Le hasard fait parfois bien les choses...Tout débute un samedi après-midi. Alors que j'étais au stade où Thibaut devait jouer un match de foot, Hugo et son papa qui passaient par là m'ont vu et se sont donc arrêtés vers moi. Mes deux cocos allaient faire leur bois de chauffage en forêt. Après quelques minutes a se raconter des histoires de pêche, on a pris rendez-vous en début de soirée pour faire un coup du soir tous ensemble. Pour la petite histoire, Thibaut et ses copains ont fait 1-1 à leur match en étant menés encore à cinq minutes de la fin. Je suis fan de mon fils en pêcheur à la mouche mais j'adore également le voir jouer au foot, je prends autant de plaisir.

Nous sommes les premiers à la rivière avec Thibaut. Le temps de s'équiper, de discuter un peu avec les pêcheurs présents sur les lieux, que nous nous sommes dirigés vers la rivière dans l'espoir de voir les grands lisses de la rivière d'Ain en ébullition. C'est toujours le même sentiment avant un coup du soir, on est obnubilé par les gobages alors que l'on sait qu'ils deviennent de plus en plus rares. On a vite compris que cela ne serait pas le cas. Pas dans l'immédiat. Dans la demi-heure suivante, Hugo et son papa sont arrivés. Vu le nombre de pêcheurs présents sur la parcours, on a décidé de monter un grand linéaire pour trouver la tranquillité. Je suis resté avec Gilles, alors que les deux mômes sont partis encore un peu plus haut. J'étais vraiment parti dans l'idée de pêcher en sèche, de voir des gobages et de ma faire plaisir, malheureusement, pas grand chose à se mettre sous la dent. Quelques mouches mais sans plus et du coup, aucune activité de surface si ce n'est un ou deux petits ombres. On était en attente avec Gilles contre les saules rive droite depuis un petit moment. Alors que nous parlions de tout et de rien, il me semblait avoir vu un gobage trois ou quatre fois en rive opposée. Sincèrement, je n'aurais pas mis un billet non plus tant c'était discret. J'ai proposé à Gilles de m'avancer quitte à casser le coup devant nous. Il fallait que j'en ai le cœur net. En étant à dix mètres, le doute n'était plus permis. C'était bien un poisson qui crevait régulièrement la surface de l'eau. Après bien des tentatives infructueuses, j'ai réussi à lui faire prendre ma mouche. Alors que l'on pensait tous les deux que c'était un très gros poisson, c'est une truite d'un peu plus de trente cinq centimètres qui s'est mise à faire des chandelles suite au ferrage. Un peu déçu car l'aspiration du poisson pouvait faire croire à un autre gabarit, mais heureux malgré tout de prendre une truite en sèche. La suite ne sera pas fameuse au niveau gobage, loin de là...Pas de ronds, rien. On décide donc de rejoindre les gosses. Ils n'avaient rien fait non plus si ce n'est un ombre chacun par inadvertance. Du coup, on se remet à causer ensemble, Hugo raconte des bobards à sa maman au téléphone ;-), je fais quelques photos, Thibaut matte la rivière....

Puis, rive opposée une nouvelle fois, nous assistons à quelque chose qui a tout lieu d'être une chasse. De gros remous sur plusieurs mètres...Il se passe des choses ! La scène s'est déroulée en fin de tirant avant des vaguelettes assez rapides. Je tente de passer un coup en noyée avant de m'approcher, mais rien. Je traverse donc dans l'idée d'aller voir qui était à l'origine de ce raffut. Bien plus bas pour de pas me rendre visible tout en refaisant ma pointe pour y nouer une nymphe. Une fois l'autre berge atteinte, je remonte lentement, mais rien en vue à l'endroit du crime. Par contre, cinquante mètres plus haut, une très belle truite est là, elle gobe ! Je l'ai deviné grâce au légers mouvements d'eau qu'elle faisait après la capture des insectes. Malheureusement pour moi, j'étais en présence d'une maline. A peine mon bout de scion avait passé la végétation que ma belle s'en est allée rejoindre la fosse à proximité. Maline oui, mais pas le pêcheur...Grosse erreur de ma part. Bref, tant pis pour moi, je continu, mais plus rien. Je suis de nouveau de retour quinze minutes plus tard au même poste, elle est déjà revenue. Elle gobe de nouveau, incroyable cette assurance ! J'ai beau réfléchir, c'est impossible de l'attaquer sans se faire voir. Du coup, deuxième tentative, et la même sanction forcément. La truite se laisse une nouvelle fois glisser tranquillement dans la fosse...Mais c'est là que l'histoire commence en fait !! Ni elle ni moi n'avions prévu ce qui allait se passer. Elle pensait m'avoir blousé et moi, je croyais ne plus la voir...Mais que nenni ! Il se trouve qu'en rejoignant sa fosse, ma belle zébrée a croisé la route d'une truitelle d'environ quinze centimètres. Du coup, elle l'a pris en chasse sans réfléchir ! Une course folle qui s'est déroulée devant mes yeux ébahis puisque la truitelle a tenté de se réfugier au plus près de la berge sous mes pieds. Elle s'est retrouvée dans peu d'eau, mais la grosse zébrée n'en a pas fait de cas. Elle a continué à foncer ! Elle a fait de gros remous, du mêmes genre que ceux vus en aval un peu plus tôt, le même poisson sans aucun doute ! Dans un dernier sursaut, elle a fini par coincer la truitelle entre deux cailloux pour la dévorer ! Un spectacle dont on ne se lasse pas. Que la nature est belle et cruelle à la fois. Cette truite, qui m'avait feinté par deux fois, venait d'un coup perdre toute sa méfiance. Elle était devant moi, à toute juste deux mètres en train d'ingurgiter son repas principal. L'occasion était trop belle, j'ai tenté de lui passer mon gammare devant le bec. Mais elle n'en voulait point. Forcément, elle avait la bouche pleine. Suffisait juste de patienter quelques instants le temps qu'elle avale pour lui repasser de nouveau le gammare. Et même si j'ai encore du mal à le croire aujourd'hui, elle a fait un mouvement de tête sur le côté gauche pour s'emparer de ma bestiole. J'ai bien sûr ferré !! Pas pareil là, parce que la dame faisait son poids ! Gros combat en puissance sans que malgré tout je ne sois mis en danger de perdre le poisson. Après un saut à l'eau pour la rejoindre, j'ai fini par la glisser dans l'épuisette avec autorité. Une truite magnifique, un poisson fabuleux avec une gueule bien marquée. Même lorsque je viens faire un coup du soir en sèche, je finis avec une truite en nymphe à vue, incroyable.

La petite histoire dit que j'avais complétement oublié la truitelle lors du combat, mais à la prise photo, la truite l'a renvoyer au sol pour notre bon souvenir, elle était déjà morte bien sûr. Voilà un autre très bon souvenir partagé avec Thibaut, Hugo et Gilles. La belle est retournée définitivement rejoindre sa fosse ensuite.

Gourmande !

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