Comme si la saison estivale n'avait pas été assez meurtrière, l'automne et l'hiver devrait être du même acabit. Pas d'un point vu caniculaire cette fois-ci mais via les airs par les ombres noires qui vont s'abattre sur nos eaux sans aucun risque.

Comme vous le savez peut-être, les tirs de régulations du grand cormoran sur les eaux libres ont été suspendus. L’arrêté ministériel officialisant cela est paru. Le ministère concerné demande des études pour justifier la régulation des cormorans devant les attaques répétées de la LPO. C'est une véritable farce puisque ces études existent un peu partout en Europe.  Une étude danoise montre que le grand cormoran peut consommer 30% des truites et jusqu'à 78% des ombres des rivières qu'il colonise. Sa pression de prédation suffit à expliquer les déclins localement observés de ces espèces.

Photo @AUPRA (prise sur leur page facebook)

Au-delà des études, il y a l'observation des pêcheurs et des professionnels (pisciculteurs) depuis des années. Pour cela, il faut passer plus de temps au bord des rivières en automne et en hiver que derrière son bureau ! Des journées entières pour se rendre compte de l'incroyable efficacité de ces oiseaux. Chez nous, où les ombres sont bien rares, ils se vengent sur les truites survivantes. Un ami naturaliste m'a dit avoir observé samedi matin un cormoran qui pêchait sur notre linéaire alors qu'il était en affut pour observer un martin pêcheur. En moins de 30 minutes, l’oiseau a capturé 2 truites d'environ 30 centimètres d'après lui. Quand on connait le nombre de poissons qu'il reste dans le coin, c'est désespérant. Sans avoir fait de grandes études, imaginez que ce seul oiseau reste par-là quelques semaines en boulotant deux truites par jour si ce n'est plus...

Les pêcheurs ne demandent pas l'extermination de l'espèce, bien entendu. Mais il y a des faits très clairs. La population de cormorans se porte bien mieux et ce n'est rien de le dire que celle des truites sauvages dont ils se nourrissent. En particulier chez nous. Quand je vois ces vols de plusieurs dizaines d'oiseaux venant des grands lacs jurassiens pour faire des virées régulières sur les têtes de bassins de la rivière d'Ain et de ses affluents, cela annonce une catastrophe. Comment peut-on laisser faire ça sérieusement ??

De toutes évidences, tout n'est pas clair dans cette histoire d'interdiction de tirs de régulations sur les eaux libres. D'après les dires de l'AUPRA (une des grosses AAPPMA de la basse rivière d'Ain), le directeur technique de la fédération nationale aurait donné sa caution en tant que représentant des pêcheurs. Je n'ai bien entendu aucun moyen de le vérifier. Mais cela met en évidence un problème important de mon point de vue. Dans nos AAPPMA ainsi que dans nos fédérations, il y a encore de trop nombreuses personnes, élus ou techniciens, contre ces tirs de régulation. Mon sentiment là-dessus est clair. Cela doit cesser. Commençons par le commencement. Pour les élus, c'est plutôt simple, il suffit ne vous renseigner et de ne pas voter pour eux. Par exemple, je sais qu'il y a eu et qu'il y a encore actuellement à la fédération du Jura des administrateurs totalement contre ces tirs de régulation. je sais qu'il y a au moins un président d'AAPPMA jurassienne contre ces tirs de régulation. Des pêcheurs prêts à tout pour défendre ces oiseaux. Moi, cela me pose problème parce que ces gens-là ne défendent pas la pêche et les pêcheurs, ce qui est pourtant leur rôle en tant qu'élus. Plus grave encore pour les techniciens de fédération dont le salaire vient en partie au moins de l'argent des pêcheurs. J'en ai connu et j'en connais encore ! Chacun ces idées et principes de vie, c'est bien compréhensible, mais allez jusqu'au bout messieurs, quittez le monde la pêche pour rejoindre les rangs de la LPO !

Qu'on nous laisse protéger ces dernières zones à salmonidés sauvages sinon les cormorans finiront le travail, c'est certain. 

Photo @AUPRA (prise sur leur page facebook)

Edit du 22/10/2022 : Vu sur la page facebook de l'Aupra qui rectifie ses écrits : Après un long et fructueux entretien téléphonique avec l’intéressé M. Hamid Oumoussa (directeur technique de la fédération nationale), il apparait que s’il a bien été un des interlocuteurs du Groupe de travail sur le Grand Cormoran, il n’a pas donné d’avis favorable, bien au contraire.