Nous y voilà ! Demain est le grand jour, celui que nous attendons tous avec plus ou moins d’impatience. Le jour de l’ouverture de la truite. Je vous avoue que pour ma part les années ont leur effet sur ce paramètre. L’excitation n’est plus à son comble comme cela pouvait être le cas il y a encore pas si longtemps. Cela ne m’empêche plus de dormir. Mais bien heureusement,  j’ai l’immense privilège d’avoir sous le même toit que moi un jeune homme plein d’envie qui me maintient à bon niveau de motivation. Sans doute que cela serait bien différent sans Thibaut.

Alors samedi, certains n’auront qu’un seul objectif, prendre la première truite de l’année. Et une belle de préférence. D’autres laisseront les poissons de côté encore quelques heures pour profiter des amis. Moi, je vais simplement accompagner mon fils pour partager ce moment-là avec lui. Et si une zébrée daigne se faire blouser dès les premières minutes du jour, alors on pourra être heureux ensemble. Après avoir passé un petit moment en sa compagnie, je me dirigerai vers notre point de rassemblement. Là où nous nous retrouvons tous année après année pour fêter entre amis ce jour pas comme les autres.

Bien entendu, le contexte est ce qui l’est, impossible à éviter, compliqué de ne pas y penser et hors de question de ne pas en parler. Mais j’ai envie malgré cette situation calamiteuse d’être heureux au bord de l’eau, j’en ai vraiment envie et surtout besoin. Quand on veille la rivière d’Ain comme je le fais depuis si longtemps avec autant de passion et d'amour, on passe des nuits agitées et ce très régulièrement. Cela fait 33 ans que je pratique sur cette magnifique rivière et il est évident que je ne reverrai jamais ce que j’ai pu voir. Mais pour mon fils, pour quelques jeunes pêcheurs qui font parti de mon entourage, j’ai envie de conserver un zeste d’optimisme. Je me mens un peu à moi-même de cette façon, mais je ne souhaite pas gâcher à cause d’une morosité permanente les beaux moments que je peux encore vivre avec ces jeunes pêcheurs. Car je pense sincèrement qu’il y a matière à vivre encore des instants magiques à la pêche dans notre Jura. Et, qui plus est en compagnie de mon fils, je ne veux surtout pas passer à côté.

Mais avant de débuter cette nouvelle saison, il va falloir préparer le matériel. Et vous savez comme moi que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Je n’ai rien de prêt ! On verra tout ça ce soir avec Thibaut comme je pouvais le faire avec mon père à l’époque. Mon papa aurait 70 ans tout rond aujourd'hui, il est parti à 48ans...Une éternité...Mon Dieu que j'aimerais vivre une seule fois une veille d'ouverture en compagnie de mon papa et mon fils. C’est si particulier de préparer le matériel en famille pour une passion commune, j'ai des souvenirs fantastiques...

Pour la pêche en elle-même, je vais me mettre réellement à chercher les truites à la première eau basse tout en espérant qu’elle arrive le plus tard possible. Je ne suis pas pressé de prendre un poisson tant que la rivière est bien remplie. Thibaut devrait lui continuer dans la voie de la diversité que ce soit en termes de techniques ou encore d’espèces de poissons. Il a pour objectif de prendre un silure à la mouche. Je lui souhaite de tout cœur. Il ne devrait pas quitter les truites malgré tout, bien au contraire. Mais il cherche et va trouver d’autres pêches durant les périodes d’étiage et surtout lorsque l’eau de la rivière monte trop en température. Il me motivera peut-être à le suivre qui sait. Cela nous permettra de passer encore un peu plus de temps ensemble.

Dans tous les cas, si vous avez comme moi un fils ou une fille, un frère, un père, un très bon ami pêcheur, profitez, car la pêche c’est avant tout ce genre de relation. Une truite n’aura jamais la même valeur dans vos souvenirs si sa capture a été partagée avec un être cher. C’est une évidence ! Je vous souhaite une belle saison de pêche !

La pêche avec mon fils, il n'y a rien au-dessus. (Extrait Seasons 2015).