Observer les truites sauvages dans leur milieu naturel est un devenu avec le temps un besoin autant qu’un plaisir. Aujourd’hui, on sait tout sur la pêche à la mouche ou presque très facilement. D’innombrables fiches de montage sont disponibles sur internet, les coins de pêche et leur accès n’ont plus de secret pour personne via de nombreux logiciels, la technique peut s’apprendre plus facilement également grâce à la toile. On le voit d’ailleurs sur le terrain avec un niveau moyen des pêcheurs qui ne cesse de s’élever de mon point de vue. Il reste néanmoins des connaissances que l’on ne peut acquérir uniquement au bord de l’eau. Et pour cela, il faut y passer beaucoup de temps. Il faut le faire sans canne à pêche, uniquement avec les yeux.
Dans ce cadre là, celle de la très bonne connaissance des truites en est une. Et c’est bien dans ce domaine où je pense avoir le plus à apprendre. J’ai tellement de questions qui restent sans réponse que plus les années passent, plus je suis au chevet des truites de la rivière d’Ain pour continuer à encore mieux les connaître. Le comportement d’un individu à un autre peut être totalement opposé, c’est passionnant et parfois déroutant. Bien entendu, le fait d’être plus intime avec dame fario m’apporte énormément lors de la saison de pêche. Et ce n’est pas seulement dans le fait de savoir où telle ou telle truite habite, non, c’est tout le reste qui m’importe plus que tout. Les heures de sorties préférentielles, la durée d’activité selon la température ou la saison, la façon de se nourrir, comment, pourquoi, et pourquoi pas comme ça, j’en passe et des meilleures…C’est gigantesque comme domaine d’activité et bien plus prenant que de créer la nymphe miracle qui existe en fait depuis que Sawyer a tourné du faisan et du cuivre autour d’un hameçon.
Oui, la connaissance de la truite est un sujet sans fin car ces poissons s’adaptent à leur environnement qui ne cesse de changer lui aussi. Je suis persuadé depuis longtemps qu’en apprenant encore plus sur les habitudes précises de vie des truites, je deviendrais forcément plus performant à la pêche…Et ce bien plus qu’en m’efforçant à mieux lancer, à fabriquer des dizaines de nouveaux prototypes de nymphes ou à me torturer le cerveau à cherche le meilleur fil ou encore la top soie du 21ème siècle.
Dans la vidéo ci-dessous, on peut observer aussi quelques différences de comportements selon les poissons observés. Certains sont très sereins au gobage, d'autres plus "pressés". Ce tout petit film est le résultat de très nombreuses heures à être derrière un arbre ou un bouquet d’orties. Je le répète, mais toutes les images ont été faites sur des parcours de pêche, rien en réserve. Les passionnés de nymphe à vue qui ont cette habitude de l’approche des truites comprendront un peu mieux que les autres certainement où je me situe parfois par rapport aux truites. Sur une scène, je n’avais qu’à tendre le bras pour toucher le poisson. Des instants uniques remplis d'émotions.
La bande son est plutôt mélancolique. Cela est dû à la triste saison que je viens de passer. Durant le tournage des scènes qui font cette vidéo, j’ai encore trouvé deux poissons morts. D’ailleurs, une seule truite de plus de cinquante centimètres est présente dans mes images. Quand je pense encore à ce que j’avais pu observer l’automne dernier en gros poissons, j’en ai une boule au ventre.
Ne zapper pas avant la fin, c’est un conseil d’ami. Bon visionnage.

L'automne, le Jura, une rivière et ses truites. from Nicolas Germain Fly Shop on Vimeo.