Avec mon vécu, mes multiples rencontres, mon expérience, il me parait évident que nous ne voyons pas tous la pêche de la même façon. Certains se fixant des objectifs en mettant tout en œuvre pour les atteindre, d’autres pêchant sans arrière pensée, juste pour le plaisir de profiter d’un paysage, d’une amitié ou encore d’un instant de solitude. De mon côté, et ceux qui me lisent ou me côtoient régulièrement l’ont compris, je pêche aujourd’hui en priorité pour passer du temps avec mon fils. Les poissons étant devenus uniquement la cerise sur le gâteau.

Cette passion commune nous fait vivre des instants de vie tout simplement inoubliables. Nous avons eu la chance de vivre encore récemment quelque chose d’extraordinaire. Ces moments forts que nous vivons ensembles ont forcément une répercussion sur notre relation père/fils de tous les jours. Et cela me rend heureux. C’est ainsi que j’avais imaginé les choses avant d’être père, je suis donc aujourd’hui comblé d'un immense bonheur.  

Chose rare pour nous, cela fait plusieurs fois cette saison que nous faisons des infidélités à notre belle rivière d’Ain pour aller pratiquer un parcours où vivent là-bas aussi des truites sauvages. Jusqu’à dimanche dernier, nous avons eu des réussites diverses avec des conditions changeantes, des niveaux d'eau différents et des poissons pas tout le temps coopératifs. Nous avons aussi aligné les casses et les décroches. Mais dans tous les cas, nous avons passé de très bons moments car le cadre est magnifique. Il est très différent de chez nous, cela nous change un peu. La rivière est compliquée à pêcher et les truites qui y vivent dont certaines depuis de nombreuses années (à voir leur taille) sont très capricieuses malgré une pression de pêche en deçà de la rivière d’Ain par exemple. Je n’en dirais pas plus sur le lieu. Le meilleur moyen de protéger le poisson qui est au centre de ce nouveau récit reste de ne pas donner plus de détails, que cela soit sur internet ou aux copains plus ou moins proches.

Il faut savoir que depuis la diffusion de la photo de LA truite sur les réseaux sociaux dimanche après-midi, je suis assailli de toutes parts avec cette fameuse question qui revient sans cesse : Tu l’as prise où ? Alors quand cela vient d’amis proches, ça ne me fait rien (bien que je ne donne pas la réponse malgré tout pour ce cas précis), mais quand cela vient de personnes qui ne me donnaient plus aucune nouvelle depuis bien longtemps, ça me fait doucement rire. Je suis quelqu’un de très fidèle en amour (hein ma chérie ;-) ) mais aussi en amitié, et j’apprécie moyennement certaines façons de faire. Je ne suis pas en colère ou aigri, bien au contraire après avoir pris un tel poisson ! Mais à un moment donné, il faut aussi que les choses soient dites. Et j’avoue que c’est plus facile à l’écrit. J’ai essayé de répondre avec courtoisie et de façon modérée aux multiples questions que j’ai eu depuis dimanche dernier. Mais il faut bien que certains sachent (ils se reconnaitront, j’en suis certain) que je ne suis pas naïf non plus. Voilà, il fallait que cela soit dit :-) . Je vais d’ailleurs travailler sur moi pour tenter de ne plus jamais demander à quelqu’un où il prend ses poissons. Parce que là, moi, je n’en peux vraiment plus…Je tiens malgré tout à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m'ont félicité et qui étaient simplement heureuses pour moi sans aucune arrière pensée. Sans parfois me harceler de questions. Merci beaucoup. Sincèrement.

Photo vite réalisée avant la relâche.

Pour en revenir au poisson du jour et donc à cette nouvelle histoire, nous étions avec Thibaut et sa copine Lucie au bord de l’eau dès 9 heures ce matin-là. Le temps était au beau fixe, presque chaud pour un tel horaire. Les coups de soleil de Lucie s'en souviennent ! Nous étions venus à la pêche en touristes pour profiter d'une matinée ensemble. Ma chérie était d'aprés-midi et il fallait donc que nous soyons à la maison un peu après midi. Après avoir pris quelques truites chacun de son côté avec difficultés en nymphe à vue, nous avons terminé la matinée sur les berges de la grosse fosse du parcours comme on le fait maintenant par habitude. Il y a quelques truites qui vivent dans ce trou assez incroyables. Le fameux poisson que j’avais aperçu pour la première fois en fin d’hiver dernier était enfin de sorti alors que je n’avais jamais pu le voir lors de nos dernières visites. Une masse ce poisson ! Il me faisait presque peur !  La truite était active qui plus est. C’était ce jour-là ou jamais ! C’est le genre de poisson que l’on croise une fois dans sa vie. Le coup de ligne n’a rien de spécial et c’est pour cette raison que je ne vais pas épiloguer. J’aurais pu broder et vous faire croire à n’importe quoi, mais ce n’est pas le genre de la maison. C’est moins passionnant à lire pour le coup, mais c’est la réalité. J’ai ferré cette truite avec quelques mètres de soie dehors au premier passage. J’avais fait deux nymphes au cas où spécialement pour elle sur du TMC3769 en taille 8. J’avais également refait minutieusement ma pointe de 3.50 mètres en 18° pour l’occasion. Le poisson a pris ma nymphe à pleine bouchée. Dans son comportement et sa façon de prendre ma nymphe, elle m'a rappelé les grosses truites de la chaîne de barrages de la basse rivière d'Ain que je pêchais avec mes amis Adrien et Gaël à l'époque. Cette sensation étrange au ferrage. Rien de bouge. Cette lourdeur ensuite. Cette puissance ! Ce fut un combat rapide (environ cinq minutes) mais intense avec un poisson qui a tenté de se réfugier sous toutes les caches rocheuses de la fosse où elle vit. Mais un 18°, c’est vraiment un gros fil. En tous les cas pour moi et ce que j’ai l’habitude d’utiliser tous les jours. J’étais sûr de mon hameçon, sûr de mes nœuds, sûr de mon fil avec ma pointe neuve. L’élasticité de mon bas de ligne n’est sûrement pas étrangère à la réussite de ce combat, c’est certain. Ma 8 pieds 6 pour soie de 5 était cintrée en permanence, mais elle s'est drôlement bien comportée. J’ai bridé en force durant toute la durée de la bagarre sans laisser le moindre répit au poisson pour me donner toutes les chances de le voir de plus près. De l’admirer. De faire plaisir à mon fils. De nous offrir un souvenir inoubliable dont on reparlera de nombreuses fois en famille ou entre amis.  

Après avoir tout tenté avec une force incroyable, le poisson a fini par venir en surface. Les gerbes d’eau quand il tapait de la caudale à droite et à gauche étaient énormes ! Thibaut tendait les bras pour rapprocher l’épuisette au maximum. Il était inquiet. Il s’est même retourné en me disant qu’il y allait avoir un problème avec la taille de l’épuisette. Effectivement, elle paraissait minuscule d’un seul coup. Mais Thibaut a super bien géré une fois de plus. Dès que l’énorme tête du poisson eut passé le cercle de l’épuisette, il l’a soulevé pour emmener la truite dans un petit calme peu profond à proximité. Il avait la banane mon fils ! Quel pied !   

Mais qu’est ce que c’est que ce poisson me suis-je exclamé en la voyant enfin ! Malgré la grande joie qui nous transportait, notre priorité était que le poisson reparte en bonne santé. Elle paraissait épuisée cette truite. Un vieux poisson sans aucun doute. Nous ne l’avons pas mesuré et encore moins pesé. Les chiffres sur les poissons, ça m’a toujours passé au-dessus de la tête et j’y porte peu d’importance. Nous avons juste fait quelques photos et nous l’avons relâché au plus vite. Ce qui est certain, et pour les passionnés de chiffres justement, c’est qu’elle passe largement les 80 cm et les 7 kilos.  

Un poisson venu d'ailleurs !

Cette truite est un poisson hors normes. Je pense qu'il est difficile d’imaginer un tel gabarit de poisson pour une truite sans avoir eu le privilège de l’avoir eu entre les mains. C’est la seule façon de comprendre à quel point cette truite est exceptionnelle. C’est un truc de fou !!! Tout est disproportionné. Cette masse derrière la tête, l’adipeuse grosse comme un pouce, une caudale gigantesque. Un poisson juste incroyable. Mes mains ressemblent à celles d'un minimoys à côté, sans parler de la canne qui fait office de cure-dents.

Elle est bien repartie après avoir récupéré dans sa fosse profonde de 4-5 mètres environ (Je n’ai encore jamais pu voir le fond). J’espère qu’elle vivra de très longues années dans son trou d’eau où elle règne en Reine des lieux. D’ailleurs, elle a déjà été revue à ma grande surprise ! Elle paraissait en bonne santé. J’en suis très heureux. C’est une très bonne nouvelle. J’avais cette grande crainte qu’elle ne se remette pas du combat. Tout est bien qui finit bien.

La dernière fois que j’avais pris une très belle truite, j’ai eu un seul vrai regret, celui que Thibaut n’ait pas été à mes côtés ce jour-là. Cette fois-ci, on a pu vivre ce moment tous les deux. Mon plus grand souhait maintenant est que nous puissions encore de très longues années profiter ensemble de cette passion qui nous unit...