L'histoire d'une truite (15)

Voilà une nouvelle histoire qui ne va pas se focaliser sur la prise d'une truite en elle même, mais surtout à tout ce qui la précède...Tout commence, en tous les cas dans mon esprit, la veille au soir. La rivière est une fois de plus bien trop tendue pour pêcher à vue, mais j'ai un peu plus d'une heure le lendemain à matin pour moi, donc quoiqu'il en soit, je serai au bord de la rivière.

C'est donc là que tout commence dans ma tête et qui va m'accompagner une grande partie de la nuit. Où aller ! Où est ce que j'ai le plus de chance de voir un poisson avec ce débit ? La réussite se joue dans ce choix pour le plus gros pourcentage. La rivière est près des 30m3, donc les coups où je pourrai apercevoir une truite ne sont pas nombreux...De plus, il y en a un qui est forcément au dessus des autres, mais lequel ?

Je vais chercher longtemps et finalement, c'est un poisson qui va me décider. Cette truite que j'avais mal pêché 3 semaines plus tôt dans très peu d'eau et qui était collée à la berge. Je me dis que si par chance elle revient se nourrir au même endroit, je peux la voir même avec ce niveau d'eau car la zone n'est pas courante du tout.

Le lendemain matin au levé, je suis donc persuadé d'avoir fait le bon choix. Je m'équipe et je ne tarde pas à être au bord de l'eau. j'ai quelques centaines de mètres à faire à pieds pour atteindre le coup en question. Je ne peux m’empêcher de guetter entre chaque saules si je vois quelque chose malgré tout. Mais l'eau est vraiment trop mâchée et je ne vois aucun poisson.

Me voilà arrivé à destination, c'est encore pire que ce que je pensais. Le fond est visible oui, mais c'est un bien grand mot ! On voit sur environ deux mètres le long de la berge sur une bande de cinquante centimètres tout au plus. De toutes façons, pas le choix, s'il doit se passer quelque chose, c'est ici.

Je m'assoie tranquillement en tailleur et commence à regarder en faisant des mouvements circulaires avec ma tête pour ne rien manquer de ce qui se passe dans ma fenêtre de rivière plus ou moins claire. J'ai l'impression au bout d'un moment de suivre un échange de tennis. Le temps passe sans que rien ne se passe justement. J'ai tout le temps de voir qu'il n'y a rien et de me poser des questions comme sur la nymphe que j'ai choisi de mettre. Je fini par la trouver un peu lourde pour la hauteur d'eau et remet mon choix en question. Du coup, je l'enlève pour mettre la même en un peu moins gros et moins lourd. L'attente continue, je ne quitte pas des yeux ce mètre carré où le fond est visible devant moi.

Cela fait trente minutes que je matte minutieusement chaque cailloux devant moi lorsqu'une forme passe de la zone où je ne vois rien à celle où je vois. C'est elle ! je la reconnais de par sa taille mais aussi par ce petit point blanc sur le haut de sa tête. C'est bien elle que j'ai fait barrer il y a trois semaines. Je suis comme un dingue, même avant de la tenter car j'ai gagné mon pari. La voir est ma plus belle récompense. Le reste n'est qu'un bonus. Avec le temps que j'ai passé à sélectionner cet endroit et finalement avoir eu raison, c'est vraiment gratifiant.

Le petit coup d'arbalète n'est finalement plus qu'une formalité. La truite, si elle est là par ce débit, ne fait de la bronzette ( de toutes façons, il pleuvait pour changer). Elle va vite ouvrir sa gueule pour aspirer mon gammare. Au ferrage, je vois de suite que le poisson est en super forme ! Incroyable cette puissance...Cette eau abondante et froide rends les truites plus fortes que jamais.

Après avoir pas mal galéré à l’empêcher d'aller sous le saule au dessus du coup, je la glisse finalement dans l'épuisette et de façon instantanée, j'évite de peu mon gammare qui me revient en pleine figure ! Il était grand temps !

La truite est en surpoids, elle a bien profité. Elle sait comme tous les animaux sauvages, qu'une période beaucoup plus compliquée peu arriver d'un seul coup, donc tout ce qui pris maintenant, n'est plus à prendre. La truite repartira bien vite après une petite photo. Le plaisir sur ce poisson n'est pas de l'avoir pris, mais d'avoir deviné qu'il allait être là à ce moment là. On peut qualifier cela de chance aussi