L'histoire de cette truite commence par une nuit de réflexion...Comme pour la plupart des pêcheurs, lorsqu'on a décidé de partir tôt à la pêche le lendemain, la nuit est souvent agitée. Ce fût le cas pour moi une fois de plus et en particulier pour le choix du spot de pêche. Effectivement, l'activité sur ma rivière depuis quelques semaines est quasi nulle, en tous les cas sur les insectes. Difficiles de faire son choix...Finalement, je me déciderai de façon définitive en m'habillant le matin.

Direction un coin où je n'ai pas encore mis les pieds cette saison. Je continu à chercher un spot plus actif ou/et moins traqué que les autres. Arrivé sur place vers 5h45 ce matin, la nature est en plein réveil pour mon plus grand bonheur.

Cette truite, avant d'essayer de la leurrer, il fallait bien la repérer...Et franchement, ça commençait plutôt très mal. Les premiers postes sont vides de poissons...A la fois, je commence à avoir l'habitude en ce moment.

Après quelques centaines de mètres parcourus, je tombe sur un grand tirant d'eau très rapide et d'une profondeur d'un peu plus d'un mètre. Le débit de la rivière est encore soutenu et d'habitude, ce genre de poste ne m'attire pas plus que ça. Mais ce matin, au premier coup d’œil, j'ai l'impression d'avoir vu quelque chose sans pour autant pouvoir l'identifier. En tous les cas, cela m'intrigue assez pour que j'insiste à observer entres ces veines puissantes et tous ces remous provoqué par ce gros radier.

Je pose la canne et j’essaie de chopper des fenêtres lisses en surface pour cibler ces formes que je crois être des poissons. J'ai bien mis 10-12 minutes à être sur de moi, et c'est un éclair blanc qui est venu confirmer mes croyances. C'est bien des truites ! Pour moi, il y en a deux ou trois, pas sur. Elles sont vissées au fond, bien en poste, difficile de voir ce qu'elles font, mais pour moi, c'est évident, elles ne sont pas dans ce fort courant pour des queues de prunes, elles cassent la croûte !

Je me laisse glisser sur la berge en terre pour arriver au niveau de la rivière. Le fait de les avoir vu en surplomb était un avantage, c'est beaucoup plus difficile maintenant, surtout avec une lumière de 6h15 du matin ! Je m'avance jusqu'à la pointe d'un saule pour être au plus près des poissons, soit à deux mètres de la berge et à trois ou quatre des truites. En m'avançant dans l'eau, je fais partir des centaines de vairons...Elles sont là pour ça ! Impossible de comprendre le manège avant avoir vu ça....Je suis bloqué contre mon saule et j'ai en fait deux truites devant moi. Les vairons ne fraient pas encore, mais leur rassemblement commencent à attirer les zébrées. De plus, elles ne cherchent pas du tout à les attaquer, elles sont immobiles, plaquer contre le fond à l’abri des forts courants de surface.

Je noue un gammare sur hameçon de 12 au bout de mon 14 centièmes et je le plaque fortement sur l'eau en amont du premier poisson, le plus gros bien sur...La pêche est à l'opposé de ce qui me fait vibrer, moi qui aime par dessus tout la pêche à distance et les ferrages lointains. Mais malgré tout, c'est assez technique, surtout pour faire passer la nymphe au ras de la gueule du poisson, parce qu'une chose est sur, elle ne se déplacera pas pour venir la prendre.

Après quelques tentatives, j'enlève mon gammare pour le remplacer par le même, mais sur hameçon de 10 avec plus de plomb. Il est évident que le précédent ne passait pas bien.La truite n'a eu aucune réaction, en tous les cas, de ce que j'ai vu...Parce que finalement, j'aperçois plus que je vois. Il faut dire que de la truite, je ne vois que sa tête posée sur un cailloux plus clair et plat. Le reste, les mouvements du courant m'empêche de le voir.

Je recommence le même manège, je plaque mon gammare très sèchement trois mètres en amont du poisson et je le laisse dériver...Arrivé à hauteur de la truite, celle-ci bascule la tête sur le côté du cailloux plat dans la partie où je ne vois plus rien...Je suis certain que c'est pour moi, et sans rien voir, je ferre...Elle est pendue !

Je regrette à ce moment là ne de pas avoir mis du fil avec un diamètres plus important. Je vais vite sentir que cette truite a bien profité des eaux de pluie généreuses de ces dernières semaines. Quelle puissance !! Je ne maîtrise pas grand chose, elle utilise à merveille la force du courant et en particulier la veine centrale...Je n'ai pas le choix, je descend avec elle en laissant échapper des centimètres de soie au fil des secondes qui passent. La truite alterne entre des coups de gueule appuyés et rushs successifs, la GLX est mise à rude épreuve. Le soucis est que j'arrive à la limite du waders, je décide de resserrer d'un cran le frein ce qui à pour incidence de bien faire siffler le fil. L'élasticité du bas de ligne m'aide considérablement sur ce coup là, c'est certain.

Le poisson finit par venir en surface. C'est à ce moment là, où il a le moins de puissance que j'avance vers lui en remplissant un peu (mon Dieu qu'elle est froide !). Je fais glisser cette belle truite dans l'épuisette.Ce fût un très beau combat, pas très long, mais d'une intensité que j'ai rarement connue. Je suis tombé sur une truite en pleine forme, bien grasse et qui a su allier sa force à la puissance du courant, c'était trop bon !

Une petite séance photo avec la lumière du matin ,donc pas géniale, et c'est le retour à la rivière. La petite histoire raconte que je suis retourné me positionner et que j'ai pris le deuxième poisson qui était en poste de la même façon.

A bientôt pour l'histoire d'une truite numéro 6....

Joli bébé...

IMGP2202.JPG