Et pourtant, j'ai eu de nombreuses fois des passages à vide en pensant qu'il n'y avait pas d'issue. C'est toujours un peu le cas, car je pense toujours que la montée en température lors des prochaines années que cela soit dans l'air comme dans l'eau reste malheureusement d'actualité.

D'un autre côté, les truites sauvages de la rivière d'Ain me surprendront toujours. Ces animaux sont phénoménaux. Leur envie de survivre est hors normes ! Malgré tous les maux qui touchent leur habitat, ces truites continuent à nager dans les eaux de nos rivières jurassiennes avec vaillance. Vous l'aurez compris, au fond de moi, je sais que l'issue est inéluctable au rythme où ça va, mais malgré ce sentiment, j'ai envie d'y croire quand même car ces truites sauvages méritent tout simplement qu'on croit en elles !

Les truites sauvages de la rivière d'Ain doivent en grande partie "le maintien" des populations à leur formidable pouvoir d'adaptation et aussi, un tout petit peu aux quelques fous qui se battent pour les protéger des prélèvements irraisonnés. Car si on regarde un peu dans le rétroviseur, la rivière d'Ain est bien seule dans ce combat.

  • Un contrat de rivière devait voir le jour il y a quelques années. Le projet était bien avancé. Il portait en lui de nombreux espoirs de faire remonter au grand jour et aux élus les problématiques existantes sur cette rivière. Finalement, il est tombé aux oubliettes par je ne sais quel tour de passe-passe.
  • Des parcours No Kill ont été retirés du linéaire contre toutes logiques. Le plus récent en date, celui de Sirod en amont de la rivière d'Ain. Mais il est bon de rappeler que près de 7 kilomètres ont sauté entre Châtillon et l'aval de Montigny/Ain il y a quelques années. Un des parcours les plus faiblement peuplé de la rivière où à ce jour, chaque pêcheur est en droit de garder 3 truites/jour, une aberration ! Les prélèvements ont été de nouveau autorisés sur ces 7 bornes malgré une pêche électrique effectuée annuellement (sur Châtillon) donnant des résultats plus que médiocres. À se poser des questions sur l'utilité de ces pêches quand on voit cela.
  • Le plus aberrant, c'est que sur le linéaire cité plus haut, des rempoissonnements sont réalisés chaque année avec du poisson de pisciculture. Donc je résume si vous le voulez bien, on retire un No Kill de 7 kilomètres afin de pouvoir à nouveau prélever les poissons sauvages mais on remet des poissons de foire parce qu'il y en a plus assez ! Vous suivez ? Moi non ! Pour les chiffres, c'est 2 tonnes de poissons adultes (arc et fario) + 20 000 alevins. Et tout cela au milieu des poissons sauvages avec les risques que cela engendre. Au mieux, une concurrence alimentaire qui n'est pas une bonne chose avec la pénurie d'insectes par exemple, au pire un croisement génétique. Tellement triste comme situation car il en reste des poissons sauvages ! Voir la vidéo ci-dessous. J'en ai mal au ventre de ces mauvaises décisions et de ce laisser-faire !
  • Des systèmes d'épuration parfois défaillants. Des rejets connus non raccordés. Des poursuites en justice ont donné choux-blanc à chaque fois. Aucun résultat dans les tribunaux comme sur le terrain. Comme si de rien n'était au final. Pour information, tous les rejets filmés pour mon DVD à l'époque existent encore à ce jour. Tous !
  • Autour de 25 ans de fermeture de la pêche de l'ombre commun par arrêté préfectoral. Les populations n'évoluent pas. Les réponses aux questions sont absentes. Les actions pour faire évoluer les choses également. C'est devenu tellement la norme qu'on fini par l'oublier, mais c'est tout sauf normal comme situation !

Alors merci aux deux AAPPMA de la rivière d'Ain (Champagnole et Crotenay) de prendre conscience de la situation en mettant des linéaires protégés supplémentaires. Merci de prendre conscience que nous sommes seuls pour agir et que nous n'avons finalement que ce levier unique pour le faire. Celui du prélèvement. Que les grincheux le veuillent ou non. À ce jour, il n'y a que ça à faire puisque rien n'est fait dans les autres domaines.

Je vous dis tout ça parce que le potentiel existe encore en 2020 malgré tout. Rien à voir avec les populations de l'époque, bien entendu, mais les truites sauvages sont là, elles sont autonomes, elles se reproduisent. Il faut juste avoir conscience qu'elles sont peu nombreuses et qu'il faut les protéger. Pour cela, il faut passer du temps au bord de l'eau, 40 années de pêche ou une bardée de diplômes ne suffisent pas, c'est le vécu sur les berges de la rivière et les centaines d'heures d'observation qui comptent, rien d'autre. C'est avec ce vécu, comme par exemple un suivi des frayères chaque année, qui fait que l'on sait de quoi on parle. En tous les cas à mes yeux.

Alors croyez-y, motivez tous les pêcheurs autour de vous à comprendre que chaque poisson sauvage de cette rivière est important, motivez-vous pour les futures élections d'AAPPMA à l'automne pour améliorer la situation car elle peut l'être encore !

Bon visionnage de ma dernière vidéo où des scènes ont été filmées sur le parcours public. Linéaire où les gestionnaires pensent qu'il faut remettre des poissons adultes pour aider à la reproduction. Quand on voit ces images...On a envie de pleurer en pensant à ça. Dans cette vidéo, à partir de 1'10", il y a une scène avec une femelle au centre qui est protégée par un mâle dominant. J'estime la femelle à 40 centimètres...Je vous laisse deviner la taille du mâle et du coup je fais un petit clin d’œil à tous les instruits qui pensent que les grosses ne se reproduisent plus ! Observez, apprenez !

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Frai truites 2019 - Jura from Nicolas Germain Fly Shop on Vimeo.