Un môme et la pêche.
Par Nicolas39 le vendredi 16 avril 2010, 21:24 - Divers - Lien permanent
Cette histoire est une histoire vraie. Tout commence il y a environ 35 ans avec la naissance d’un petit garçon, dont le papa et le grand-père étaient pêcheurs.
Le lien entre ce gosse et la pêche a mit du temps à naître. Cela est certainement du au fait qu’il a vécu en ville les premières années de sa vie. Il pêchait néanmoins tous les ans, lors des vacances estivales. C’est son père qu’il l’amenait le long des cotes pour pêcher les dorades et les mulets en Méditerranée pendant que la maman se faisait bronzer. Le gamin, qui avait 5 ou 6 ans, adorait ça. Il a prit ses premiers poissons avec un bout de fil, quelques plombs, un hameçon esché d’un morceau de ver marin appelé esque. Il s’amusait des heures entières à essayer d’attraper ces petits poissons de roche et les crabes qui, il faut le dire, n’étaient pas bien malin.
Puis, un événement important a un lieu, qui a sûrement conditionné toute la suite de l’histoire de ce petit garçon, il a déménagé. Les parents de l’enfant ont décidé de venir vivre dans un petit village situé non loin d’une très belle rivière bien connue des pêcheurs. Bien sur, ce n’était la raison du déménagement, mais en tout les cas, il a eu pour effet de redonner envie au papa de retourner plus régulièrement à la pêche en eau douce…
Du coup, le môme, qui avait un peu plus d’une dizaine d’années, eu soudainement envie de suivre son père sur cette belle rivière. Il avait beaucoup de chance, car son papa était d’une patience sans limite. Il lui a d’abord apprit à pêcher au ver de terre, plus particulièrement à l’eau forte. Il tenait cela de son père déjà. Par contre, le gosse, éternel insatisfait, voulait tout faire, il souhaitait aussi pêcher à la cuillère, au vairon, à la bête etc…
Mais c’est bien au ver de terre qu’il va prendre sa première truite de taille. L’eau était assez forte et il pêchait au ver roulé, la touche est intervenue, se faisant sentir dans le bout du scion de son petit lancer. Il s’est souvenu à ce moment là, qu’on lui avait conseillé de compter jusqu’à trente et de ferrer, il a appliqué à la lettre ces consignes et la truite fût prise ! Elle faisait un peu plus de 30 cm, il l’a ramené à la maison en étant tout fier de lui. Les prises, toujours au ver s’enchaînaient à petit rythme et dans la difficulté par la suite. Les tentatives aux autres modes de pêche étaient à ce moment là un échec total.
Un soir de mois de juin, alors qu’il allait tenter de faire monter son premier poisson sur ses perdrix en lançant son bulle d’eau, il assista à un spectacle qui allait changer sa vie de pêcheur…
Devant lui, légèrement dans l’eau, il y avait un pêcheur avec une canne dans une main et un bout de ficelle dans l’autre. Il actionnait son bras droit pour faire virevolter dans les airs cette sorte de ficelle de couleur verte. Il a trouvé cette gestuelle magnifique ! Ce soir là, le gamin n’a pas pêché, il a regardé…
Pendant le chemin du retour, il a dit à son père qu’il voulait pêcher comme le monsieur qu’il avait vu, qu’il voulait pêcher au fouet. Son père lui a répondu qu’il l’amènerai voir un copain et qu’il pourrait certainement lui apprendre à tenir un fouet.
La rencontre avec le copain du papa s’est faite rapidement car il habitait le même petit village. Il était au courant qu’un petit garçon de 12 ans à peine allait venir le voir. Il avait préparé une canne avec un moulinet et une soie, c’était une Kunan en 9 pieds. Une fois les présentations faites, le gosse assistait de suite à la démonstration de lancer avec les conseils qui allaient avec, cela n’avait rien à voir avec le pêcheur vu quelques jours auparavant à la rivière, c’était beaucoup plus fluide, tellement simple...
La rencontre a du durer une petite heure, le gosse est reparti chez lui avec la canne qui lui a été offerte et un rendez vous fût fixé au lendemain en début d’après midi.
Le lendemain matin, le môme n’est pas allé à l’école comme habituellement le samedi matin, il avait demandé à son père de pouvoir s’entraîner à lancer avec sa nouvelle canne avant que son nouveau "professeur" ne vienne le chercher pour aller à la pêche. Le papa du petit garçon avait dit oui, cet homme était adorable et un véritable amour de papa.
Après s’être cassé le bras à essayer de lancer correctement la soie, il était l’heure de partir pour une sortie de pêche avec ce nouveau compagnon qui en faite, était la première d’une très longue série…
Cette sortie s’est déroulée sur un tout petit cour d’eau, dans une ambiance très père/fils. Ce jour là est resté gravé à jamais dans la tête du petit garçon, il y pense encore souvent aujourd’hui. Non pas parce qu’il a prit sa première truite à la mouche, mais parce est née une relation pas comme les autres. Ce ""professeur" est vite devenu un deuxième père.
La pêche était devenue omniprésente dans l'esprit du gamin, il avait arrêté toutes les autres activités pour se concentrer uniquement à sa passion. En plus de la mouche, les prises se multipliaient, que cela soit au vairon, au bulle d’eau ou aux larves naturelles également. Il était heureux est fier de pouvoir ramener des poissons à qui en voulait pour leur faire plaisir.
Il y a eu une période assez noire dans la vie de ce gosse, une période où les parents se soucient plus de leur problème, où l’alcool a fait des ravages destructeurs dans cette famille. Le gosse n’a jamais autant pêché qu’a ce moment de sa vie.La pêche était pour lui le petit bout de ficelle sur lequel il est resté accroché de longs mois. Il a même un peu dérivé, car il a vendu ses poissons pour se faire de l’argent de poche, ou pour échanger contre un bon steak à la boucherie du village car la maman avait "oublié" de faire les courses. S’il a su passer ces moments difficiles de sa vie, c’est uniquement grâce à la pêche et à rien d’autre, grâce à cette passion, grâce à cette rivière qu’il aimait tant…
A l’adolescence, alors que le môme devenu ado vivait maintenant uniquement avec son père, un autre évènement allait encore l’aider à assouvir sa passion. Son papa, au lieu de lui trouver une mobylette comme les papas des petits copains, lui ramena un jour une petite voiture sans permis. Comme son père n’était pas maladroit en mécanique, il lui installa un moteur de 125 cm3 dessus ce qui n'était pas négligeable! Le mioche était aux anges, il se voyait déjà aller pêcher à droite et à gauche comme bon lui semblerait.
Effectivement, et alors qu’il en était à sa 5ème saison de pêche à l’âge de 16 ans, il pouvait aller seul dans ces endroits que son professeur de pêche à la mouche lui avait montrer lors de sorties communes.
Le gosse, pardon, le jeune homme, pêchait de plus en plus à mouche, toujours un peu de vairon et quelques parties de pêche au ver de terre avec son grand-père. Il avait énormément de plaisir à pêcher avec lui.
A ce moment là, tout les poissons prit qui faisaient la taille légale étaient conservés. Rien ne repartait à l’eau, que cela soit les truites ou les ombres, qu’ils soient prit à la mouche ou à autre chose. Je vais d’ailleurs vous raconter une partie de pêche dont le gosse se rappelle encore à mon avis.
C’était la mi-avril, un vrai temps de chien, froid, avec de grosses giboulées de neige. Le gamin était monté en amont de sa rivière, il y était allé avec sa petite voiture. Sur ce parcours, seule la mouche sèche était autorisée avant l’ouverture de l’ombre. A peine arrivé sur place, il y eu une éclosion en masse de petites olives. Toutes ces mouches mêlées aux gros flocons de neige ont rendu les truites fines folles ! Des gobages par dizaine ! Le gamin enchaînait les prises de belles tailles, il fallait changer de mouche souvent pour garder une bonne flottaison. Plus le temps passait, plus les doigts avaient du mal à bouger, le froid et le fait qu’ils soient souvent dans l’eau les paralysaient. Après deux petites heures de pêche, il avait ses huit truites, il avait fait le plein. C’est ainsi que se passait la pêche dans le temps…
Il y a eu deux évènements majeurs dans la vie de ce gosse, ses deux papas sont décédés dans un intervalle de 18 mois. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il a failli arrêter la pêche à ce moment là, mais ça n’a plus jamais été pareil, plus jamais…
Et puis la vie continu, le gamin est devenu un homme, il a rencontré la femme de sa vie, avec qui il a eu des enfants, dont un fils. Cette naissance lui a redonné la vigueur qui était partie quelques années plus tôt. Dorénavant, il pêche surtout pour son gamin, il lui redonne ce que son père, ce que son grand-père, ce que son deuxième papa lui ont donné pendant toute son enfance….Il lui apprends aussi à ne pas faire les bêtises qu'il a fait plus jeune, il lui apprend à relâcher ses truites.
L’histoire de ce môme, vous l’avez deviné, c’est la mienne. La pêche, c’est toute ma vie, l’eau de ma rivière est aussi vitale que le sang qui coule dans mes veines, le fait que mon fils suive mes pas me rempli de fierté. J’espère que cette histoire durera encore de longues années…
Commentaires
Que dire sinon: 35 ans déja?
Aussi beau que du Norman McLean...
Quelle chance de partager la passion avec son fils !
A+
Respect.
Tu comptes aussi jusqu'à 30 en nymphe?
que beau recit que tu viends de nous comter, la mon ami ton gamin c est sur il est sur tes traces , un bon gamin jvous dis, oui un bon gamin amitiees
Franchement Nico, tu fais chier, je viens pas sur ton blog pour pleurer, bravo....................
Elle est émouvante ton histoire Nico. C'est l'histoire de la vie pleine de découvertes, certaines se posent comme une mouche sur l'eau, certaines t'arrivent dans la gueule et te foutent quasi par-terre, mais la pêche est toujours là, c'est pour ça aussi qu'on aime tant pêcher, ça permet de décrocher un peu quand ça va pas trop...
Très beau récit Nico, j'ai les yeux plein de larmes...
J'espère que tu auras encore plein de pages à écrire à l'histoire de ce petit garçon devenu un grand monsieur.
Merci pour ce beau récit. C'est vraiment quelque chose de particulier une partie de pêche avec son père, merci de l'avoir si bien raconté!
Allez donc savoir pourquoi on va confier ses états d'âme au fil de l'eau, allez donc savoir ......
Nico merci pour ce moment que tu nous as offert, c'est un bien beau cadeau que tu nous fait là !
Ton fils est un privilégié.
Il n'y a rien à ajouter, l'histoire se suffit à elle même, je suis ému aux larmes, bravo.
un récit qui fait remonter des souvenirs.......
tien,une larme...beau et émouvant
merci l'ami....
Si j'étais pas un homme Corse...Je dirais que c'est très émouvant...
PS: Se servir de son gamin pour assouvir sa passion, c'est pas très sport...
ti ringraziu è à prestu...
émouvant...sniff. Et la FTFF ça vous dit pas de refaire un film??? On a un scénario d'enfer là !!!
Même si elle a pas été toujours facile, elle est belle ton histoire Nico longue vie à vos parties de pêche toi et ton fils... merci pour ce récit très touchant.
Bonjour Nicolas,
Je confirme ce que t'a dis André, tu es vraiment un bon gamin.
à quand le premier livre?? merci pour ces émotion partagées avec toujours autan de simplisité, le ptit et sur de bonnes traces.merci et respect!
Ça m'empêchera pas de lui casser le bras à ce môme si il continue comme ça...
Le glampion, c'est l'glampion !
et mini-Glampion, c'est le mini-glampion !
Merci pour cette belle histoire de ta passion et de 35 ans de ta vie.
J'ai aimé le passage de la voiture sans permis tu vois pourquoi Nico
Avec toute mon amitié
Ludo
35 ans T es pas tout jeune quand meme!!!
Amitiés
@Franck : 36 dans 1 mois!
Très très belle histoire...
Comme quoi, la passion nous amène à réagir aux turbulences de la vie , à les maitriser et à continuer à les vivre avec encore plus d'engouement de courage et force !
Quand on aime passionnément une chose, quelle qu'elle soit on est déjà sur une bonne voie, après les petits travers sont plus faciles à rectifier!!!
Bon fils vous avez été, bon père vous êtes, c'est d'une logique tout ceci!!
Bonne continuation !
A travers ce récit, je comprends mieux toute la beauté et la sensibilité qui transpirent à travers vos vidéos....
Moi aussi la nature m'a toujours aidé à surmonter les moments difficiles...Il n'y a rien de plus beau !
Merci de partager ces moments.
Bravo pour ce récit Nico, sincèrement.
C'est grand.
J'étais passé à coté de ce billet.
Déjà qu'il pleut tout le temps en plus avec des larmes dans les yeux comment veux-tu que j'arrive à choper une truite en sèche.
Pour pleins de raisons je m'immerge dans ton récit. Tès poissons ne sont peut-être pas toujours les plus gros mais coté coeur tu es sans conteste hors concours.