La fédération de pêche du Jura porte plainte contre X
Par Nicolas39 le jeudi 25 novembre 2010, 12:18 - Gestion piscicole - Lien permanent
Il était temps! Mais mieux vaut tard que jamais...
Bien que je trouve la démarche plutôt tardive pour des évènements datant de juillet, elle a au moins le mérite d'exister. Voici le communiqué transmit à la presse par notre fédération.
Juste une remarque quand même, je trouve dommage que la demande de baisse à trois poissons par jour au lieu de cinq soit appliquée uniquement en parallèle de l'arrêté d'interdiction de pêche sur le secteur pollué. Cette demande, émanant de la majorité des présidents Jurassiens l'était au départ pour la totalité du département .
Mortalité sur la rivière d’Ain , les pêcheurs veulent la vérité
Suite à l’épisode de mortalité piscicole survenu sur la Loue dans le département du Doubs et sur le Doubs frontalier, la rivière d’Ain a également été touchée cet été par un épisode similaire qui a décimé le peuplement piscicole sur plusieurs kilomètres.
Tout a commencé le samedi 24 juillet 2010 lorsque l’Office National des Milieux Aquatiques (ONEMA) est informé de la présence de poissons morts ou mourants sur le secteur de Chatillon/Ain. Les premières constatations sont faites dans l’après-midi, et les agents présents ont pu observer de nombreux poissons morts dont des truites, ombres, chabots et vairons.
Rien d’anormal n’est relevé concernant l’état de la rivière en elle-même. Deux jours plus tard, une descente en canoë du secteur touché par la mortalité est organisée, de Villars/Ain à l’amont de la retenue de Blye.
Sur ce linéaire, la mortalité se concentre sur un secteur d’environ 2 kilomètres. Des poissons morts ont tout de même été observés sur tout le linéaire prospecté, avec au total une cinquantaine de truites, et environ 200 individus de petites espèces (loche franche, vairon, chabot, truite, ombre).
Le mercredi 28 Juillet 2010, les salariés de la Fédération de Pêche du Jura ont réalisé une pêche électrique visant à récupérer des poissons moribonds afin de les faire analyser au laboratoire départemental d’analyses (LDA) du Jura. Au cours de cette pêche, le constat est alarmant puisque 80% des truites capturées présentent les mêmes symptômes que ceux qui ont été observés par l’ONEMA à savoir des yeux opaques ou sanguinolents et des mycoses sur la peau.
Au total ce sont 7 sujets de truite fario, une dizaine de vairons et un chabot qui seront analysés au LDA 39. Les résultats de ces analyses ont été connus le 10 Août 2010. Concernant les vairons et chabot, l’interprétation des résultats conclut à un parasitisme riche et varié, pouvant être mortel si les poissons ne peuvent plus s’alimenter. Pour les truites, le constat est identique, mais il est impossible d’énoncer l’origine des lésions. Suite à ces résultats, il apparaissait très clairement que la mort de ces poissons ne pouvait être imputable à une quelconque maladie. Il fallait chercher ailleurs et l’épisode de la Loue survenu quelques temps auparavant permettait d’émettre une nouvelle hypothèse : celle des cyanobactéries. En effet, ces micro-organismes également appelés « algues bleues » ou « cyanophycées » bien connus pour leurs épisodes de prolifération en lac, peuvent suivant leur nature libérer des toxines dans l’eau.
Le mercredi 11 Août 2010, des prélèvements d’eau brute, de substrats galets et végétaux sont réalisés afin d’effectuer une recherche de cyanobactéries. Trois stations sont échantillonnées : une première en amont de la station d’épuration (STEP) de Montigny/Ain, une en aval du rejet de cette dernière et enfin à Chatillon/Ain. Les conclusions du laboratoire en charge de l’analyse des prélèvements sont connues quelques jours plus tard et sont sans appel.
Il en ressort que l’abondante prolifération de Cyanobactéries du genre Oscillatoria mise en évidence sur les galets de la rivière d’Ain à Chatillon/Ain peut parfaitement expliquer les mortalités piscicoles intervenues. Le tableau clinique de ces mortalités correspond aux conséquences de l’action d’une cyanotoxine sur les peuplements piscicoles.
Il s’agit cependant de se questionner sur les facteurs ayant entraînés cette prolifération. Si les concentrations en nutriments (nitrates, phosphates, …), la température, la lumière sont les facteurs fréquemment avancés pour expliquer ces « explosions », les mécanismes expliquant ces dernières sont encore mal connus, complexes et pouvant être déclenchés par l’effet cumulé de nombreux facteurs ne pouvant provoquer à eux seuls le phénomène.
Néanmoins, les premières analyses ont montré une augmentation significative de ces cyanobactéries entre l’amont et l’aval de la STEP de Montigny, puisqu’elles ont été multipliées quasiment par 7. Mais ce n’est rien en comparaison à la station de Chatillon où a été enregistrée une concentration de 1 089 000 cellules /ml soit 46 fois plus qu’à l’amont de la station d’épuration. L’ingénieur spécialisé qui a analysé les prélèvements de galets et végétaux dans lesquels ont été retrouvées ces cyanobactéries, précise que ce développement anormal est uniquement lié à un excès de phosphore dans l’écosystème concerné. Ce développement a pu être initié par les rejets de la STEP de Montigny, puis a acquis son amplitude maximale sur le secteur de Chatillon. Il s’agit là, selon lui, d’un schéma classique fréquemment rencontré décrivant le mode de prolifération de certaines cyanobactéries.
D’autres analyses ont été réalisées le 26 Août 2010 par l’Agence Régionale de Santé afin d’évaluer le risque pour la baignade et l’abreuvage du bétail. Alors qu’une crue importante était intervenue avant ces prélèvements, la concentration de cyanobactéries sur les galets est passée de 1 089 000 à plus d’ 1 760 000 cellules/ml. Mais aucune toxine n’a été retrouvée dans l’eau sur cette station au moment du prélèvement. Cela n’enlève en rien à la gravité de la mesure, la libération de toxines pouvant intervenir bien plus tard, notamment à la mort des cyanobactéries.
Concernant les poissons, une pêche d’inventaire a été réalisée le 22 septembre 2010 en aval du pont de Chatillon grâce au concours de la Fédération de Pêche du Doubs et de l’Ain. Les résultats sont en cours d’analyse, mais les premiers éléments laissent présager une quasi-disparition de la truite sur la station (environ 1 truite pour 100 m2). Des individus présentant les mêmes symptômes cliniques ont été retrouvés à l’occasion de cet inventaire.
Le 18 Octobre 2010, une seconde pêche d’inventaire est réalisée un kilomètre à l’aval du rejet de la station d’épuration de Montigny. Les résultats n’ont pas encore été analysés, mais seules 138 truites de toutes tailles ont été dénombrées sur environ 300m de linéaire. Pas un seul ombre n’a été observé lors de cette pêche qui s’est cantonnée à échantillonner la rive droite de la station, alors que les plongées de comptage réalisés en septembre 2009 avaient permis d’observer un grand nombre de juvéniles de l’année.
Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, l’association de pêche et de protection des milieux aquatiques « La Truite de l’Ain » et « La Gaule Lédonienne » ainsi que la Fédération de Pêche du Jura ont déposé plainte contre X afin que la lumière soit faite sur cet événement dramatique. Le secrétaire général de la préfecture du Jura précisait, en conclusion de la réunion du groupe de travail « Cyanobactéries dans la rivière d’Ain » du 13 Octobre 2010, qu’on ne peut établir un lien de causalité entre le fonctionnement d’une station d’épuration et la mortalité piscicole observée. Les pêcheurs ne peuvent se contenter de cette réponse de l’administration.
Nous rappelons cependant que sans une prise en compte globale de l’état de délabrement de nos cours d’eau, un événement similaire pourrait très bien toucher à nouveau l’Ain ou d’autres rivières du massif jurassien.
En attendant, la pêche, interdite depuis le 27 août sur les 9km de rivière entre l’amont de la station d’épuration de Montigny et le barrage de Blye, continuera de l’être en 2011.
Et afin de limiter la pression de pêche sur les secteurs encore poissonneux, le quota journalier a été abaissé dans le Jura à 3 truites sur l’Ain, la Bienne et leurs affluents.
Commentaires
C'est une décision mûrement réfléchie...vu le temps de réaction.
'Tain c'est pas gagné!!!!Mais bon faut pas lâcher le morceau
Féru du secteur Chatillon/Blye et vu le bilan énnoncé, je suis partagé entre colère et dégout... Mes photos ne sont donc que des hommages postumes...
le dépot de plainte est effectivement tardif. Mais cette dimnution du cota me semble une décision honorable, et somme toutes conclue assez rapidement.
"Y'as plus qu'a" travaillé sur la qualité du millieu et de l'eau.Bon courage!
IL ETAIT TEMPS!!! mieux vaut tard que jamais!!!!
Mais la tache reste encore longue et difficile!
Faut rien lacher et contineur! aparement ça commence à bouger!!!!
@pere castor : Je vais encore faire mon grincheux, mais c'est quand même la moindre des choses Alain.
Surtout lorsque tu sais, pour l'avoir vécu, que lors de la réunion des présidents d'AAPPMA ont a été plusieurs à souligner ce point (pression de pêche plus élevée sur les sites encore OK) et que la seule réponse de notre président de fédé a été, je cite "Ha oui, je n'avais pas pensé à ce point"
De plus, les 700 pêcheurs qui prennent la carte à la truite de l'Ain (C'est le secteur fermé et pollué) ils vont aller où? Ben la majorité va se rabattre sur la Seille qui est la rivière à truites la plus proche et qui elle, n'est pas comprise pour la baisse du quota journalier. Si le président de gaule lédonienne passe par là, il va te dire comme ça le rend heureux!
De plus, pour la rapidité d'exécution, il fallait juste que toutes les AAPPMA concernées soient ok, et ensuite, c'était un accompagnement à l'arrêté d'interdiction de pêche.
Ben tu vois Alain, y'avait encore au moins une AAPPMA qui était pour garder ses 5 poissons par jour et tout cela a failli capoté!
De toutes façons, on s'attend à être envahis cette année!! Après, cela dépendra aussi de la décision du 25, à savoir si oui ou non, ils vont reconduire l'arrêté interdisant la consommation de poissons.
@jojo de normandie : Pour "suivre" ma rivière depuis très longtemps, je trouve que ça ne bouge que très très peu.
Là, sur cet évènement, on va faire quelques chose, mais pour tout le reste...
Je vais mettre en ligne ce WE une conversation que j'ai eu au bord de notre rivière avec mon copain Charles. Il est né en 1922. Que les techniciens et les élus osent allez lui dire en face que les choses bougent...
@pere castor: Effectivement, j'ai pensé immédiatement à la Seille lors de la proposition de quota à 3 poissons par jour. On en a débattu et le fait que si une seule AAPPMA était en désaccord avec ça, faisait capoter le projet nous a fait réfléchir. Quand on sait de quoi une AAPPMA du secteur est capable de faire, c'est à dire faire signer des baux de pêche à des propriétaires riverains sur nos lots pour raccourcir le nokill, et ils ont réussi. Alors n'imaginons même pas de penser prendre le risque de tout faire rater pour une société qui au lieu de s'occuper de son secteur fait de l'ingérence dans la gestion des AAPPMA voisines, je dis les car ils ont également pris des lots à la Seille Jurassienne. La Seille va souffrir et il va falloir compter avec la surpêche et l'afflut de nouveaux pêcheurs. L'avenir est sombre quand on voit que ce que l'on fait est démoli par des gens qui sont censés défendre les mêmes intérets que nous, ceux de nos cours d'eau. Ce que je ressend? De l'écoeurement face à tant de bêtise humaine, on avance d'un pas et on nous fait reculer de deux. Bravo à la Fédé pour sa position, on se sent moins seuls.
Tout cela est bien vrai .
Quel plaisir a-t-on de garder du poisson?
Comment expliquer l'inertie (sans dire plus!) de nos représentants?
Mais quand même tout ceci n'est qu'un détail.
The BIG PROBLEM est la qualité de l'eau et la malheureusement c'est pas gagné. Que pèsent le lobie des pecheurs (s'il existe)face aux autres lobies?
Ou est passé le grenelle de l'environnement?
Certains espèrent en l'Europe, j'ai connu les maifaits de la politique agricole commune en Irlande, j'y ai peché la truite dans la Suir (région d'élevage intensif, je n'avais jamais vu d'aussi grands troupeaux, bonjour le lisier!)! deux à trois fois par an de 1985 à 1995, ce fut la dégringolade, en moins de dix ans ils nous ont rattrapés, les éclosions ont presque totalement disparues. mais ça il ne faut pas compter sur les magasines halieutiques pour le dire : Bisness is bisness!
@Nicolas :
J'aime bien quand tu fais ton grincheux lol!
dabord , tu connais ma position perso sur le sujet , dailleur notre appma va passer pour 2011 à une maille a 40cm avec toujours une seul truite par jour
Maintenant, que les aappma Jurasienne est eut besoin de batailler pour obtenir cette mesure , je n'en doute pas une seconde !
Une fede n'est pas une instance indépandante, elle fédère les AAPPMA, donc en prenant cette mesure sous votre pression elle démontre que ça fonctionne cqfd .
Maintenant malgré le fait que cette mesure pour l'instant ne s'étend pas sur la totalité du jura,
1 Elle s'applique sur deux bassins qui représente une surface non négligeable.
2 Contrairement a l'interdiction de pêche sur les baux de la truite de l'Ain, cette mesure a peut de chance d'être remis en cause dans les années avenir;-)
3 Si vous y travaillez bien, cette mesure pourais dans les années a venir etre apliquer sur la totalité du jura (Thierry va surement faire ce qu'il faut pour que vous y arriviez assez rapidement )
Le département du Jura est donc susebtible a terme de devenir un département ou le nombre de prise de sallmonidés autorisé par jour est ll'un des plus faible de france .
Pour toutes ces raisons, cette mesure de départ n'est pas anodine et doit etre souligné comme une mesure éxemplaire initié par un groupe d'APPMA Jurassienne qui s'organise pour défendre la protection des milieux aquatiques.(a suivre)
Bon courage
Alain
J'aime bien ton acharnement , c'est un très rude combat pour commencer et bon courage
ça me fait de la peine que j' ai pas pu, je crois depuis le mondial 2002 aux Vosges malgré mon handicap
Maintenant, je n' ai qu'une phrase de quoi réveiller et rendre mécontents les endormis " Tout va très bien , l' eau est potable , buvable " . ça marche pô .
bravo les jeunes ne lachez rien battez vous contre ces viandards qui se croient en 1900 ou les poissons etaient en grand nombre dans nos belles rivieres de France mais que font les prefets qui sont au courant de toutes les pollutions ils sont pourtant payes grassement pour defendre le patrimoine non??? amicalement a vous tous un papie de 72ans passione par l eau
On va en parler demain matin, c'est l'AG de la Gaule Lédonienne au centre social de Lons à 9h, avis aux amateurs.
Bon courage à Nicolas39
je suis comme vous et je pense que l'on peut encore réagir et aretté d'etre fataliste meme si la polllution constatéesur mon petit cours d'eau jurassien me laisse un gout amer dans la bouche à moins de 20 jous de l'ouverture de la truite.Jespère que nous n'aurons pas d'apparition de cyanobactérie sur notre cours d'eau cet été meme si tout est réunie pour connaitre le meme scenario que la rivière d'Ain.
Bon courage à tous et bonne ouverture 2011 malgré tout.