Un mois d'août bien compliqué.
Par Nicolas39 le jeudi 27 août 2020, 07:16 - Gestion piscicole - Lien permanent
Ce mois d'août se termine dans la douleur. Celui de 2019 avec ses averses régulières fait allure de paradis à côté. Cette année, nous sommes à moins de 25mm de pluie chez moi. Si on additionne un total quasiment similaire sur juillet, vous comprendrez aisément la catastrophe qui se trame actuellement.
Dès la mi-juillet, j'ai averti les autorités sur les mortalités en cours. Comme tous les ans, rien de "spectaculaire" sur la rivière d'Ain, mais des signalements journaliers sur tous les linéaires par les pêcheurs. J'ai reçu de nombreuses photos. Aucun parcours n'a été épargné. Moi-même, je voyais des poissons sur le dos à chaque sortie.L'OFB suite à ses observations et mon alerte a fait des sorties sur le terrain sur la fin juillet. 13 kilomètres de parcourus en canoé pour un total de 3 poissons morts vus. Pour eux, et à juste titre vu le résultat, rien d'alarmant. Mais de toute évidence, cela ne reflète pas la réalité du terrain et il faudrait certainement plusieurs sorties de ce genre pour avoir un retour plus proche de la vérité. Les 3 poissons morts par exemple, je les ai vu sur 200 mètres en 1 heure lors de ma dernière sortie fin juillet sur l'aval de Champagnole. A ceci il faut ajouter 1 poisson agonisant avec les deux yeux éclatés. Du coup, vous comprenez que je reste dubitatif et que finalement, nous ne sommes pas sur les mêmes longueurs d'ondes avec les autorités.
Quoi qu'il en soit, les truites disparaissent. Le mois d'août n'a pas failli dans ce domaine. Sur l'aval, nous avons eu des poissons dérivants sur le dos tous les jours. A cela s'ajoute le braconnage bien entendu. Braconnage connu depuis des décennies en période estivale. Une tradition ! Des groupes de plusieurs hommes pêchant à la main ou encore au fusil harpon comme cet été sur notre AAPPMA. Bien entendu, rien n'est fait. On empêche les mecs qui paient leur carte d'aller pêcher lors du confinement alors qu'ils habitent à côté de la rivière mais on laisse les bracos piller à loisir quand les autres ont repris le boulot. Ce monde est merveilleux et me donne envie de tout faire, sauf de suivre les règles !
Durant cet été, de nombreux pêcheurs m'ont également signalé des brusques variations de niveaux sur la rivière. C'est un phénomène connu, signalé par notre AAPPMA depuis 2 ans à l'OFB. Problème que je pensais résolu. Il faut croire que non. Après, ces variations sont visibles de partout et de tous, et si comme souvent seule notre AAPPMA monte au créneau pour grogner, ça ne bougera pas. J'invite donc mes collègues des AAPPMA amonts et avals à prendre leur téléphone en signalant ce problème à chaque fois qu'il a lieu.
Suite à la surpopulation de baigneurs sur la rivière et surtout aux incivilités qui en ont découlé, les deux communes concernées m'ont entendu suite à un mail que j'avais rédigé. Merci également aux deux riverains qui se reconnaitront pour le temps passé à gérer cette situation. Des actions devraient se mettre en place pour l'été 2021. En attendant, j'invite les pêcheurs qui vont revenir sur les berges (sous réserve d'un peu de pluie) à ramasser tous les déchets présents. Merci aux chasseurs dès l'ouverture du gibier d'eau de faire de même.
La seule bonne nouvelle du moment est la baisse des températures. Le niveau reste toujours catastrophique (record mensuel du plus bas observé en cours) mais les truites vont enfin respirer. Notre AAPPMA a d'ailleurs refusé qu'une pêche électrique (prévue demain) et qui devait être réalisée par Aquabio pour l'OFB ne se fasse. Les truites galèrent depuis presque 2 mois, les pêcheurs ne les embêtent plus depuis 1 mois et demi selon les consignes de l'AAPPMA alors laissons les se remettent tranquillement de ces douloureux épisodes successifs. Nous avons réussi à faire reporter cette pêche au printemps. De toutes façons, il ne restera pas grand chose à compter...Tout cela pour savoir s'il reste 6 ou 8 adultes. Oui, on en est là.
D'un point de vue plus personnel, la pêche a été mis de côté en ce mois d'août. C'est la première fois en 35 ans que je pêche si peu. Une grosse dizaine d'heures tout au plus. Les truites survivantes à ce terrible été vont bientôt pouvoir souffler...Jusqu'à l'arrivée des harles bièvres et des cormorans (mais zut, ils sont déjà là). À se demander comment il peut rester une ou deux truites avec toutes ces agressions sérieux...
L'observation des frayères sera révélatrice des pertes estivales. La seule valable pour moi. Et j'ai déjà peur de ce que je pourrais ne plus voir...
Croisons les doigts pour que ces joyaux aient survécu.
Commentaires
Ton constat est aussi navrant que réel mon cher Nico.
L'histoire est là pour démontrer que les lois sont surtout faites pour ceux qui peuvent "payer" et être "punis", mais malheureusement bien du monde passe outre.
J'avais été très surpris que le confinement en France ne laisse pas les pêcheurs vivant proches des cours d'eau pratiquer leur activité et j'imaginais tout à fait l'aubaine que cela pouvait alors représenter pour les braconniers en tout genre qui, profitant de l'absence totale de gens au bord de l'eau, pouvaient s'en donner à coeur joie.
En ce qui me concerne, sur certaines des petites rivières que je fréquente le constat semble moins dramatique, toutefois, et je l'avais déjà soulevé, pratiquant d'autres types de pêche, je me suis largement replié sur d'autres plans d'eau et d'autres espèces (notamment la perche ou le brochet sur le Léman) laissant ainsi les rivières en paix.
Je sais le travail que tu fais au sein de ton APPMA et j'admire ta détermination. J'espère que le constat sur le frai à venir sera moins amer que tu ne l'imagines!
Bien à toi.
J'aime bien votre blog et la majorité de votre discours. Sincèrement. mais sur le coup aujourd’hui je n'y adhère pas. Pourquoi continuer à pécher alors que la rivière est à bout ? C'est contradictoire et donne des arguments en faveur des anti pêcheurs. Pour ma par j'ai arrêté de pêcher depuis le 14 juillet. J'en souffre comme pas possible. Mais je souffrirai encore plus de savoir un poisson relâché même avec milles précautions (comme vous certainement...je n'en doute pas) dans ses conditions et mort par ma seule faute
@Xav : Merci Xavier, portes toi bien.
@avenir : Quoi qu'on fasse, on est critiqué. C'est le jeu mais ça me fatigue, sincèrement. Oui, j'ai pêché une dizaine d'heures en août dont une grande partie en début de mois sur une autre rivière que l'Ain. de plus en tête de bassin. Lors de ces parties de pêche (2 je crois) l'eau là-bas était à 12-13 degrés et les truites en pleine forme. Aucune possibilité de tuer un poisson. Je ne les sors pas de l'eau et je ne les manipule pas. Voilà, vous savez tout. Quelle est ma sentence ?
Par contre, entre les coups de fils, les visites sur les berges, le temps à faire les courriers aux élus ou autre, j'ai passé bien plus de temps durant ce mois d'août à ne pas pêcher tout en pensant à la rivière. Mais bon, je ne fais que mon devoir de bénévole après tout. Je m'étais promis de ne pas répondre au prochain commentaire anonyme, encore loupé !
Tes efforts ne sont pas vains. Beaucoup de "vrais" pêcheurs pensent comme toi, même si ils ne se manifestent pas toujours pour te soutenir dans tes combats.
Mao disait : "si tu vois un homme affamé au bord d'une rivière ne lui donne pas du poisson mais apprends lui à pêcher". Je me demande ce qu'il dirait aujourd'hui....