C'est une histoire assez particulière que celle de cette truite. Elle débute cet automne pour tout vous dire. Ce poisson, lors de mes sorties repérage de cet automne, je l'avais déjà observé...Alors, je ne l'ai pas vu bien souvent, car on a eu beaucoup d'eau à cette période, mais à chaque fois que le niveau le permettait, j'ai pu la voir sur ce poste de nourrissage. Oui, car là où je la voyais tout le temps, il y a très peu d'eau, c'est une zone de rivière où le courant vient à peine perturber le calme apparent de la berge. Il y a un gros couvert d'arbres qui retombe sur l'eau.

Ce poisson, je l'ai même revu une ou deux fois en fin d'hiver avant l'ouverture. Toujours au même endroit, mais à ce moment là, il ne se nourrissait pas. Cela fait parti des avantages du repérage. Malgré tout, il se trouve que je n'avais pas revu ma truite depuis l'ouverture...Dans ces moments là, on se dit qu'elle a peut-être fini sa vie au fond d'un panier. Car franchement, je ne l'ai jamais vu en concurrence avec une autre poisson, et vu sa taille , elle était plutôt sereine sur ce poste. Ce n'est pas pour cette raison que je n'allais pas à chaque fois que j'en avais l'occasion jeter un œil pour voir si madame était bien présente.

Un beau matin, un de ces rares jour où l'on voyait le fond de la rivière en ce début de saison, alors que je venais juste de dépasser le bouquet de saule en me tenant éloigner de la berge, j'aperçois un éclair blanc dans le reflet à deux mètres du bord. Sans la voir, j'étais déjà quasiment sur que c'était elle. Il n'y avait pour moi aucune autre possibilité. Il se trouve, que cette situation, comme bien d'autres avec des poissons repérés, je l'avais déjà imaginé de nombreuses fois. J'avais déjà dans ma tête l'approche et la façon de l'attaquer depuis cet automne...

Je recule doucement pour de nouveau être caché des saules. Ensuite, je descend la berge de 10 mètres, je me laisse couler pour surmonter ce petit monticule de sable pour atteindre la rivière et commence à monter sans rentrer dans l'eau pour atteindre les grosses banches qui retombent sur l'eau... Arrivé à l'endroit où je le souhaitais, je me mets à genoux et fixe la zone en étant très concentré car la lumière est plus que médiocre. Elle est un peu plus en amont de moi, en bout de circuit d'après moi et mes observations passées. Je reste donc où je suis en étant persuadé qu'elle va redescendre. Le coup se fera sans soie dehors, avec un simple geste arbalète mais qu'il faudra faire au bon moment car vu la faible profondeur, je n'aurais droit qu'à un seul essai.

Comme prévu, et c'est là qu'on est plutôt content de soi, la truite se laisse descendre tranquillement avec la tête toujours pointée vers l'amont. En quelques secondes, elle se retrouve pile en face de moi, à tout juste deux mètres dans 50cm d'eau claire. Tout se passe comme je l'avais imaginé déjà cet automne la première fois où je l'ai vu, c'est vraiment dingue.

Je lâche mon gammare après avoir tendu ma canne pour qu'il soit propulsé en amont du poisson et sur son côté droit, là où la profondeur de l'eau est légèrement plus importante. Ainsi, je pourrais faire une petite animation. C'est d'ailleurs ce que je fais arrivé à sa hauteur, la truite bascule sur sa droite et je vois le flanc briller comme lorsqu'elle se nourrissait sur les larves et crustacés naturels. Je lève bien sur ma canne verticalement pour faire pénétrer mon hameçon dans sa gueule.

La truite se contorsionne de toutes ses forces sur place en éclaboussant la surface de l'eau, je bride donc au maximum, car dans ces cas là, on peut écourter le combat très vite même avec un beau poisson. Malheureusement, je n'arrive pas à terminer de suite et la truite reprend de l'eau pour filer vers l'aval. je n'ai d'autres choix que de la suivre car elle met toute sa puissance, et Dieu sait qu'elles en ont avec cette eau encore glacée. Malgré tout, avec un bon 14 centièmes, on fait du très bon boulot, et ce poisson n'a pas d'autre choix que de finir dans l'épuisette assez vite.

C'est un très joli poisson avec peu de point, pas de trace bleu sur les joues et une gueule bien marquée . J'adore ! Surtout comme cette saison où l'on à pêché correctement à vue 2 ou 3 jours depuis l'ouverture, c'est juste un immense bonheur.

Vu la météo actuelle, on est pas prêt de revoir le fond de la rivière ! A bientôt pour une prochaine histoire...

Une vieille copine à moi.

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