...Capot ! Voilà une série de trois jours de pêche qui se termine avant la reprise du boulot demain. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas embêté les poissons. Ce n'est pas non plus ma priorité, je vais à la pêche pour de multiples raisons. La capture d'un poisson n'en est qu'une parmi tant d'autres. Le capot est donc un ami de longue date. On s'entend très bien, je n'ai aucune rancune envers lui ;-)

Il faut dire que je le taquine souvent, on se cherche tous les deux. Je ne souhaite pas utiliser une autre technique que la nymphe à vue et je pratique en priorité des parcours vident de pêcheurs, donc souvent peu poissonneux. J'ai eu mes années où j'allais à la pêche avant toutes choses pour prendre une truite. C'est bien loin derrière moi.

Ce week-end, les conditions étaient vraiment compliquées. L'eau de la rivière était glaciale et la bise n'a jamais cessé. Des rafales qui vous glaçaient les os. Mais je ne suis pas le genre de pêcheur à sortir uniquement quand c'est bon, quand toutes les planètes sont alignées. Non, cela voudrait dire que je vais encore à la pêche uniquement pour prendre du poisson. Même si c'est perdu d'avance, j'y vais. La vie est tellement surprenante que l'on ne sait jamais si on pourra y aller le lendemain, alors je ne me pose pas de question sur la météo, sur les niveaux ou que sais-je encore. Je prends ma 9 pieds et j'y vais. Surtout lorsque l'on pense à tous ces passionnés qui se sont vus reconfinés. Nous sommes chanceux, profitions ! 

Vendredi, j'étais capot de truite, mais j'ai vécu 20 secondes incroyables. Une scène que je pourrais classer dans mon top 5 de ma vie de pêcheur. L'activité malgré une belle éclosion d'olives était nulle. Pas un gobage. Pas un poisson vu en bordure, rien. En remontant la rivière, j'allais très lentement en regardant au sol pour voir si je trouvais mes premières morilles grises. Un pas après l'autre, tranquille. Puis j'ai eu un sentiment étrange. Celui que l'on a tous eu un jour lorsque l'on se sent observé. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je sentais qu'on me regardait depuis la berge opposée. J'ai levé la tête doucement en pivotant mon corps de trois-quart pour faire face à la rivière. Berge opposée, pile en face de moi, dans le soleil qui traversait la forêt, une laie magnifique était là, immobile. Ses oeilles rondes bien dressées. Six marcassins rayés entre ses pattes. Ce moment de vie m'a bouleversé. Nos regards se sont fixés durant 10-15 secondes avant que la laie décide de partir sans peur. J'ai déjà vu de nombreux sangliers, mais de façon furtive. Là, ce face à face...J'en ai encore des frissons. C'était magique.

Ma journée était faite. Pas de truite, mais qu'importe lorsque l'on vit un truc pareil.

La rivière était un poil teintée. Le fond horrible.

Samedi aurait dû être une journée passée au domaine de Coyolles. Les mesures prises en ont décidé autrement. J'ai d'ailleurs une immense pensée pour tous les confinés. Quelle tristesse. Ce n'est que partie remise puisque nous avons déjà décidé d'une nouvelle date fin mai. Je communiquerais le moment venu. Du coup, je suis retourné à la pêche malgré une bise encore plus intense. Incroyable cette constance ! Je n'ai pas vu un seul poisson samedi. Mais j'ai fait une belle rencontre avec un monsieur qui pêchait au vairon mort manié. Hameçon simple sans ardillon. Même hors parcours no-kill. Bravo.

L'annulation de la journée animation à Coyolles a fait des malheureux dont un jeune passionné de montage. Simon, 12 ans. Pour palier à mon absence, nous avons organisé un échange en distanciel samedi soir. On a passé un super moment tous les deux à visiter par le biais de la vidéo nos ateliers respectifs, notre matériel, etc...Nous avons terminé par un séance commune de montage. Simon possède déjà une connaissance incroyable. C'est un très bon monteur. Si vous avez Instagram, je vous invite à le suivre : simonflyfishing

Aujourd'hui, en plus de la bise, le soleil s'était barré ! Magnifique. Je suis sorti quand même. J'y croyais en plus. Quelques mouches sont sorties. Assez pour croire à un minimum d'activité.

La rivière toujours aussi noire dans le fond. Le sapin a été câblé par nos soins.

Ben non en fait. Des mouches oui, des gobages non. Et toujours rien en bordure malgré quelques kilomètres de parcourus. Enfin si, un rond ! Alors que je regardais si je voyais des alevins de truites (pas vu) un nez est venu percer la surface de l'eau 15 mètres en amont de ma position. Je me suis assis tout perturbé que j'étais. Un gobage en trois jours, ça pouvait être une hallucination. Non, le poisson a gobé 3 autres fois le long de cette berge boisée. J'ai mis une belle mouche sur H12 au bout de mon 15 centièmes et je me suis appliqué à lancer comme je pouvais contre la bise. J'ai enlevé 1 mètre de ma pointe car c'était une catastrophe. Après 5 ou 6 tentatives, la mouche passa nickel. Gobage, pendu ! Aie, combat non habituel. Un ombre ! Sur un vrai poste à truite. Je l'ai relâché au plus vite sans le sortir de l'eau tout désolé que j'étais.

Je me suis fini sur une autre berge dans l'espoir de pouvoir enfin tenter une truite à vue. Quelques pas et je tombe sur ça. Des prélèvements raisonnés qu'ils disaient...Vous pigez pas ??? Pour un grand nombre de mecs, tant qu'il y aura une truite qui nagera, il faudra la tuer ! C'est comme ça et pas autrement. C'est pour quand la protection totale de la truite fario sauvage sur cette rivière d'Ain ? J'ai plié ma canne, dégouté ! Déjà que j'avais transmis un mail de pêcheur à l'OFB avant de partir. Ce monsieur a vu 7 truites mortes sur 150m sur la Saine hier. Elles crèvent déjà toutes seules, laissons vivre celles qui passent au travers !

Résumé de mes trois jours, j'ai vu plus de viscères de truites que de poissons vivants !

Pour finir sur une belle note, je vous joins une photo de mon fils. Il est parti samedi faire sa première sortie nymphe à vue de l'année dans le 01. En baskets et avec le sourire, bravo mon Thibaut ! T'es un vrai bon :-)