Le jaune est ma couleur préférée...C'est peut-être pour cette raison, que certaines truites m'attirent plus que d'autres. Depuis quelques années, on voit de plus en plus de truites qui, dans leur milieu naturel, ont une couleur très pâle tirant sur le jaune. Peut-être que je me trompe, mais plus jeune, je n'en ai jamais vu. Ces poissons n'ont pas de zébrures et très peu de point. On les voit forcément de très loin un peu comme les gold en réservoir. Je ne sais pas pourquoi ni comment ces truites prennent cette pigmentation, mais le fait est là, on en voit de plus en plus. Et bien sur, rien à voir avec une truite positionnée en dormant à la pigmentation "normal".

Pour en revenir à mon histoire, je me suis rendu il y a de ça quelques temps sur une berge dans l'idée justement de revoir une truite jaune que je n'avais pas pu tenter deux semaines auparavant. Le temps est ensoleillé ce jour là, et la rivière est d'un très bon niveau, bref, le genre de circonstances que l'on a du avoir deux fois cette saison ! Cette truite, la première fois où je l'ai vu, ne m'avait pas laissé le temps d'y croire, elle n'a fait que passer devant moi assez vite sans se nourrir. Je ne suis pas revenu la voir depuis...

Par contre, et ça je ne l'avait pas anticipé, c'est qu'en deux semaines, la végétation à drôlement poussée ! Je ne vois même plus la trouée où je suis censé attendre le poisson en question. Je me faufile dans des orties d'un bon mètre trente et me voilà avec la rivière devant moi. Ben vous me croirez si vous voulez, la truite est là, à trois ou quatre mètres en amont en train de manger en ramassant des larves au fond de la rivière ! Pas le temps de se poser de questions du coup que je prends mon gammare en main pour attendre le moment propice du lancer. La truite, qui fait à vue de nez un bon cinquante, est vraiment d'un jaune éclatant ! Elle se rapproche doucement de moi en se laissant porter par le courant tout en continuant à manger. C'est au moment précis où je me décide à tendre ma canne pour propulser mon gammare que mon regard est attiré vers l'aval de mon poisson...Une truite d'au moins dix bons centimètres de plus remonte très lentement la rivière à quelques mètres de la bordure en mangeant elle aussi. 

Elle est encore assez loin de moi, mais franchement, je ne pouvais pas louper, car elle aussi, a une robe d'un jaune très prononcé ! Je n'en crois pas mes yeux, un vrai lingot d'or ! Comme l'autre, pas de zébrure, rien, la tête est même d'un ton différent presque, c'est très étrange cette couleur, presque albinos ! Quoiqu'il en soit, je change direct de fusil d'épaule et me concentre sur la trajectoire de ce poisson que je vois finalement pour la première fois sur cette bordure.La truite fait vraiment grosse sous l'eau...En plus, elle avance tout doucement, elle met bien trop longtemps à arriver vers moi, j'ai le temps de me faire piquer par les orties au moins trois fois ! Mais bon ,pas le droit à l'erreur, je la reverrai peut-être pas celle là.

C'est dingue d'ailleurs parce qu'avec une telle couleur, on voit que ça ! C'est possible que ce poisson, comme celui que j'allais tenter avant, ait cette pigmentation bien spécifique de façon temporaire dans l'année ?? Si quelqu'un à des infos ou des observations similaires, je prend, merci.

Il y a un seul danger sur ce coup de ligne, c'est d'être trop confiant, parce que franchement, je ne vois pas comment je peux passer à côté de ma chance, tout du moins sur le ferrage. La truite est remontée assez pour être en face de moi, je tends ma canne et mon gammare en taille quatorze se pose sans faire de "ploc" trois mètres devant elle plein axe. Le courant facilite ma dérive; La truite est tellement le nez dans les galets que je tente une animation au premier passage de peur qu'elle ne capte pas mon imitation. J'ai bien fais puisqu'elle lève le museau pour ouvrir sa gueule juste devant moi ! Le ferrage est appuyé à la limite de casse pour bien accrocher le poisson et pour assurer une bonne tenue de l'hameçon.

Dès que la truite a senti le fer, elle est partie en milieu de rivière m'obligeant à sauter très vite à l'eau pour la suivre. J'arrive à freiner ses ardeurs et la mettre en surface après son premier rush. Elle ne retrouvera plus le fond si ce n'est celui de l'épuisette. Un poisson en surface, aussi gros soit-il, est très vulnérable. Cette règle une fois de plus s'est vérifiée. Je pense que le combat a duré moins de trente secondes. La truite se secouait dans tous les sens dans l'épuisette car elle était, bien évidement, encore pleine d'énergie.

Après une photo souvenir, la belle est repartie comme une furie. Pour la petite histoire, j'ai recroisé ce poisson quatre jours plus tard...Mais cette fois-ci, elle était en plein milieu de rivière, bien éloignée de la bordure où elle a senti le fer !

Un lingot d'or. Merci à Fred pour la retouche photo.

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