Il y a des scènes de pêche qui donnent nettement plus envie que d’autres d’être raconteés. Samedi dernier, alors que j’étais à la pêche sur un parcours bien connu de la haute rivière d’Ain dans sa partie très amont, il m’est arrivé quelque chose de rare, voir d’unique, quelque chose qui vous donne l’envie de le partager par écrit. Vous pouvez checker la date du jour sur votre calendrier, le 1er avril est bien loin. Vous êtes donc en droit de lire cette histoire avec le plus grand sérieux. 
Comme c'est le cas un week-end sur deux, j’étais « bloqué » à la maison pour gérer nos trois enfants car ma chérie était au boulot. Elle était du matin samedi dernier. Du coup, lorsque les 14h30 sont arrivés, j’étais un tantinet dans les starting-blocks pour rejoindre ma belle rivière. C’est déjà bien tard pour débuter une partie de pêche, mais je prends ce que l’on me donne et profite de chaque instant. La météo ce jour là était bien remplie de gris mais sans intempéries. Un vent soutenu soufflait d’où le choix de mon parcours. Il est important une fois de plus de bien connaître sa rivière pour choisir le parcours idéal selon les conditions du moment. Quatre voitures présentes sur le linéaire, mazette, ça sent la fin de la saison ! Les pêcheurs reviennent au bord de l'eau, on en voyait presque plus ces dernières semaines. Tant pis, parfois je change de spot uniquement pour cette raison, mais là, je n’ai pas assez de temps devant moi, je reste là. Je suis allé directement tout à l’aval du parcours, personne sur les lieux, génial ! Les mecs devaient être plus haut. Bref, je me suis mis à observer tranquillement ce qui se passait autour de moi. Assez vite, j'ai compris que j'allais vivre un de ces instants magiques que la rivière vous donne de temps en temps. Le plafond bas avait provoqué une éclosion fantastique de petites olives. Malgré un niveau d’eau extrêmement bas et un fond colmaté en partie, les mouches étaient très nombreuses sur la surface de l’eau. Bien entendu, les nombreux poissons du parcours ne se sont pas fait prier. Ils en ont profité pour assouvir leur faim. Truites et ombres sont à table, petits et gros. L’ombre est protégé par arrêté préfectoral sur la haute rivière d’Ain depuis très longtemps. Sa pêche est donc interdite. Je suis habitué à faire la sélection, que cela soit sous l’eau ou en surface. Bien sur, il arrive de commettre des erreurs. La plupart du temps elles se font en mouches sèches. 
Mais là, je faisais vraiment bien attention. Même pour pêcher en sèche, je tentais à chaque gobage de m’approcher au plus près du poisson pour l’identifier et donc le pêcher ou pas. Une truite, deux, puis trois. Je vivais un instant merveilleux de pêche en sèche. De plus, elles n'étaient guère sélectives. Un moment d’euphorie en quelque sorte. Il faut profiter dans ces cas là, c’est tellement rare. Et puis, les heures passèrent. L’éclosion perdit de sa superbe, les mouches se firent bien plus discrètes. Les poissons étaient par contre eux toujours dehors sur les gravières, certains encore actifs mais uniquement sous l’eau cette fois-ci. C’était le moment d’allonger la pointe et de passer en nymphe pour finir cette belle partie de pêche en nymphe à vue. J’ai bien eu du mal à leurrer mes premiers poissons sous l’eau tant ils étaient compliqué à faire « croquer ». Seule une petite vautour à tête dorée m’a valut quelques prises, à l’ancienne quoi. Puis finalement, je suis arrivé sur une zone à peine plus rapide, mais vraiment à peine étant donné le courant très faible du jour. Devant moi, une rangée de saules en berge opposée me laissait deviner des formes sous les branches. Dans ces formes, une plus imposantes que les autres, toujours celle qui attire au final. J’étais certain d’avoir devant moi un très joli poisson. Le coup n’était toutefois pas simple du tout. En fait, je ne pouvais pas présenter ma nymphe dans l’axe du poisson, mais 60-70cm au mieux sur la gauche de celui-ci. Qui ne tente n’a rien. J'ai posé bien en amont en ayant l’idée de faire une animation très marquée en la débutant un bon mètre en amont du poisson. La dérive s'est effectuée comme je le souhaitais. Animation pile poil au bon moment. Le poisson s'est décalé lentement mais de façon instantanée des 70cm sur sa gauche comme je l’avais imaginé. Arrêt du poisson encore dans l’ombre du saule. Ferrage immédiat. Le poisson était pris au piège que je lui avais tendu malheureusement pour lui. Magnifique ! Aux premiers coups de gueule, de grands éclats brillants se sont fait connaître au fond de l’eau. Merde ! C’est un ombre ! Impossible de le savoir ou mêm de le deviner tant le poste occupé par ce poisson correspondait à celui d’une truite. Je l'ai filoché au plus vite pour le décrocher et le remettre à l’eau immédiatement. Mais dès la mise à l’épuisette, je me suis rendu compte que j’avais capturé là une nouvelle espèce d'eau douce ! Mon Dieu qu’il est joli. Cet ombre était moucheté comme une truite voir plus. Je venais de capturer mon premier truiombre ! Pour être plus sérieux, ce poisson est vraiment magnifique. Comme sorti de l’imagination farfelue d’un pêcheur passionné. Je n’avais jamais pris un ombre avec une tête pareille par le passé. Il a donc fallu qu’exceptionnellement je fasse une photo pour l’immortaliser.
La pêche est toujours aussi indécise même après tant d’années de pratique. Chaque jour passé au bord de l’eau peut nous apporter des expériences extraordinaires. J'en ai vécu une samedi dernier, vivement la prochaine.

Il est pas joli ce poisson ???

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