Il va être temps de changer ses habitudes ne croyez-vous pas ? Si on fait le tour des accessoires du pêcheur, on trouvera un mètre dans la plupart des cas, parfois même un peson, mais le thermomètre encore trop rarement...

Si vous me permettez de donner mon avis, je trouve cela dommage. Oui, car les instruments de mesure si précieux au regard des pêcheurs pour mettre des chiffres sur les mensurations d'un poisson n'ont finalement aucune importance dans le respect de celui-ci. Qu'est-ce qui est important au final ? Connaitre la taille d'une truite après l'avoir capturé ou savoir si les conditions de pêche sont correctes sans porter atteinte au-delà des limites acceptables à la survie des poissons ? Vous pensez peut-être que je vais trop loin, je vous réponds, si c'est le cas, que vous avez tort.

Dans le Jura, ces trois derniers étés, nous avons subit de terribles sécheresses ainsi que des canicules sévères (ce qui n'est pas la même chose). Cela engendre une montée assez remarquable de la température de l'eau sur certains secteurs de la rivière d'Ain que je connais bien. Il me parait donc logique de prendre cette température en début de partie de pêche durant les périodes estivales. Je vais vous donner quelques chiffres afin de mieux comprendre où je veux en venir.

D'après de nombreux auteurs, on peut considérer qu'une truite peut vivre "normalement" dans une plage de températures allant de 4 degrés à 19 degrés. Une étude en laboratoire a été menée en faisant communiquer deux bassins dont la température de l'eau était différente d'un seul petit degré. C'est à dire que lorsqu'un bassin était à 13 degrés par exemple, l'autre affichait 14 degrés. L'étude a mis en évidence que jusqu'à 16 degrés, les truites allaient n'importe où sans avoir de réellement préférence. Mais qu'à partir de 16 degrés, les poissons restaient figés dans le bassin où la température était la plus froide.

Par exemple, avec deux bassins à 17 et 18 degrés, plus de mouvements de poissons, toutes les truites restaient dans le bassin à 17 degrés. Ensuite, passage à 18 et 19 degrés, pareil, plus de mouvements, tous les poissons dans le bassin à 18 degrés. Pour les personnes ayant déjà observé des truites sur une froidière en été, cela peut vous parler.

Cela donne donc une indication sur le confort des truites vis à vis de ce paramètre qui conditionne de plus en plus notre passion avec ce fameux réchauffement climatique. D'autres éléments qui peuvent intéresser le pêcheur sont ressortis. L'alimentation de la truite est optimum entre 12 et 14 degrés. C'est à dire que dans cette plage de températures, le moindre gramme de nourriture absorbé est converti au mieux en terme de besoin/croissance. Autour des 16 degrés, c'est là que la truite doit manger les plus grandes quantités afin de satisfaire ses besoins. Au-delà de cette température, une truite devrait encore plus manger pour au moins égaler ses besoins avec une température inférieure. Cela devient dangereux car on sait aussi qu'à partir de 18 degrés, on décèle chez certains individus des problèmes cardiaques.

De cette étude, il y a deux gros bémols à retenir. Le premier, et vous l'aurez noté, c'est que cela a été réalisé en laboratoire dans un milieu parfaitement sain. Le deuxième c'est que les poissons concernés par cette même étude sont des juvéniles. On est donc en droit d'imaginer que dans un milieu impacté comme nos rivières aujourd'hui et avec des poissons plus âgés, que ces chiffres peuvent être revus à la baisse.

Après, bien entendu, une truite peut survivre dans une eau qui monte à 21 degrés par exemple. Mais elle y paviendra uniquement si elle évite toutes formes de stress supplémentaires à cette donnée comme celles déjà présentes dans son milieu (pollution, prédation naturelle, etc...).

Vous l'aurez donc compris facilement, prendre 20 secondes en début de partie de pêche (cela concerne quelques semaines par an uniquement) pour s'assurer que les poissons capturés repartiront dans de bonnes conditions n'est pas déconnant, loin de là ! En tous les cas, tellement plus important que de savoir si le poisson pris fait 51 ou 52 centimètres...Surtout si cela est fait dans une flotte à 20 degrés et qu'il a toutes les chances d'aller crever quelques minutes après relâche parce que son cœur aura lâché...Vous voyez le truc ?

C'est dans cette logique que nous avons fait rajouter ceci dans le livret fédéral du département pour notre parcours. Celui-ci est fortement impacté lors de ces périodes de chaleurs car la rivière d'Ain devient plus lente et qu'en particulier sur notre partie aval, la végétation n'est pas assez dense pour contrer un trop important ensoleillement.

Merci de respecter notre demande.

De plus, ce petit outil de mesure n'est pas un investissement de fou quand on regarde un peu les kilomètres que peuvent faire certains pêcheurs pour pratiquer leur passion tous les ans. Vous trouverez facilement des thermomètres à moins de 10 euros tout à fait fonctionnels. Il me semble important lorsque l'on pratique nos rivières jurassiennes que ce geste devienne un reflexe.

Pour compléter cet article, je vous présente un modèle qui est au-dessus du budget ci-dessus. Après, comme tout accessoire, on est en droit de se faire plaisir avec des objets plus sympas que la moyenne. Qui plus est lorsqu'ils possèdent plusieurs fonctions. Voilà, pour 2019, j'aurais en permanence avec moi le themomètre C&F Design.  En plus d'être un outil de qualité qui me permettra d'être fiable, il possède une autre corde à son arc toute aussi importante à mes yeux. Il fait récupérateur de fil également. Vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, il y a une sorte de spirale sur le côté (flèche rouge) qui permet d'enrouler ses pointes de fil usagées autour du thermomètre en coinçant à chaque tour le fil dans les espaces dédiés de cette spirale. Une fois rentré à la maison, il suffit de glisser des ciseaux dans la rainure au dos de l'objet pour libérer le thermomètre du fil en le coupant avant de le jeter. 

On voit encore trop de fil de pêche dans la nature malheureusement...

Pour l’anecdote, il possède aussi un petit aimant au dos où l'on peut, en cas de changement précipité d'une mouche, laisser son imitation en attente. Mais là, oui, c'est de l'ordre du gadget.

Et si toutefois vous pratiquez des rivières qui ne sont pas impactées par des hausses de température, cet outil vous permettra sans doute de mieux comprendre les périodes de haute activité des truites de votre rivière. Chez nous, dans le Jura et particulièrement sur nos grandes rivières, c'est pour se donner une limite acceptable à la remise à l'eau des truites sauvages dans de bonnes conditions.