C’est l’histoire d’une courte partie de pêche plutôt que celle d’une seule truite en vérité bien que cela soit sur un poisson en particulier que je m’arrêterai malgré tout dans ce récit.  

Au moment où cela s’est passé, la rivière d'AIn venait de subir deux micros coups d’eau en peu de temps qui n’avaient pas eu pour incidence de faire monter durablement la rivière malheureusement, mais de stopper la hausse de la température de l’eau. L’effet vu immédiat avec un arrêt sévère de l’activité des truites. Est-ce que c’était le seul élément déclencheur de cette période boudeuse des poissons, je n’en sais fichtre rien. Il se trouve simplement que le comportement des zébrées est bien différent depuis quelques jours.

Cela faisait plus de cinq jours que je n’avais pas mis les pieds à la rivière, chose extrèmement rare que cela soit en saison ou non. Et puis finalement, avec quelques heures devant moi, je me suis décidé à reprendre la canne pour voir si je pouvais croiser des truites actives. Le choix du parcours s’est fait comme souvent cette saison par défaut. En choisissant un parking vierge de voiture. Depuis début juin et la fin des « ponts », c’est nettement plus calme. J’ai donc mis très peu de temps à trouver mon bonheur. Les waders étant déjà mis à la maison, il me restait à enfiler mon gilet et j’ai pu débuter ma quête de truites en train de se nourrir. les conditions étaient plus ou moins bonnes avec un plafond bas et donc une visibilité médiocre. Autant vous le dire tout de suite, en quatre heures de pêche, j’ai vu trois poissons "intéressants". Trois truites actives j’entends, les autres, je les ai laissé tranquille, juste observé quelques minutes.

La première truite, je l’ai vu bien assez loin en amont de moi. Je me suis assis tranquille sur la berge où je pouvais fouetter librement pour tenter aussi d'être plus discret que debout. C’était sans compter sur les herbes hautes. En sortant mon bas de ligne nymphe en main, je me suis pris dedans pour bien emmêler. J’en ai rigolé, ça commençait pas mal ! Qu’à cela ne tienne, j’ai bien pris mon temps pour tout défaire, ma truite elle prenait une nymphe de temps en temps en restant bien en poste dans 80 cm d’eau. J’ai bien du mettre dix bonnes minutes à me dépatouiller. Il faut en rajouter quelques unes pour coucher toutes les herbes qui m’embêtaient. J’étais de nouveau opérationnel. Toujours nymphe dans la main et avec des mouvements brusques de la canne, j’ai sorti mon bas de ligne. Une fois la soie passée au-delà de l’anneau de pointe, j’ai lâché ma nymphe pour sortir la distance de soie nécessaire. Je le sentais bien ce coup là. Au moment de poser, j’ai retenu mon geste pour accompagner la nymphe au moment de sa rencontre avec la surface de l’eau pour que tout cela se passe en douceur. Opération réussie, la truite n’a rien vu. La nymphe s'est mise à dériver, la truite est montée à sa rencontre, s'est bloquée, ferrage, pendue. Si vous suivez bien, j'étais toujours assis tel un retraité pêchant au poser ! Du coup, avant que j’ai eu le temps de me lever, ma belle est venue dans les racines du petit saule tout près de moi pour finir par casser le fil. Bravo ma belle, joli reflexe de ta part…

Plus tard, j’ai aperçu un joli gobage à deux mètres de la berge en face me laissant croire à une belle truite. Je me suis positionné dans l’eau lentement et j’ai fait dériver une belle mouche de mai. Pendu ! J’ai de suite compris. Un ombre ! J’ai attrapé la mouche pour le décrocher sans le sortir de l’eau. Je vous rappelle que l’ombre est interdit de pêche dans le Jura, donc lorsque cela arrive par hasard comme dans ce cas, la photo n’est pas indispensable, voir déplacée, merci pour eux ;-)

Puisque j’étais dans l’eau, j’ai pris la décision de traverser après ma déconvenue sur de moi d’avoir pêché un gobage de truite. J’ai fini par tomber nez à nez avec une truite magnifique. Le problème, c’est que j’étais bien mal situé au moment où je l’ai vu. En gros, si je bougeais ou tentais quelque chose, c’était mort. Je l’ai donc observé un bon quart d’heure. Elle a nymphé une quinzaine de fois seulement. J’ai pu voir par deux fois sa proie entre deux eaux avant qu’elle ne referme sa gueule dessus car la scène se déroulait tout près de moi. Assez génial comme instant. Et puis même sans bouger, elle a fini par sentir un truc gênant pour se laisser dériver en aval tranquillement sous sa racine. Tant pis.

Cent mètres plus bas, sous une énorme branche basse qui ne touchait pas l’eau, il y avait un poisson magnifique qui rodait là. Je me suis précipité et du coup, la truite a refusé ma nymphe pour partir et ne plus revenir. Avec le recul, j’ai fait une erreur. Je sais laquelle, je retournerai voir ce poisson plus tard…Il reste encore quelques semaines pour mieux faire connaissance.

Bref, que peu d’occasion finalement. Déjà trois heures que j’étais au bord de l’eau. Je me suis décidé à remonter pour de nouveau traverser la rivière et regagner la voiture. Bon, forcément, comme il s’était passé trois bons quarts d’heure, j'ai guetté de nouveau la belle truite que j’avais dérangé plus tôt, mais cette fois-ci en regardant juste à l’aval de son poste potentiel.

Pour assurer le coup, je me suis laissé glisser sur les fesses dans les hautes herbes. Lorsque j’ai enfin eu la rivière en visuel, ma copine était bien là. A deux mètres de la bordure et deux à trois mètres en amont de moi.  Vu mon positionnement, je ne pouvais pas l’attaquer comme ça sous peine d'un échec cuisant. Il fallait que j’avance d’un bon mètre encore pour pouvoir basculer ma canne comme je le souhaitais. J’avais tout mon temps, pas t'inquiète comme dirait l'ami de Tenay. J’ai donc décidé de la faire « je t’aurais de toutes façons ! ». Elle ne mangeait pas souvent, mais dès que j’ai vu son premier bon décalage sur une nymphe, j’ai fait le mètre qu’il me manquait. J’ai bougé à moins de trois mètres d’elle, mais au moment où son esprit était occupé, pas vu pas pris ! Ma canne n’était toujours pas dans la bonne direction. Je me suis remis à attendre tranquillement. Elle nymphe !  Hop, je bascule ma canne. Je suis prêt ! Si vous débutez dans la pêche en nymphe à vue, retenez bien ce petit conseil, faites vos mouvements lorsque l'esprit de la truite est occupé à autre chose que de surveiller la berge.

Je l’ai laissé nympher encore quelques fois, qu’elle soit bien en confiance malgré mes mouvements précédents. Après cela, j’étais certain que pour elle, je n’étais pas là. La profondeur de l’eau était inférieure au mètre, mais il y avait un petit tirant non négligeable. J’estimais au maximum ma longueur de dérive "propre" en arbalètant à 40-50cm. Il fallait quelque chose de discret mais d’un certain poids malgré tout. Un gammare JFD-16 devrait faire « la blague ». Le premier passage sera le bon. La truite est venue intercepter ma bestiole avec une prise de celle-ci très discrète. J’ai ferré en étant sincèremement pas sur de moi tant la truite a maquillé cet instant précis. Peut-être qu’elle a eu un doute également au dernier moment ? Bref, elle était prise par le fer. Combat étrange puisque uniquement en surface, ma belle a fini par s’entortiller de toutes parts dans le fil. J’ai pu donc l’épuiser assez rapidement qui plus est en quatorze centièmes. Malgré le fait que les truites s’éduquent avec les semaines qui passent, je reste avec du fil de diamètre conséquent lorsque je le peux pour abréger les combats afin que les truites puissent repartir dans de meilleures conditions. Une petite photo souvenir dans l’eau et ma belle a vite rejoins sa racine. J’avoue que j’étais bien content. Parfois, un seul poisson suffit au bonheur, pas besoin d'en prendre une ribambelle. Celui-là, je m’en souviendrais longtemps tant ce jour, les truites étaient rares.

La photo est médiocre. Mais c'est voulu aussi. L'étiage est là donc moins on manipule les truites, mieux c'est.

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