La Bienne restaurée par le PNR du Haut Jura.
Par Nicolas39 le samedi 5 février 2022, 05:46 - Gestion piscicole - Lien permanent
Je vous invite à découvrir aujourd'hui en vidéo les derniers travaux réalisés par le PNR du Haut Jura sur la Bienne. Pour les habitués des berges de cette rivière jurassienne, certains paysages ne seront plus familiers tant les changements sont importants.
Le but de ces travaux si j'ai bien tout compris étaient de mettre à plat l'espace existant en enlevant les contraintes (digue haute par exemple) afin de laisser la rivière faire sa vie dans ce nouvel espace remodelé. C'est en fait ce que l'on voit depuis quelques années, des travaux conséquents sont réalisés ici et là pour effacer ceux réalisés à l'époque. La différence est sans doute la philosophie entre ces deux époques. Je vous laisse découvrir par vous-même ce qui l'en est en vidéo.
Commentaires
Merci Nicolas pour ces informations, peu de commentaires en retour …. pour ma part je n’ose pas malgré l’envie, ils parlent trop bien, comme le marketing de mon entreprise.
Assurément une bonne chose pour la Bienne que de lui rendre de la mobilité latérale, mais on attend tellement d'amélioration de la qualité chimique des eaux...
@Didier : @rosak : Merci à vous deux pour vos commentaires. Oui, effectivement, à quand un tel budget pour une amélioration de la qualité de l'eau.
Les sommes à investir pour l'assainissement notamment sont encore d'un tout autre acabit et relèvent de la compétence des communautés de communes, malheureusement pas du PNR. On peut cependant espérer que cet exemple incite les collectivités à pousser derrière ce genre d'initiatives pour que celles-ci se multiplient. Quelques mois après les travaux sur Jeurre le site vaut vraiment le détour et la dissipation d'énergie à permis à un mélange de galets/graviers de se déposer, là où ils étaient chassés par la puissance des flux autrefois.
En parallèle pêcheurs et riverains doivent mettre la pression sur les collectivités pour que celles-ci investissent massivement dans leurs réseaux d'assainissement et dans des solutions pour réduire leurs effluents polluants.
Concernant la qualité d'eau le PNR travaille toutefois sur une opération collective "Cap rivières saines" sur les bassins versants de la Bienne et du Murgin, son chargé de mission rencontre et accompagne les industriels de la vallée en leur apportant soutien technique et financier pour le changement de leurs process industriels et une réduction de l'émission de substances toxiques (https://fr.calameo.com/read/0024302... ).
Il y a encore du travail mais petit à petit certaines choses bougent.
Je ne pense pas que les pêcheurs reprochent au PNR de ne pas s'occuper de l'assainissement. C'est juste un souhait récurrent vis à vis des priorités qu'il faut absolument gérer pour cette rivière comme pour ses voisines, rien d'autre.
On sait assez dire par exemple aux présidents d'aappma qui mettent en avant le no kill que ce n'est pas la première des priorités...C'est un peu la même situation. Ces travaux sont une très bonne chose, mais à côté de la qualité de l'eau et du réchauffement de celle-ci, c'est bien moindre. D'où la réflexion des pêcheurs. Finalement, on se rend compte que chacun selon sa fonction tente des choses avec les outils qu'il possède.
Pour la pression que les pêcheurs/riverains doivent mettre, il me semble que celle-ci dans le Jura est permanente depuis des décennies avec un résultat proche du néant. C'est triste mais il ne faut pas se voiler la face.
Le dernier sujet abordé me fait sourire...Il se trouve que je travaille dans l'industrie du secteur "Oyonnax - St Claude - Moirans en montagne" depuis plus de 25 ans. Je connais donc beaucoup de monde et j'ai régulièrement entendu parler de l'opération dite "cap rivières saines" du PNR. Cela tombe qu'il soit évoqué du coup. La communication est belle, autant dans le commentaire que sur le visuel du lien. Et puis il y a la vraie vie. Ce qui se passe dans les entreprises et l'implication de celles-ci qui est proche du néant également d'après mes nombreux retours. Bref, on est pas loin d'une vaste blague dans le réel même si l'intention est très bonne en théorie...Comme de nombreuses actions passées.
Nicolas, sur le terrain et notamment sur la vallée de la Bienne il n'est pas rare qu'au gré des discussions ressortent des "vous feriez mieux d'utiliser cet argent pour l'assainissement" ou autres piques du genre. Je me doute bien que vous savez cela (vous êtes président d'aappma et au fait de ces choses, on a d'ailleurs déjà eu des échanges du genre ici), mais ça ne semble pas être le cas de tous les pêcheurs, pour qui, et on ne peut guère leur en vouloir vu la complexité des choses, les compétences et devoir des différentes structures ne sont pas connus. Il me parait donc important de le rappeler sur les canaux de discussion très lus comme votre blog.
Et effectivement je vous rejoins, on souhaiterait tous que la qualité d'eau (pour la thermie ça semble plus compliqué) soit la priorité de tous...
Concernant la pression des pêcheurs et riverains, j'ai l'impression que c'est surtout une poignée de convaincus qui la mettent, souvent les mêmes, mais j'ai bien peur que l'on soit loin du soulèvement citoyen nécessaire à un changement radical dans les politiques relatives à la préservation des milieux aquatiques...Preuve en est suite aux dernières élections, si c'était la priorité on aurait pu espérer du changement à la tête de nos différences instances.
L'opération Cap Rivières Saines a seulement 2 ans, donc oui on est encore loin d'avoir atteint le niveau de résultat nécessaire à une amélioration aussi importante qu'en a besoin la rivière. Et si l'investissement de beaucoup d'entreprises laisse à désirer, il y en a qui font tout de même des efforts, en espérant que petit à petit cela fasse boule de neige. Je vous invite à prendre contact avec le chargé de mission de l'action qui pourra vous apporter plus d'éléments et vous montrer que ce travail n'est pas une vaste blague mais comme beaucoup d'autres un travail de longue haleine.
On poursuit tous le même objectif, avec nos moyens et ceux que l'état et les politiques locaux veulent bien nous donner, à nous de tenter de faire fructifier ces efforts.
J'en profite pour préciser d'ailleurs (et pour revenir au sujet de la vidéo) que des travaux du même type sont en cours sur Lavancia.
Je reste à dispo pour échanger
Bonsoir, chacun appréciera différemment la qualité de cet échange et c’est bien légitime. Pour ma part j’estime que ce genre de chantier relève de la chirurgie esthétique sur un corps malade.
Bonsoir,
Comme dit Quentin, on ne peut pas en vouloir à toutes les bonnes volontés qui font avec ce qu'elles peuvent.
C'est toujours mieux que de rien faire.
Par contre, c'est vrai qu'il faut prendre le problème par la racine.
Ce serait plus constructif et efficace que tous les acteurs qui peuvent réellement faire quelque chose travaillent tous ensemble dans la continuité d'un projet commun et non chacun dans leur coin.
On va dire que la PNR a pris de l'avance sur les autres.
Je prends pour exemple l'épandage du lisier.
Si vous changez tous les cailloux de la rivière et qu'une grosse quantité de lisier y est déversée durant des années, le mal sera a nouveau présent.
Ca aura seulement reculé le problème.
A la lecture de ces divers commentaires, je suis étonné par l'absence d'évocation de la responsabilité de la filière agricole qui est loin d'être négligeable dans l'état de nos rivières.
Comme j'ai pu le constater en discutant sur le pont de Jeurre avec des personnes du cru, Il y a comme une sorte de retenue des locaux vis à vis de la mise en cause de la filière "Comté" en bottant plutôt en direction de l'industrie ou des collectivités.
Hello, j ai une question pour Quentin, on protège certaines espèces, dont le grand tétras, que l on qualifie d emblème de nos forêts jurassiennes, mais pourquoi pas notre truite « commune » toute aussi respectable ?
Bonjour Didier,
La Truite commune fait partie de la liste des poissons protégés sur l'ensemble du territoire Français, elle est listée dans l'arrêté du 8 décembre 1988 qui nomme toutes les espèces pour lesquelles : sont interdits en tout temps sur l'ensemble du territoire national, la destruction ou l'enlèvement des oeufs et La destruction, l'altération ou la dégradation des milieux particuliers, et notamment des lieux de reproduction, désignés par arrêté préfectoral (le lien ici : https://www.legifrance.gouv.fr/loda...). Il y a donc bien un texte qui acte le statut de protection de la Truite commune. Maintenant, vous noterez l'ironie de la seconde partie du texte qui porte sur la destruction ou la dégradation de son habitat. Comme souvent, les outils réglementaires existent mais il y a un cruel manque de mise en application de ces textes par les services de l'état. Manque d'ambition des différents gouvernements qui se sont succédés, manque de courage des politiques locales ou "je m'en foutisme" complet, chacun se fera son idée, le fait est que l'outil existe mais n'est pas appliqué et c'est d'autant plus regrettable. Ce n'est pas la seule incohérence entre les textes (j'avais écrit un article sur un vide juridique qui entoure certaines pratiques d'épandage, cela fait écho au sujet évoqué par Plana) et la réalité sur le terrain où l'OFB, chargée de la police, manque cruellement de moyens et n'est pas portée par des politiques ambitieuse.
Bref on a donc bel et bien une protection dans le code de l'environnement, au moins partielle, de l'espèce et de son habitat. Là où cela diffère avec le tétras, c'est qu'en ce qui le concerne, sa destruction est interdite toute l'année et sa protection ainsi que celle de son habitat sont plus strictes. Pour l'appliquer à la Truite cela signifierait notamment l'interdiction pure et simple de sa pêche (ou soumise à des dérogations extrêmement strictes comme cela peut être le cas pour certaines grenouilles), pas sûr que collectivement en tant que pêcheurs nous soyons prêts à cela.
Enfin je pense qu'il est un peu hasardeux de comparer Tétras et Truites dont les dynamiques de population sont bien différentes (d'un côté un oiseau qui pond quelques oeufs et élève ses poussins et de l'autre un poisson qui en pond des milliers mais ne les élève pas) pour le tétras, du moins la sous-espèce qui nous concerne dans l'Est de la France (Tetrao urogallus major) on est désormais à peine à 300 individus répartis dans les Vosges (20 environ) et le Jura. Il a disparu totalement des Alpes et il existe une micro pop dans les Cévennes, soutenue par des introduction d'individus en provenance de l'Est de l'europe depuis des années, sans que cela permette à la pop de se reconstituer. Bref, malgré la santé précaire de nombreuses populations de Truite, il est difficile de la mettre au même rang que le Tétras en terme de danger à court terme.
J'espère avoir pu répondre en partie à votre question, au plaisir.
Merci Quentin pour cette réponse et sa précision, je ne compare pas les 2 espèces mais seulement les dynamiques de protection totalement différentes.
Cordialement.
Aucun soucis Didier, simple précision pour ceux qui lisent
Au plaisir de discuter de ces sujets passionnants !