour une nouvelle histoire de pêche.

Retour Matériel : Aujourd'hui, je voulais vous parler des lunettes polarisantes que nous portons mon fils et moi (à voir sur la première photo de cet article). C'est des lunettes JMC équipées de nouveaux verres "made in France" en polycarbonate 720. Le pouvoir de ce verre est incroyable pour éliminer un maximum de reflet sur la surface de l'eau. Nous avons tous les deux des verres jaunes (il y a deux autres coloris). Vous avez une lumière extraordinaire pour le coup et ce même tôt le matin et/ou par temps sombre. Thibaut possède le modèle "laser" et moi le "treck". J'apprécie également le confort de ces montures et le choix (3 montures différentes) que propose JMC pour un même verre. De plus, et je le signale car ce n'est pas le cas de toutes les marques (c'est du vécu !), vos lunettes sont livrées avec un étui protecteur, un cordon et une chiffonnette. Si vous souhaitez en savoir plus, suivez le lien => Lunettes polarisantes verre 720.

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