Ce week-end était l’avant dernier avant la fermeture en rivière de première catégorie. Mais la météo annonçait de grosses pluies…De grosses intempéries ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi. D’autres devraient pointer le bout de leur nez en milieu de semaine également. Par conséquent, il y a de grandes chances que ce week-end fut celui de ma fermeture avec des conditions « correctes » pour pêcher à vue. La rivière ayant bien grossit ce matin.  
J’émets un bémol quant aux conditions « correctes » car l’alliance étiage sévère couplé à un vent du Sud très violent n’aide en rien le pêcheur à la mouche que je suis. Néanmoins, le vent du Sud m’a laissé tranquille quelques heures samedi matin avant de se faire sentir en milieu de matinée. J’ai donc  pu pratiquer la nymphe à vue comme je l’entendais quelques heures au début de ma partie de pêche. 
La rivière était au plus bas. Jamais de la saison de pêche, elle n’a atteint un tel niveau d’étiage. Les truites qui ont profité de la baisse des températures commencent certainement à trouver le temps long.

A peine deux mètres de large pour la rivière à cet endroit.

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Malgré cela, j’ai pu voir et prendre le temps d’observer quelques poissons en maraude. Le plus souvent des poissons modestes et malgré tout très peu actifs. J’ai attaqué et fait mordre trois truites entre 30 et 35cm. Je ne les ai pas ferrées mais c’était rigolo de les voir « mâcher » la nymphe avant de se rendre compte de la supercherie. Du coup, ça les réveillait un peu ! Ensuite, une plus belle, environ 40cm. Toujours pas ferré volontairement, mais là, pour une toute autre raison. Je pêche en pantalon-chaussure depuis fin Juin, les waders et autres cuissardes étant au placard. Et franchement, vu la température de l’eau en baisse constante, j’étais prêt à sauter, mais pour une truite d’un autre calibre. Je me suis donc contenté de lui dire « t’es à moi » au moment où elle engamait ma bestiole au lieu de ferrer. Ce qui est remarquable, c’est que pour ce poisson, avant qu’il ne recrache ma nymphe, il a du se passer 3 à 4 secondes…Incroyable pour une fin de saison. 
Puis, je suis arrivé en haut du parcours dans un joli trou. Il y avait quatre poissons disons différents des autres de par leurs tailles ! Il était évident dans mon esprit que là, je n’allais pas pêcher pour du beurre. D’une part parce que ces poissons étaient bien plus actifs, d’autre part parce de ce que j’en voyais, ils étaient bien en chair. Bref, après une analyse rapide du coup, je me suis mis en position là où je pensais être le mieux.  J’ai eu le temps de tenter la plus belle qui n’a montré aucun intérêt envers mon imitation lors de la dérive inerte de celle-ci. Je me suis sans doute précipité un peu et ma dérive n’a pas été bonne. Tant pis, il en reste trois qui tournent. Mais c’est là que la situation s’est gâtée. Un convoi de quinze canoës s’est pointé sur les lieux. C’est toujours dommage, mais il y a pire dans la vie que ce genre de mésaventure.  Je suis donc resté immobile dans la végétation.  Le petit plus de l’histoire, c’est que ces personnes très sympathiques ont décidé de s’attendre juste devant moi. Sept, hui, neuf et bientôt quinze embarcations. 
-Hé les gens, je crois qu’on casse le délire du monsieur !
Ils ont mis le temps, mais ils ont fini par me voir. Je leur ai dis que ce n’était pas grave et je leur ai souhaité une bonne balade.  A leur départ s’est rajouté mon copain du week-end, le vent du Sud, terrible !! Là, s’en était fini de mes farces. Il était midi et je devais accompagner ma fille à son match de foot. Je reviendrais demain.  Parce qu’au final, j’étais capot. Et cela n’est pas concevable pour une fermeture.

Deux jours à pêcher dans les vagues !

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Le lendemain, c'est-à-dire ce dimanche, je suis parti après avoir mangé en famille histoire de faire l’après-midi au lieu du matin. Mon pote le vent du Sud était à la rivière avant moi et entre nous, il a été omniprésent ! Des vagues dignes d’une compétition de surf par moment. Dans ces conditions, c’est très très compliqué de pêcher en nymphe à vue. Je n’avais pas choisi le parcours le moins exposé qui plus est. Mais avec les prévisions mise à jour, j’en étais persuadé, si je voulais prendre une belle dernière à truite à vue, c’était aujourd’hui. J’ai bien cru que la première tentative allait se concrétiser. Mais c’était sans compter sur mon pote, vous savez, le vent du Sud. Alors que j’avais déjà eu bien des maux à lancer et poser ma nymphe en direction de cette belle truite aperçue sous les vagues, ce maudit vent à soulever mon bas de ligne au moment de l’animation alors que la truite suivait mon imitation. Cette accélération de dérive a provoqué son refus. 

S'agit de ne pas oublier ses polarisantes parfois !

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Très peu de coup étaient pêchâbles.  Finalement, c’était plus une balade pour profiter canne en main de la rivière une fois de plus. Puis, à force de guetter un peu partout,  j’ai quand même trouvé un poisson.  Il était dans une hauteur d’eau de plus de deux mètres à la limite d’un saule pas très éloigné de la berge. Les vagues étaient moins présentes à cet endroit ce qui me permettait de bien voir le poisson. Si vous suivez bien, je n’avais donc aucune possibilité de lancer amont puisqu’il y avait de la végétation. Une seule et unique possibilité s’offrait à moi, lancer une nymphe assez lourde de façon à ce qu’elle arrive au fond encore assez proche de la truite pour la faire réagir à l’animation. J’ai noué à mon quatorze centièmes une nymphe cuivre sur H16 avec 12 tours de plomb. Le premier lancé était pas mal. Mais aucune réaction du poisson à l’animation. 
J’ai de nouveau essayé et cette fois-ci, ma nymphe a « ploqué » au ras du saule pile où il fallait la mettre. La pointe du bas de ligne posée tout en paquet a permis à ma nymphe de descendre très vite au fond. Le vent pour une fois n’allait pas me gêner. J’ai animé très fort de façon à faire réagir ma zébrée sur une courte distance, environ 30-40cm. Ma belle s’est retournée, il me restait à être bien attentif. Pas trop non plus car j’ai carrément vu le blanc de sa gueule au moment où elle a ouvert le four ! Ferrage assez ample et ma belle s’est mis à basculer sur elle-même de suite avec vigueur. Là oui, je pouvais sauter à l’eau. Le froid qui est sensé vous saisir au moment où l’eau traverse le treillis arrive à passer totalement inaperçu tant l’attention est focalisée sur ce qu’il se passe avec la truite.
Quelle puissance ! Il y a des poissons comme ça, certainement plus adaptés et plus forts que les autres qui ont passé ces trois derniers mois difficiles sans que cela n’ait atteint leur forme physique…En tous les cas en apparence. Elle m’a bien mis la misère et sans un bon quatorze centième en pointe, elle m’aurait à coups sûrs faussé compagnie. 
Cela aurait été dommage, je n’aurais pas pu prendre le temps de l’admirer. Car en plus d’avoir bataillée comme une furie, cette truite était magnifique. Bien proportionnée avec des couleurs de feu et des zébrures typiques bien marquées.   
Quel beau poisson. Il sera le seul de cette maigre partie de pêche où le vent m’a littéralement usé pour finir par me faire quitter les lieux vers 17 heures.  Même Thibaut et son parrain n’ont pas voulu venir pêcher à cause de lui. Je me suis retrouvé seul avec ma rivière pour capturer ce qui sera certainement mon dernier beau poisson à vue de cette saison de pêche bien particulière.

Le genre de truite qui vous donne le sourire.

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